Club Med : les Bronzés sont chinois. Et alors ?

Par Eric Walther, directeur de la rédaction  |   |  333  mots
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Curieusement, aucune réaction d'hostilité n'est survenue après l'annonce de la montée en puissance d'un groupe chinois au capital du Club Med. Explications.

Quel silence! On se croirait au bord d?une plage sans vagues, sous une paillotte, dans un petit paradis aménagé par le Club Med. Pas le moindre petit souffle de protestation. Même Arnaud Montebourg, tout à se remettre de son couac sur Dailymotion, n?a pas moufté. Un conglomérat chinois va devenir actionnaire majeur d?un symbole de la réussite ? certes un peu fanée ? à la française, d?une marque mondialement connue, et tout le monde s?en fiche. Henri Giscard d?Estaing, fils de, patron un temps jugé improbable de tous les GO et GM de la planète tourisme, aurait donc au moins réussi cette performance : banaliser le capitalisme chinois. Pas si sûr.
L?opération est à tant d?égards particulière qu?en tirer des enseignements définitifs serait aller bien vite en besogne. D?abord, elle ne constitue pas à proprement parler une prise de contrôle, encore moins un achat de parts de marché. Le conglomérat shanghaiais, Fosun, partagera le contrôle du groupe au coté du fonds français Apax PE. Rien à voir donc avec la tentative, finalement vaine, du géant de l?agro-alimentaire chinois Bright Food, de mettre la main sur Yoplait il y a un plus d?un an.
Ensuite, l?objet du deal, en tout cas officiel, est non pas de permettre à un Chinois de se développer en Europe, mais bien au contraire à un Français de profiter de l?émergence accélérée d?une classe moyenne et supérieure asiatique en se développant sur ses terres. Enfin, il n?est pas là question d?usines, de technologies, mais de services que l?inconscient politico-industriel français place toujours, à tort, beaucoup plus bas sur l?échelle des actifs à défendre (sauf pour la culture !).
« Rire », « Jouer », « Contempler ».. nous disait autrefois une des plus célèbres campagnes de publicité du Club. Elle nous proposait aussi de « Respirer ». On respirera donc?pour cette fois.