Nouvelles menaces terroristes : résister encore

ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.
Bruno Jeudy
Bruno Jeudy.
Bruno Jeudy. (Crédits : DR)

Le patron de la grande muette a fait de sa discrétion sa force. Alors quand le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, hausse le ton sur la menace terroriste, il faut l'écouter. Ses combats sont clairs et lucides : adapter le contre-terrorisme aux nouvelles formes de la djihadosphère et se préparer aux nouveaux défis des menaces multiformes, qu'elles viennent de l'État islamique au Khorasan, d'Iran ou de Russie. Sans compter le front ukrainien, à propos duquel le ministre dessine les contours d'une France qui se met en ordre de bataille en renforçant sa production de missiles. Tout ça décrit un pays qui se barricade à 117 jours des Jeux olympiques et qui augmente sa production d'armes.

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Vivre avec la menace terroriste et résister à nos doutes, voilà donc notre double contrainte. L'attentat à Moscou a agi comme une douloureuse piqûre de rappel. Les Français ont revécu les images et les témoignages des survivants et des familles des 90 morts du Bataclan. Aussitôt les interrogations ont fusé sur le risque de maintenir la cérémonie d'ouverture des JO sur la Seine avec quelque 300 000 spectateurs répartis sur les quais. Cette belle idée voulue par Emmanuel Macron contre l'avis des services de sécurité agit désormais comme un symbole. La pression est maximale. Officiellement, il n'y aurait pas de plan B, C ou Z. En coulisses, des hypothèses plus ou moins crédibles sont évoquées, comme limiter le nombre de spectateurs aux seuls quais bas, c'est-à-dire les 100 000 places payantes, voire transformer la cérémonie d'ouverture en huis clos place du Trocadéro avec les seuls officiels et sans les athlètes...

Le défi que représente cette cérémonie olympique, transformée en parade du génie français sur la Seine, nous confronte à nos doutes tout en exaltant notre goût du panache. À la fois donc ce doute cartésien si français et l'audace de Danton... La vérité, c'est que la France devra dans les prochaines semaines réussir son retour des enfers - les JO ont été conçus comme une renaissance - sans s'apesantir sur ses doutes et ses peurs. Un premier crash test aura lieu le 8 mai, à Marseille, avec l'arrivée grandiose de la flamme olympique dans le port phocéen.

Qui imagine renoncer à tout ça ? Annuler la cérémonie d'ouverture, et pourquoi pas carrément les Jeux ? Ce serait une terrible défaite pour les démocraties. Certes, le risque zéro n'existe pas. Experts et politique s'accordent au moins sur ce point. Mais la France a montré qu'elle était parvenue à déjouer 47 attentats depuis 2017, soit un tous les deux mois. Le tout grâce à un déploiement de moyens et un savoir-faire accrus de nos services. Au pouvoir de donner confiance aux citoyens. « Soyez réalistes, demandez l'impossible », disait Che Guevara, une façon de réconcilier Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.

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Bruno Jeudy

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Commentaires 3
à écrit le 03/04/2024 à 12:03
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C'est ça, nos dirigeants sont tellement faibles qu'ils en sont à éviter de sortir dehors car il y a un risque de pluie au lieu tout simplement de prendre un parapluie. Mais n'est-ce pas depuis cette gestion désastreuse du covid ? Première fois dans l...

à écrit le 02/04/2024 à 11:41
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Le drame, c'est de n'avoir pas annulé DES JEUX (olympiques ou autres) et pas uniquement pour des raisons sécuritaire. Une guerre a lieu en Europe, elle a toutes les chances de dégénérer devant notre lâcheté occidentale, dès le début. D'une inconscie...

à écrit le 31/03/2024 à 10:04
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Heureusement que nous avons encore les médias pour nous maintenir dans l'insécurité et la peur à la place des activistes ! ;-)

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