Veolia et Suez, deux géants ébranlés par les mutations du marché des déchets

Par Agathe Machecourt  |   |  412  mots
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De nombreux concurrents ainsi qu'un marché en pleine évolution pourraient pousser Veolia et Suez, en perte de vitesse sur le secteur du traitement des déchets, à repenser leur positionnement sur ce marché. Explications.

Une révolution silencieuse s'opère sur le marché des déchets. Les deux acteurs autrefois hégémoniques font face aujourd'hui à de nouveaux défis : la position de Suez et Veolia est notamment de plus en plus ébranlée par "des acteurs de seconds rangs", selon une étude du groupe Xerfi publiée mercredi. Le rapport "Le marché de la gestion des déchets" cite Pizzorno, Nicollin, Coved, Urbaser, Séché mais aussi Derichebourg ou Paprec comme étant les opérateurs sur lesquels "il faut dorénavant compter".

Les chiffres sont éloquents. Le taux de résultat opérationnel de la filière "propreté" de Veolia est passé de 7,9 % en 2007 à 3,7 % en 2011. Suez Déchets Europe affichait de son côté un taux de 6 % en 2011, contre 8,3 % en 2007.Une tendance qui touche l'ensemble du panel étudié par Xerfi puisque selon le rapport, le taux de marge opérationnelle de ces sociétés a perdu 1,6 point depuis 2004 à 5,1 % en 2011.

Contexte morose, revalorisation du SMIC et concurrence accrue

Trois éléments impactent le secteur, selon Xerfi : la faible croissance économique, qui s'ajoute à la baisse du volume de déchets industriels et ménagers depuis quelques années ; l'augmentation des coûts de production avec la hausse des prix du carburant et la revalorisation du SMIC alors que les salaires pèsent 30 % des coûts du secteur ; et la difficulté grandissante de renégocier les tarifs avec l'arrivée de concurrents directs. Résultat : "le taux de résultat net de la profession ne devrait se redresser que très légèrement d'ici à la période 2014-2017, tout en restant en dessous des niveaux d'avant crise".

Le recyclage, nouvelle poule aux ?ufs d'or ?

Par ailleurs, le Grenelle de l'environnement vise à une réduction de 15 % des déchets destinés à l'enfouissement. Un enfouissement devenu plus difficile qu'auparavant pour les sociétés de traitement des déchets, étant donnée notamment la réticence des riverains et des associations à accueillir dans leurs quartiers des centres d'enfouissement ou des usines d'incinération. Le recyclage devrait, en revanche, prendre une place de plus en plus importante dans ce marché. Même si, à moyen terme, "l'incinération et l'enfouissement des déchets ne sont pas près de disparaître", prévient l'étude, qui explique que le recyclage ne peut éliminer entièrement les déchets. De nombreux défis à relever s'imposent donc aux entreprises de traitement des déchets, dans un marché rentable mais en pleine évolution.