"L''industrie n'a pas besoin d'un Etat planificateur"

Par Propos recueillis par Fabien Piliu  |   |  323  mots
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Après avoir évoqué les dangers que la crise de la dette souveraine fait peser sur la conjoncture mondiale et nationale, Pierre Gattaz, le président du Groupement des fédérations industrielles (GFI) insiste sur le rôle que l'Etat doit jouer pour assurer l'avenir de l'industrie française.

La crise de la dette souveraine constitue-t-elle une menace pour l'industrie française ?

On ne pourrait le nier. Alors que les entreprises industrielles et en particulier les PME sont encore convalescentes et affichent encore des carnets de commandes assez garnis, les incertitudes actuelles sont pesantes. D'une part, elles peuvent provoquer un ralentissement du commerce mondial. D'autre part, elles devraient se traduire par un durcissement des conditions de crédit. Si les banques françaises se trouvent un jour en difficultés sérieuses, il deviendra difficile pour nos entreprises d'accéder au crédit, c'est certain. Dans ces conditions, compte tenu de la faiblesse de leur auto-financement, elles n'auront plus les moyens de leurs ambitions.

Dans ce contexte, l'Etat a-t-il un rôle à jouer ?

Rigueur oblige, le gouvernement n'a certainement plus les moyens de déployer un plan de relance ambitieux capable de soutenir à bout de bras l'industrie française. En revanche, il a un rôle à jouer à travers la conférence nationale de l'industrie (CNI). Créée il y a un an maintenant à l'issue des états généraux de l'industrie, cette conférence mobilise énormément d'énergies, de passions de la part des entreprises, des partenaires sociaux, des experts issus des secteurs publics et privés. Il faut maintenant passer aux actes pour que les onze filières stratégiques, également créées par les états généraux, dynamisent notre tissu industriel.

Mais l'Etat ne peut pas tout !

Nous n'avons pas besoin d'un Etat planificateur mais d'un Etat qui oriente, qui aiguillonne pour construite l'appareil industriel de ces trente prochaines années.

Etes-vous pour autant optimiste ?

Bien sûr. Dans les grands secteurs industriels comme l'aéronautique, l'automobile, l'énergie, la France a de sérieux atouts à faire valoir. C'est également le cas dans les secteurs d'avenir, comme les routes intelligentes que l'on doit créer, ou l'éclairage urbain qu'il faut repenser pour qu'il soit moins coûteux.