JO de Paris 2024 : allumer le feu

Par Bruno Jeudy  |   |  547  mots
(Crédits : DR)
ÉDITO - Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de La Tribune Dimanche.

Garder la flamme plutôt que la voir se consumer, c'est ce qu'on attend des Français. Il n'y a pas encore le feu, mais les clignotants de la confiance, de l'enthousiasme et de l'intérêt pour les Jeux olympiques sont clairement en baisse. Notre sondage ne surprendra pas Tony Estanguet, le patron du Comité d'organisation. Son homologue des Jeux de Londres, Sebastian Coe, l'avait prévenu : plus on se rapprochera de la cérémonie d'ouverture, plus le doute et accessoirement les polémiques risquent de monter. Peut-être même faudra-t-il attendre la première médaille d'or pour déclencher joie et fierté.

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Autorités politiques et organisateurs ont donc du pain sur la planche pour susciter davantage d'adhésion et entraîner le pays. Côté politique, cela ne devrait pas être facile. Emmanuel Macron et Anne Hidalgo sont deux leaders impopulaires. Leur mission sera d'abord de finir le « job » en vissant les dispositifs de sécurité et la livraison des derniers chantiers. Côté organisateurs,

Tony Estanguet a jusqu'à présent esquivé les embûches et écrasé les affaires lancées contre lui et le Cojop. Auteur d'un quasi-sans-faute depuis presque neuf ans, le triple champion olympique sera un atout majeur dans la dernière ligne droite. Il fallait le voir, le mois dernier, motiver les quelque 25 000 bénévoles réunis près de Paris.

Enrayer cet esprit de défaitisme...

Mais ce sont peut-être les Français eux-mêmes qui vont dissiper cette morosité, remplacer les mots rosses par des mots bleus et faire en sorte que la grosse machine techno des JO fasse enfin rêver. Ils en auront l'occasion le 8 mai, jour d'arrivée de la flamme à Marseille, avec à la clé une fête populaire et gratuite sur le Vieux-Port. Ils pourront ensuite accompagner les 11 000 porteurs de la torche à travers le pays pour vivre le rêve olympique. Aux critiques parfois justifiées sur les dépenses engendrées par l'événement, sur les nuisances pour les Parisiens, aux craintes légitimes d'attentats, on peut opposer l'exaltation d'écrire et de vivre l'histoire.

Il est temps d'enrayer cet esprit de défaitisme alors même que ces JO ont été organisés pour faire renaître la nation après les attentats de 2015. Il reste cent jours pour rallumer la flamme. Peut-être faut-il en appeler à Alain Mimoun, incarnation de l'esprit olympique : « Honnêtement ce qui me peine un peu, c'est le sentiment que, parfois, le peuple français ne mérite pas son pays. » L'unique champion olympique tricolore du marathon avait prononcé cette phrase merveilleuse après avoir reçu sa médaille à Melbourne en 1956, avant d'ajouter : « Quand le drapeau français a été hissé, j'ai pleuré sans larmes tellement j'étais déshydraté. » Qui ne se souvient pas de Colette Besson, de Guy Drut, de Marie-José Pérec, de David Douillet, d'Alain Bernard, de Laure Manaudou ? Vivement les Jeux.

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