Véhicule électrique : la commande de La Poste suffira-t-elle à amorcer la pompe ?

Par Dominique Pialot  |   |  568  mots
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La plateforme « véhicules décarbonés », qui visait initialement 100.000 véhicules, a finalement abouti à 23.000 commandes fermes passées en décembre 2011 à Renault et Peugeot. Et la problématique des infrastructures reste entière.

La semaine dernière, à quelques heures d'intervalles, la Chevrolet Volt de General Motors (avec sa jumelle l'Opel Ampera) était désignée « voiture de l'année » avant que le constructeur annonce la suspension de sa fabrication. En cause, un manque de clients pour un modèle jugé trop onéreux (prix). Le prix reste en effet l'un des principaux freins à l'essor de la voiture électrique. Surtout rapporté à l'autonomie de la batterie (maximum 150 kilomètres aujourd'hui) et à la difficulté de « faire le plein » faute d'une infrastructure suffisante en bornes de recharge.

D'où l'initiative de l'Etat français, dont le plan « véhicules décarbonés » prévoit deux millions de véhicules sur les routes d'ici à 2020, d'une première commande groupée destinée à « amorcer la pompe » pour rompre le cercle vicieux d'un marché insuffisant pour justifier des investissements massifs, de véhicules trop chers et de manque d'infrastructures. a confié au une missions. En janvier 2009, dans la foulée du Grenelle de l'Environnement où il avait contribué au groupe de travail dédié au véhicule propre, le Président de La Poste Jean-Paul Bailly s'est vu confier le soin d'organiser et de fédérer les commandes d'utilisateurs de flottes automobiles, entreprises publiques, privées, collectivités locales et Etat. Avec 50.000 véhicules, l'entreprise qu'il dirige possède la flotte automobile captive française la plus importante, utilise depuis plus d'un siècle des véhicules électriques.

23.000 commandes fermes passées en décembre 

Il a fallu aux dix-neuf partenaires* ainsi réunis 1.000 jours pour un cahier des charges commun et se constituer en groupement de commandes avec l'aide de l'UGAP (la centrale des achats publics) et établir. Ce sont finalement 23.000 véhicules Renault Z.E et Peugeot i-ON (fabriquée par son partenaire Mitsubishi) qui ont fait l'objet d'une commande ferme en décembre dernier, dont 10.000 pour La Poste. Parmi treize industriels, les deux constructeurs nationaux sont en effet sortis vainqueurs de l'appel d'offres.

Certes, il s'agit là d'une première tranche, mais on est loin de l'objectif symbolique et ambitieux initial, qui prévoyait 100.000 véhicules. Pour maintenir la dynamique, l'UGAP et La Poste, accompagnés de l'Avere (Association du véhicule électrique), ont entamé un tour de France pour présenter leur démarche, qui passe notamment par les douze collectivités territoriales, qui, avec Renault et PSA, se sont engagées en avril 2010 sur le déploiement d'infrastructures de recharge dédiées aux véhicules électriques et hybrides.

Pas assez de bornes de recharge

Car ce point reste un sérieux obstacle sur la route de la voiture électrique ou hybride rechargeable. Pour les particuliers, bien sûr, qui craignent la « panne sèche » en l'absence de maillage suffisant en bornes de recharge. Mais aussi pour les entreprises, qui devront assumer le coût d'un équipement capable de recharger de nombreux véhicules différents, et la problématique de recharges simultanée, potentiellement coûteuse et émettrice de CO2. Dans le cadre des investissements d'avenir, La Poste a d'ailleurs déposé avec ERDF un projet de recherche visant à modéliser et simuler le pilotage de sa flotte.
*Aéroports de Paris, Air France, Areva, Bouygues, Communauté urbaine de Strasbourg et de Lyon, Conseil Général de Seine-Saint-Denis, Darty, EDF, Eiffage, France Telecom Orange, GDF Suez, La Poste,Nantes Métropole, RATP, SAUR, SNCF, Suez Environnement, SPIE, UGAP, Veolia et Vinci.