Européennes : vent de face pour Emmanuel Macron

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy.
Bruno Jeudy. (Crédits : DR)

C'est l'histoire d'une campagne européenne qui prend l'eau de toutes parts. À quarante-neuf jours du scrutin européen, l'ambiance est défaitiste dans le camp majoritaire. Avec un retard de 14 à 16 points sur la liste de Jordan Bardella, celle du président de la République est désormais plus près de la troisième place que de la première. Le scénario d'une Bérézina se dessine en juin. Et derrière, celui d'une fin de quinquennat cauchemardesque apparaît.

C'est donc avec le vent de face qu'Emmanuel Macron se lance dans la campagne. Sa dernière élection nationale. Cet éternel optimiste va tout donner : photos avec sa tête de liste, discours sur l'Europe (jeudi à la Sorbonne), interviews, tribunes et déplacements en mai et juin. L'Élysée mise sur un « effet commémo » avec la célébration, en juin, du 80e anniversaire du débarquement de Normandie. Pas certain que ça marche autant que l'« effet drapeau » qui lui avait permis pendant la dernière présidentielle de s'appuyer sur la guerre en Ukraine.

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En metteur en scène de la campagne et en directeur de casting pour le rôle-titre (Valérie Hayer), Emmanuel Macron risque de voir les électeurs, surtout âgés, changer de théâtre et préférer une autre distribution... Car, depuis sa réélection, tout se passe comme si les catégories les plus macronistes le quittaient, les unes après les autres. Les jeunes et le salariat avaient déjà commencé à le lâcher en 2022. Cette fois, ce sont les cadres et surtout le troisième âge qui semblent tentés par la grande bascule.

Une situation défensive

Jusqu'à présent, les retraités formaient un « plafond en béton armé », selon l'expression de Patrick Buisson, politologue issu de l'extrême droite décédé récemment. Un « front des retraités » qui ne se donnerait jamais aux Le Pen, croyait-on. Mais voilà, en deux ans, la déception et les doutes ont rattrapé l'électorat de la majorité. Davantage que les crises sociale et inflationniste, c'est le sentiment d'une perte de repères qui plonge cet électorat âgé dans une perplexité abyssale. L'exacerbation des violences (encore un jeune agressé hier à Grande-Synthe) et la montée de la crise migratoire, conjuguées avec l'usure du pouvoir, placent Emmanuel Macron dans une situation défensive.

Bien accueillie, la nomination de Gabriel Attal présentée comme l'arme anti-Bardella n'a pas, pour l'instant, produit les effets escomptés. Sa popularité chute rapidement et, même si la campagne n'a pas véritablement démarré, le plus jeune Premier ministre écope déjà sur de nombreux fronts : l'agriculture, l'école minée par les violences et attaquée par l'islamisme, la dette record. La passe d'armes avec le ministre des Finances sur les remèdes à l'endettement a fini par saper l'un des derniers atouts du macronisme: la compétence supposée sur le terrain économique. Le camp
Le Pen a aussitôt ironisé sur le « Mozart devenu tocard » et pourrait rafler la mise avec Jordan Bardella, le roi des reniements européens.

>>> Retrouvez l'édition complète de La Tribune Dimanche du 21 avril 2024 dans vos kiosques à journaux et sur notre kiosque numérique.

Bruno Jeudy

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Commentaires 12
à écrit le 22/04/2024 à 7:29
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Les gens ont juste compris que l'essentiel, c'est l'avenir de notre civilisation. Le droit de nos petits enfants de vivre dans une société libre, laïque, apaisée et sûre. Et puis les prétendus "experts" ou "Mozart" de l'économie se sont avérés être ...

à écrit le 21/04/2024 à 12:19
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Que la Macronie prenne une méga claque le 9 juin, est actée. Il faut savoir maintenant combien feront LR et le PS rénové. Pour Bardella, il devrait être le grand vainqueur c'est un fait même si beaucoup de votants sont pro européens, ce sont les déri...

le 21/04/2024 à 17:45
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Le RN et le jeunot ne veut que remplacer la McKronie dans le coeur de l'oligarchie et se mettre au service de la coalition bruxelloise !

à écrit le 21/04/2024 à 9:48
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En 2017 un vote enthousiasme enfin un jeune pro économie une vision pour ne pas laisser des personnes sur le bord de la route . Au fil des mois un jeune vieux arrogant un vrai politicien forme à la dure école du colle copie l'ENA des actions souvent ...

à écrit le 21/04/2024 à 9:30
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Quoiqu'on pense de lui, Macron est le président de la France, donc de tous les Français. Dans cette élection, la place qu'il devrait occuper est d'être au-dessus de la mêlée. Il ne doit pas favoriser tel ou tel parti, mais prendre enfin du recul dans...

le 21/04/2024 à 10:38
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Quoi que fasse Macron ses partisans ne seront pas élus.

à écrit le 21/04/2024 à 9:01
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...parce que le double quinquennat est une ânerie (ou une couillonade,). Un Septennat NON Renouvelable éviterait des seconds mandats catastrophiques

à écrit le 21/04/2024 à 8:35
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Ou pas tout dépend ce qu'ont prévu les marchés financiers pour lui. Son objectif c'est la super place qu'il va bientôt avoir dans une multinationale hein et certainement pas d'être aimé des français.

le 21/04/2024 à 18:25
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Votre commentaire sur une place dans une multinationale me paraît stupide. Tout d'abord vu son âge et en fonction de son remplaçant il peut viser 2032 en attendant un poste de patron du FMI ou de la banque mondiale ou secrétaire général de l'ONU para...

le 22/04/2024 à 20:02
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"Tout d'abord vu son âge et en fonction de son remplaçant il peut viser 2032 en attendant un poste de patron du FMI ou de la banque mondiale ou secrétaire général de l'ONU paraît plus probable" C'est peu ambitieux quand on voit à quoi ils servent fra...

à écrit le 21/04/2024 à 7:20
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ce n' est certes pas avec son bilan ... calamiteux qu' il va trouver les alizés

à écrit le 21/04/2024 à 4:14
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Si on croit les sondages Macron et ses ouailles se préparent à subir un véritable Waterloo, les 3 ans qui suivront seront un véritable calvaire et les rats vont quitter le navire. Le plus intelligent ne serait il pas pour lui de dissoudre puis coha...

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