Le printemps des « Gilets jeunes »

Par Philippe Mabille  |   |  527  mots
"Grève scolaire pour le climat" a écrit sur son affiche la jeune suédoise Greta Thunberg pour interpeller les pouvoirs publics du monde entier sur les menaces que fait peser le réchauffement climatique sur la planète (ici, au tout début de son mouvement de protestation, en novembre 2018). (Crédits : Reuters)
ÉDITO. Juste avant l'acte XV des "Gilets jaunes", samedi, c'est un printemps des « Gilets verts » qui pourrait lui voler la vedette, avec une colère toute aussi légitime. Ce vendredi 22 février, aura lieu à Paris une grande marche de mobilisation des "Jeunes pour le climat" (YouthForClimate) avec la participation de la jeune suédoise Greta Thunberg, accompagnée de lycéennes et lycéens européens. Par Philippe Mabille, directeur de la Rédaction.

Ce 22 février, une adolescente suédoise, Greta Thunberg, devenue l'égérie mondiale du climat depuis qu'elle a interpellé les gouvernements mondiaux lors de la COP 24 en Pologne, sera l'invitée des lycéens français qui veulent se rassembler place de la République à Paris. À la veille de l'acte XV des « gilets jaunes », ce samedi, voir nos enfants enfiler des « gilets verts » pour dénoncer l'inaction des États contre le réchauffement devrait nous réjouir.

« Vous dites que vous aimez vos enfants par-dessus tout. Et pourtant vous volez leur futur »...

La jeune Greta, du haut de ses 16 ans, n'a pas hésité à interpeller Emmanuel Macron, l'appelant à agir d'urgence :

« Si vous continuez à faire comme si de rien n'était, vous allez échouer et si vous échouez, vous serez perçu comme l'un des pires méchants de l'histoire de l'humanité. »

Et toc ! Depuis l'appel de Greta Thunberg, les mouvements lycéens pour le climat se sont multipliés dans le monde, et des manifestations ont déjà eu lieu dans une quarantaine de villes en France. À l'appel de la jeune suédoise et fort des 2 millions et quelques signatures de la pétition « l'Affaire du siècle » à l'initiative de quatre ONG, une grève mondiale pour la planète est prévue le 15 mars.

Fiscalité, inégalités, climat... le réveil de la société civile

Alors que la colère des « Gilets jaunes » s'essouffle, en attendant de connaître ce que le chef de l'État proposera comme porte de sortie au Grand débat, c'est un printemps des « gilets verts » qui pourrait lui succéder, avec une colère toute aussi légitime.

Ce réveil de la société civile, jaune ou verte, est une bonne nouvelle si elle aboutit à transformer la colère en actions. La difficulté pour les gouvernements est de réconcilier les deux combats. Or, jusqu'à présent, il faut bien le reconnaître, la fin du mois l'a emportée sur la fin du monde.

Aux États-Unis, le « vilain » Donald Trump a dénoncé l'accord de Paris sur le climat et défend l'industrie du charbon. En France, Emmanuel Macron a dû renoncer à la hausse de la taxe carbone et reconnaît lui-même qu'il ne mettra pas fin par son rétablissement à un mouvement né du rejet de cet impôt.

C'est pourtant bel et bien ce qu'il devra faire, d'une façon ou d'une autre, si l'on veut changer les comportements des ménages et des entreprises (lire page 20). Car, comment faire, sinon en donnant un signal prix, pour réduire la consommation d'énergies fossiles ? Comment susciter autrement l'innovation, la R&D dans les entreprises, dont les plus vertueuses appliquent d'ailleurs déjà un prix interne au carbone ?

La solution est connue : si taxe carbone il doit y avoir, ses recettes doivent être intégralement redistribuées - dans la transparence - sous forme d'aides à la transition énergétique. Les exemples de la Suède ou de la Colombie britannique devraient nous inspirer. Non seulement la consommation énergétique y a diminué, mais la croissance et les emplois verts y ont fleuri.