Solaire : un front européen contre les importations chinoises

Par Dominique Pialot  |   |  482  mots
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Le PDG de SolarWorld, fabricant allemand déjà à l'origine des taxes à l'importation imposées par les Etats-Unis aux fabricants chinois, a pris la tête de EU ProSun. Ce groupement d'industriels européens appelle Bruxelles à « ouvrir une enquête sur les pratiques commerciales déloyales des fabricants chinois de produits solaires. »

Les menaces du ministre allemand du Commerce exprimées lors d'un entretien télévisé le 19 juillet dernier ne sont pas restées lettre morte. Il avait alors évoqué la possible ouverture d'une procédure pour concurrence déloyale. Jeudi 26 juillet, c'est une vingtaine d'industriels, regroupés au sein de EU ProSun, dirigé par le PDG de SolarWorld, Milan Nitschke, qui en a pris l'initiative auprès de Bruxelles.

La Chine brandit la menace du renchérissement des coûts

En réaction, les quatre principaux producteurs chinois de panneaux photovoltaïques ont appelé le gouvernement chinois à engager le dialogue avec l'Union Européenne. Ils brandissent deux arguments principaux, déjà entendus lorsque les Etats-Unis ont décidé d'instaurer des taxes anti-dumping sur les importations de cellules et modules chinois. D'une part, ils rappellent que dans une chaîne d'approvisionnement complexe, chaque continent a un rôle à jouer, et des composants américains ou européens entrent dans la composition des panneaux chinois. En 2010 et 2011, le leader mondial Suntech se serait ainsi procuré pour plus de 600 millions d'euros d'équipements et de matières premières auprès de fournisseurs européens.

Surtout, ils mettent en garde contre une hausse des coûts de l'énergie solaire dans les pays importateurs, donc du développement des énergies renouvelables, et des emplois dans les secteurs concernés.

"Des taxes punitives et une vision de court terme"

Fondée début 2012 "pour préserver le libre-échange au sein de la filière solaire européenne", l'Alliance pour une énergie solaire accessible (AFASE), qui regroupe plus de 70 entreprises représentant l'ensemble de la chaîne de valeur photovoltaïque representant un chiffre d'affaires de 7,5 milliards d'euros, avait déjà développé ces arguments lors du salon Intersolar de Munich en juin dernier. A l'annonce de cette initiative des fabricants européens, ils se sont à nouveau élevés "contre toute introduction de taxes douanières punitives au sein de l'UE".

Selon le ministère chinois du Commerce, la baisse des prix des panneaux photovoltaïques est due au prix du polysilicium, tombé de 300 dollars le kilo en 2008 à 30 dollars le kilo actuellement, ainsi qu'aux progrès techniques et aux économies d'échelle réalisées par la filière chinoise. "C'est pourquoi considérer qu'il existe un dumping de cellules photovoltaïques chinoises est sans fondement", selon un communiqué posté sur le site internet du ministère.

"Cette plainte anti-dumping reflète une vision de court terme et un manque total de discernement puisqu'elle reviendrait à faire porter par l'ensemble des industriels du secteur une initiative malheureuse prise par une poignée d'entre eux" affirme Till Richter, directeur général de la compagnie solaire Allemande Richter Solar. Il s'étonne par ailleurs que le groupement EU ProSun ne rassemble que 20 entreprises alors que l'Association de l'industrie solaire Allemande BSW chiffre à environ 10 000 les entreprises allemandes du secteur...