L'Allemagne à la peine dans l'éolien offshore

Par Dominique Pialot  |   |  416  mots
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Etudié de près, notamment par la France, comme exemple de transition énergétique, notre voisin allemand, qui affiche de grandes ambitions en matières d'éolien marin, connaît quelques déboires. Des mésaventures dont les Français pourraient tirer des enseignements.

L?éolien offshore tient une place importante dans le "tournant énergétique" ( Energie Wende) qu?a entamé l?Allemagne en décidant, il y a un peu plus d?un an, de sortir du nucléaire d?ici à 2022. Ce sont 10 gigawatts (l?équivalent de sept à huit centrales atomiques moyennes) qui devront provenir des vents marins d?ici à 2020, contre environ 200 mégawatts déjà installés. Premier marché mondial pour le solaire avec 26 GW installés à fin 2011, le pays manque d?espace pour que l?énergie du soleil continue à croître au rythme des dernières années, et plus encore pour l?éolien terrestre. L?éolien marin est donc une pièce maîtresse du dispositif, pour un pays qui vise 35 % d?énergies renouvelables en 2020 et 80 % en 2050.

Une facture de 30 milliards d'euros pour le réseau électrique

Cela nécessitera la construction de lignes à haute tension entre le Nord du pays, où doivent être construites la plupart des fermes éoliennes marines prévues, et le Sud, où se situe l?essentiel de la consommation. C?est l?une des raisons qui font grimper à plus de 30 milliards d?euros l?estimation de la facture pour le renforcement et l?allongement des réseaux électriques.

Le chantage de RWE au gouvernement

Mais avant même d?en arriver là, il semblerait que le raccordement au réseau national soit plus compliqué que prévu. Plus long, en tous cas. Un retard qui avait d?ailleurs été invoqué par l?équipementier Siemens pour expliquer ses résultats médiocres fin 2011. Ayant sous-estimé les difficultés techniques de cette opération, le géant allemand en avait été quitte pour une pénalité de 500 millions d?euros.

Un retard qui pousse aussi maintenant RWE, numéro deux de l?énergie allemande derrière E.ON, à réclamer des dédommagements au gouvernement allemand, sous peine d?aller construire ses fermes éoliennes en Angleterre. Son patron Peter Terium a en effet expliqué ce lundi dans un entretien au magazine Der Spiegel que la rentabilité des projets se trouvait menacée par ces retards.

Difficultés de financement

Même Allianz, qui finance par ailleurs de nombreux projets solaires ou éoliens à terre, se tient pour l?heure à distance de l?éolien en mer.
De quoi faire réfléchir les acteurs français, mobilisés entre deux tranches d?un appel d?offres qui doit à terme permettre au pays de s?équiper de quelque 6.000 mégawatts au large de ses côtes.