Peugeot Rifter : le ludospace familial rate la marche

Par Nabil Bourassi  |   |  655  mots
Le Rifter a adopté un style baroudeur réussi. L'aménagement intérieur, en revanche, n'est pas à la hauteur des standings imposés par 3008, 5008 et plus récemment, 508. (Crédits : Peugeot)
Fort de sa montée en gamme réussie, la marque au lion a tenté de revisiter son ludospace familial en lui attribuant une allure baroudeuse, mais également les principaux attributs qui ont fait le succès du 3008 et du 5008. Une stratégie qui ne nous a malheureusement pas convaincu.

On adhère ou pas, le repositionnement de Peugeot est un succès : le design, les partis pris stylistiques, la qualité perçue, l'intégration de nouvelles technologies... Cette stratégie a été largement validée par les ventes, pas seulement en volume, mais également sur le mix produit, c'est-à-dire sur les niveaux de finitions privilégiés par les clients. Peugeot est ainsi parvenu à s'imposer sur le segment des SUV avec le 3008 et son pendant sept places, le 5008. La marque au lion espère répéter ce triomphe avec la 508 présentée au salon de Genève.

Un ludospace revisité et offensif

Mais Peugeot veut aller encore plus loin en intégrant son ludospace familial désormais appelé Rifter dans cette stratégie de montée en gamme. Un pari osé, mais la marque a montré qu'elle avait les moyens d'y parvenir. Pour y arriver, elle a déployé tous les ingrédients de ce succès : iCockpit, design baroudeur plus marqué et finitions haut de gamme GT Line.

--

--

Fort de toutes ces belles intentions, le Rifter affiche des objectifs ambitieux : consolider son leadership, étendre sa zone de chalandise à 100 pays, une grille tarifaire conséquente... Las... Le Rifter semble avoir plutôt manqué la marche et de haut !

Mais soyons juste ! Car côté design, l'équivalent voiture particulière du Partner, est plutôt convaincant : signature lumineuse plus marquée, des passages de roues rehaussés comme la garde au sol, des couleurs de carrosseries plus "familiales". Le Rifter se repositionne donc efficacement dans cet univers familial tout en se distinguant de ses concurrents grâce à cette allure baroudeuse. On apprécie le concept et l'intention.

L'intérieur déçoit

Mais à l'intérieur... Patatras ! Loin des standards 3008, 5008 et 508 avec leurs planches de bord verticales, leur ambiance léchée, leurs matériaux nobles... Le Rifter, lui, se pare d'une planche de bord imposante et sans aucune finesse. Les plastiques sont décevants, sonnent désespérément creux tandis que le toucher est rugueux. C'est tout juste si, sur la version GT Line, Peugeot a consenti à agrémenter la planche de quelques plastiques au toucher brossé. Autre déception : le système iCockpit n'est pas intégralement déployé sur ce modèle. On retrouve seulement le petit volant et le tableau de bord rehaussé. Mais le tableau de bord numérique, un must du repositionnement de Peugeot, ne fait parti du package. Fallait-il alors vraiment évoquer ces deux marqueurs du repositionnement de Peugeot que sont iCockpit et la finition GT Line, ou se contenter d'assumer une approche rationnelle du Rifter pour éviter confusion et déception ?

--

--

Côté motorisations, le Rifter profite, heureusement, des Puretechs et encore d'une large palette de moteurs diesels. On peut toutefois regretter des suspensions un peu trop fermes pour une familiale. Enfin, le Rifter importe quelques technologies utiles et qui doivent beaucoup à la stratégie de repositionnement de la marque : les assistants de conduite sont efficaces, la boîte automatique EAT8 est également un vrai plus.

Des attentes exagérées ?

La grille tarifaire du Rifter, elle, suit également cette ambition haut-de-gamme. Son prix démarre à 23.150 euros, soit presque 2.000 euros de plus que le Citroën Berlingo et quasiment 3.000 euros de plus qu'une Renault Kangoo. Il faudra alors vérifier la pertinence d'un tel arbitrage auprès des pays émergents, les marchés traditionnels de ce type de modèles.

Les ambitions du Rifter nous ont paru largement exagérées, et notre surprise était d'autant plus grande que la stratégie de montée en gamme de Peugeot nous a convaincu à travers ses derniers SUV mais également avec le récent 508 (lire notre essai). La marque au lion a, en tout cas, pris le risque d'amplifier nos attentes, et peut être provoqué des déceptions elles-mêmes exagérées... Le consommateur aura, comme toujours, le dernier mot !

--