Le SMIC jeunes, c'est maintenant !

Par Julien Miro*  |   |  851  mots
Julien Miro, fondateur de "5 ans pour des idées" prône l'instauration d'un SMIC jeunes (DR)
Alors que François Hollande a donné des pistes lors de la dernière conférence sociale pour sauver les générations futures, Julien Miro, fondateur de "5 ans pour des idées", s'interroge: quid des générations actuelles? Pour cet ancien responsable des études de Dominique de Villepin, le SMIC jeune est la solution pour ne pas faire de la "génération Y" une "génération perdue".

Les chiffres donnent le tournis : 42,5% de jeunes au chômage au Portugal, 45% en Italie, 56,4% en Espagne et ...62,5% en Grèce. En France, c'est un jeune sur 4 qui est au chômage avec un taux de 26,5% des moins de 25 ans sans emploi. Un chiffre légèrement au-dessus de la moyenne de la zone euro (24,4%) et de l'Union Européenne (23,5%) .

Lorsqu'on aborde le chômage des jeunes, les premières réformes évoquées touchent à l'école, à la formation, à l'université. Des réformes de long terme, nécessaires mais inadaptées pour sauver la génération actuelle.  Aujourd'hui, sur tous les sujets, du climat aux comptes publics, de l'école en passant par les retraites, la volonté politique est de sauver les générations futures. Mais qui agit pour la génération actuelle ? Cette génération de 18 à 25 ans sans qualification, qui après avoir été caricaturée en génération « Y » se voit aujourd'hui dépeinte en génération perdue.

Agir sur la rémunération plutôt que sur le temps de travail
Lorsqu'un jeune débute dans une entreprise, il passe par une période d'adaptation : aux équipes, aux méthodes, à l'environnement. Cela induit une double perte de productivité pour l'entreprise : le jeune est formé et n'est pas productif immédiatement, tandis que le manager consacre une partie de son temps de travail à cette formation et, de fait, réduit sa productivité immédiate.  Les négociations relatives au temps de travail en entreprise, comme ce fût le cas sur les 35h, permettent de dégager des solutions applicables sur le long terme mais ne règlent pas le problème de la génération actuelle confrontée au chômage.

Si on ne peut pas récupérer la perte de productivité en augmentant le temps de travail d'un jeune, on peut agir sur le montant de sa rémunération. Une rémunération adaptée à sa productivité. En France, il existe déjà des modulations du SMIC :

- Pour les mineurs de 16 à 17 ans qui ont moins de 6 mois d'expérience dans un secteur d'activité, la rémunération est de 20% inférieure au SMIC et de 10 % pour les mineurs de plus de 17 ans ;
- Pour les jeunes en contrat d'apprentissage, la rémunération s'étend de 25 à 78% du SMIC ;
- Pour les jeunes en contrat de professionnalisation, la rémunération ne peut être inférieure à 55 % du SMIC pour les bénéficiaires âgés de moins de vingt et un ans et à 70 % du SMIC pour les bénéficiaires de vingt et un ans et plus. Ces rémunérations ne peuvent être inférieures, respectivement, à 65 % et 80 % du SMIC, dès lors que le bénéficiaire est titulaire d'une qualification au moins égale à celle d'un baccalauréat professionnel ou d'un titre ou diplôme à finalité professionnelle de même niveau ;
- Pour les jeunes en stage qui perçoivent une indemnité minimum de 436,05 euros par mois.

Ces modulations ont le mérite d'exister mais ne règlent pas le problème de fond de l'emploi des jeunes non qualifiés.

Mettre en place un SMIC jeune

L'instauration d'un SMIC jeunes s'articulerait autour de quatre grands principes :

  • Le SMIC Jeunes concernerait les individus de 18 à 25 ans, sans baccalauréat ou brevet professionnel et sans expérience (ou inférieure à 6 mois), et serait rémunéré à 80% du SMIC classique ;
     
  • L'utilisation de ce SMIC jeunes serait limitée à des entreprises qui accepteraient de contracter des engagements d'un minimum de 2 ans, temps plein, avec les jeunes embauchés.
     
  • La période d'essai serait d'un mois sans possibilité de reconduction.
     
  •  Cet outil ne serait mis à la disposition des entreprises que pour une durée de 4 ans. Un suivi serait réalisé avec les partenaires sociaux.

Certes l'idée n'est pas neuve et a déjà été évoquée lors de la remise du rapport de Jean Matteoli à Edouard Balladur en 1994, ou plus récemment, lors des discussions autour du Contrat Premier Embauche initié par l'ex Premier-ministre Dominique de Villepin. Elle avait dû faire face à de fortes levées de boucliers de la part des organisations étudiantes et avait fini par être abandonnée.

Cependant, à chaque situation économique son acceptation sociale. Quel est le deal pour les jeunes ? En situation de croissance économique, une modulation du SMIC peut être justement refusée, le jeune préférant opter pour un emploi payé à 100% du SMIC. Mais en période de crise ? Le contexte est différent car les marges de man?uvre pour décrocher un emploi sont beaucoup plus faibles.

La détresse de la génération actuelle doit être entendue. Préserver les générations futures c'est aussi prendre en compte les difficultés actuelles des jeunes sur le marché de l'emploi. Une chose est sûre, il faudra faire preuve de volonté politique si l'on souhaite éviter que les jeunes générations ne soient sacrifiées sur l'autel de la crise.

 

*Julien Miro est le fondateur de "5 ans pour des idées" un rassemblement des jeunes de centre droit ;