Orange, une gare SNCF, Youtube et des insultes : de quoi j'me mêle ?

Par Eric Walther  |   |  515  mots
Copyright Reuters (Crédits : <small>YouTube</small>)
Orange a déclaré avoir retrouvé son cadre qui avait été pris en flagrant délit d'insulte envers une employée de la SNCF grâce à une vidéo diffusée sur Youtube. Mais pourquoi l'opérateur a-t-il mené cette enquête?

Entendons-nous bien. Les insultes de ce cadre d'Orange jetées à la figure d'une employée de la SNCF enregistrés en gare de Viroflay par un jeune garçon sont juste insupportables. Pour mémoire : « Je gagne 70 keuros (sic) et vous êtes au SMIC, alors vous fermez votre gueule (...) Si vous n'aviez pas des gens comme moi qui payent 10 000 euros d'impôts vous seriez à la rue (...) Je suis supérieur à vous, je me casse. Vous savez où je suis la semaine prochaine à Saint Domingue pour Orange(..).Le week-end, moi je suis chez moi à La Baule (...) Quel est votre salaire de merde.. ? Allez pauvre connasse... .» Et on en passe.
Postée sur Youtube, la vidéo a donc buzzé. Deux remarques : des horreurs de ce genre, il en traine des kilomètres sur le net, et des « connards » comme ce monsieur, pour reprendre ses mots, il en traine malheureusement aussi plein les rues. Alors? Au prétexte que cet individu prétend travailler chez Orange, c'est le branle-bas de combat. Au point que l'opérateur s'est crû obligé de faire une enquête pour retrouver son employé. Ce qu'il a très rapidement fait. Et de préciser, ce vendredi, tenez vous bien : ce cadre ne gagne pas 70 000 euros par an et ne s'est jamais rendu en République dominicaine. C'est un homme qui est « en proie à des difficultés personnelles ». Et d'assurer que l'entreprise prévoyait un « accompagnement » pour le soutenir.


Récapitulons. Nous avons là un pauvre type qui n'est pas dans l'exercice de ses fonctions, qui pète une câble et qui, précision importante, n'insulte pas son employeur. Ajoutons qu'il n'a pas délibérément dénigré celui qui le paie comme certains l'ont déjà fait en s'exprimant sur Facebook avec donc la volonté de faire connaître son mécontentement, voire plus.  Alors pourquoi Orange s'est-il mêlé de cette histoire ? Parce qu'il donnait une mauvaise image de l'opérateur? Bof. Des connards comme lui, il y en a dans toutes les entreprises. Et en la matière, où s'arrête le tolérable, où commence l'inacceptable si l'on se réfère à ce genre de critères comportementaux pour s'en prendre à l'un des ses employés. On n'aurait plus le droit de prendre un coup de sang (répétons encore une fois que celui-ci fleure bon la puanteur), on devrait être en contrôle de ses humeurs 24 heures sur 24. on ne pourrait plus en quelque sorte déconner dès lors que l'on a un employeur et que l'on est susceptible d'être enregistré et donc jeté sur la place numérique ?
Cette affaire alimentera le débat sur la protection de la vie privée (certes, une gare est un lieu public, la SNCF un service public, mais combien d'autres endroits traversons nous chaque jour qui peuvent prétendre au même statut ?) face à l'incontrôlable vie numérique.
Les propos de ce pauvre type sont nauséabonds, mais la façon dont cette affaire a tourné ne sent pas très bon non plus.