L'éolien et le solaire français poursuivent leur dégringolade

Par Dominique Pialot  |   |  571  mots
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Les derniers chiffres de raccordements de projets solaires et éoliens rendus publics lundi montrent que la situation continue de se dégrader en France. Mais il semblerait que dans le photovoltaïque des projets s'envisagent hors appels d'offres et tarifs de rachat.

Lundi, le syndicat des énergies renouvelables (SER) a fait part de son inquiétude au vu des chiffres de raccordements à ERDF de fermes éoliennes et centrales solaires réalisés au troisième trimestre 2012.

Rien de surprenant en ce qui concerne l'éolien, où la tendance au ralentissement est entamée depuis maintenant deux ans. Alors qu'il faudrait, pour atteindre l'objectif du Grenelle de 19.000 mégawatts (MW) de capacité installée à l'horizon 2020, raccorder en moyenne 1.400 MW par an, on en est à seulement 500 MW depuis début 2012, soit 46 % de moins que sur la même période de 2010 et 33 % de moins qu'en 2011.

Les assouplissements réglementaire dans l'éolien suspendus à la décision du Sénat

En cause, une trop grande complexité administrative et de multiples contraintes qui ralentissement le montage des projets, deux fois plus long en France qu'en Allemagne par exemple. Mais aussi, depuis plusieurs mois, une épée de Damoclès au-dessus du tarif de rachat, qui pourrait être déclaré illégal faute de notification à la Commission européenne.

Sur le premier point, plusieurs assouplissements (suppression des zones de développement éolien et de la règle « des cinq mâts » qui impose une taille minimale aux nouveaux projets) ont été inclus à la proposition de loi Brottes sur l'énergie. Mais le Sénat en a repoussé l'examen en raison des conditions (de nuit et en présence d'une poignée de députés verts) dans lesquelles cette proposition avait été adoptée à l'Assemblée nationale. Et il n'est pas du tout acquis que ces amendements, considérés comme certains comme anecdotiques en comparaison d'autres sujets tels que la classification des fermes éoliennes en ICPE (installations classées pour l'environnement) ou encore le coût et les délais de raccordement, soient in fine votés par le Sénat.

Quant à la sécurisation du tarif de rachat, réclamée par la filière au motif que l'incertitude juridique dissuade les investisseurs, il n'en est toujours pas question.

Fin des projets solaires d'avant-moratoire

Côté solaire, seuls 134 MW ont été installés au cours du troisième trimestre, soit une baisse de 47 % par rapport au deuxième trimestre. Ce ralentissement reflète l'arrivée à échéance des projets signés avant le moratoire de décembre 2010 et qui avaient donc bénéficié des tarifs de rachat antérieurs.

Selon le SER, les conditions actuelles (lenteur de mise en ?uvre des appels d'offres pour tous les projets supérieurs à 100KW et baisse « trop brutale » des tarifs pour les plus petits) ne favoriseraient pas les nouveaux projets.
Le syndicat des énergies renouvelables (SER) demande donc au gouvernement d'accélérer les mesures d'urgences évoquées par la ministre de l'Ecologie lors de la Conférence environnementale des 14 et 15 septembre.

20.000 mégawwats prévus dans les régions françaises ?

Pourtant, on entend également circuler des chiffres impressionnants sur les projets qui ne misent ni sur les appels d'offres, ni sur les tarifs de rachat. En cumulant les objectifs affichés par les différentes régions, on atteindrait ainsi pas moins de 20.000 MW.

Rappelons, pour mémoire, que le Grenelle de l'Environnement ne prévoit que 5.400 MW en 2020. Mais il est vrai que ces projets (s'ils se développent vraiment) ne pèseront pas sur les finances publiques. En revanche, l'injection de 20 GW d'énergies renouvelables intermittentes pourraient bien poser quelques problèmes au réseau...