Élections européennes : alerte au tsunami

Par Bruno Jeudy  |   |  495  mots
Bruno Jeudy, directeur délégué La Tribune Dimanche (Crédits : DR)
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Le 9 juin prochain, à en croire les sondages, les élections européennes s'annoncent fastes pour les populistes de droite et rudes pour les partis de gouvernement. L'extrême droite est donnée gagnante dans neuf États membres de l'Union européenne et en deuxième position dans neuf autres, selon les enquêtes d'opinion. Le très sérieux groupe de réflexion du Conseil européen pour les relations internationales anticipe un virage très à droite du Parlement, à rebours des équilibres politiques issus des neuf précédents scrutins depuis 1979. Avec à la clé une gestion tantôt au centre droit (PPE), tantôt au centre gauche (PSE). De 127 eurodéputés sortants d'extrême droite répartis en deux groupes, ils pourraient être près de 200 (sur 720) en juin. Jamais un scrutin européen n'a paru aussi capital pour notre avenir.

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La très probable montée du populisme de droite créera une fracture politique en Europe. Des questions fondamentales seront posées immédiatement : la transition écologique, stop ou encore ? Les populistes dénoncent en effet et le « pacte vert » et s'opposent à l'interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en 2035. L'Union européenne soutiendra-t-elle toujours financièrement l'Ukraine ? Quelle relation entretiendra-t-elle avec la Russie ? La possible arrivée massive de députés pro-Kremlin, ou au moins peu enclins à sanctionner Moscou, pourrait changer la donne. L'ex-ministre et européen convaincu Alain Lamassoure redoute dans une interview à L'Hémicycle que « la victoire des populistes affaiblisse de nombreux gouvernements au moment où l'Europe va devoir prendre des décisions révolutionnaires sur l'élargissement de l'UE à l'Ukraine ou sur les questions militaires et diplomatiques ».

Le président peut-il encore inverser la tendance ?

Ce sera le cas en France. L'avance du lepéniste Jordan Bardella (14 points) apparaît insurmontable. Derrière, la liste macroniste conduite par Valérie Hayer va devoir batailler pour préserver la deuxième place. La surprise pourrait venir du socialiste Raphaël Glucksmann, en mesure de redonner des couleurs à la social-démocratie. Un cauchemar pour Jean-Luc Mélenchon.

À deux mois des européennes, c'est bel et bien un double tsunami politique qui menace la France d'Emmanuel Macron. Le président, qui compte s'investir dans la campagne, peut-il encore inverser la tendance ou au moins réduire l'écart avec le RN ? Pas certain qu'il dispose d'assez de carburant politique pour son dernier scrutin national avant son départ de l'Élysée. Le prophétique Victor Hugo estimait naguère que « l'Europe ne peut être tranquille tant que la France n'est pas contente ». Alors espérons que nos compatriotes fassent leurs les propos de la romancière Madame de Staël au début du... XIXe siècle : « Il faut dans nos temps modernes avoir l'esprit européen. »

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