Au Royaume-Uni comme aux Etats-Unis, l'éolien gagne du terrain mais retient son souffle

Par Dominique Pialot  |   |  602  mots
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Les énergies renouvelables pourraient dépasser le nucléaire dans la production d'électricité britannique dès 2018, selon un rapport publié par Renewable UK. Aux États-Unis, notamment grâce à l'hydroélectricité, mais aussi à l'éolien, elles représentent près de 15 % des capacités de production électrique. Dans un cas comme dans l'autre, l'avenir des ces énergies, notamment l'éolien, est suspendu à des décisions politiques imminentes.

Si les taux de progression des énergies renouvelables poursuivent sur leur lancée, elles pourraient alimenter en énergie un foyer britannique sur dix d'ici à 2015 et dépasser la part du nucléaire à l'horizon 2018. C'est ce qu'il ressort de l'étude publiée ce mardi 30 octobre par l'association Renewable UK.

La part de l'éolien dans l'électricité produite dans le Royaume s'est accrue de 25 % entre juin 2011 et septembre 2012. En dépit de positions politiques hostiles à cette énergie, en particulier de la part de parlementaires conservateurs mais aussi du Chancelier de l'Echiquier qui compromet l'avenir des subventions dont bénéficie le secteur, les investissements ont continué de progresser. Notamment grâce à l'éolien offshore, dont le Royaume-Uni est le champion européen, où ils ont augmenté de 60 % pour atteindre 1,5 milliard de livres sterling (1,16 milliards d'euros). Dans le même temps, les permis de construire pour de nouvelles fermes offshore ont progressé de 50 %. Même dans l'éolien terrestre, ces permis de construire ont été plus nombreux que l'année précédente, la première hausse depuis 2008.

Favoriser l'acceptabilité des projets par les citoyens

Au dernier trimestre 2011, les renouvelables ont pour la première fois fourni plus de 10 % de l'électricité produite au Royaume-Uni, en grande partie grâce à l'éolien, qui à lui seul devrait produire 7 % de l'électricité du pays d'ici la fin de l'année.

Devant ces succès, le nouveau ministre (conservateur) de l'énergie a modéré ses propos naguère très opposés à l'éolien, à condition que les turbines ne soient pas installées n'importe où. Le gouvernement devrait d'ailleurs favoriser les projets participatifs, qui, en permettant aux riverains de profiter de la vente de l'électricité produite, améliorent l'acceptabilité de l'éolien.

Des députés divisés au sujet des énergies renouvelables

Pour autant, et même si David Cameron a lui-même eu l'occasion de souligner par le passé le rôle que joueraient les énergies renouvelables pour le pays, une certaine incertitude subsiste pour les prochaines années. Ainsi, l'examen du projet de loi sur l'énergie, qui devait à l'origine avoir lieu la semaine prochaine, devrait être repoussé jusqu'à la fin du mois de novembre, les députés conservateurs ne parvenant pas à se mettre d'accord sur le sujet.

Ce flou retarde les décisions de grands groupes étrangers (Siemens, Mitsubishi, General Electric) attirés par le marché prometteur de l'éolien offshore mais qui attendent des engagements clairs du gouvernement avant d'investir massivement pour s'implanter dans le pays.

L'éolien américain dans l'expectative avant l'élection présidentielle

Aux Etats-Unis, les dernières statistiques publiées par la Federal Energy Regulatory Commission statistics soulignent le poids des renouvelables dans la production d'électricité. En cumulant toutes les sources d'énergies renouvelables, cette proportion atteint 15 %. Certes, il s'agit essentiellement d'hydroélectricité (8,5 %), mais l'éolien, qui a doublé sous la mandature Obama, atteint à lui seul plus de 4 %. Le solaire, qui ne représente encore qu'un infime 0,29%, connaît une progression rapide (+ 600 % sur la même période) grâce à l'entrée en service de centrales solaires géantes dans les déserts de la Côte Ouest.

L'éolien est d'ores et déjà à l'arrêt depuis quelques mois, à mesure qu'approche l'extinction prévue le 31 décembre, du crédit d'impôt (Production Tax Credit) dont il bénéficie. En théorie, celui-ci pourrait être rétabli comme cela a déjà été le cas à plusieurs reprises, mais il y aura un temps de flottement. Et si c'est Mitt Romney qui l'emporte le 6 novembre prochain, il sera définitivement supprimé.