Espagne : vers un nouvel âge d'or

Par Michel Santi  |   |  522  mots
Michel Santi. (Crédits : DR)
L'Espagne a aujourd'hui les atouts pour prendre la place du Royaume-Uni sur le podium européen une fois le Brexit consommé. Par Michel Santi, économiste (*).

Le Brexit redistribuera forcément les cartes en Europe. De manière informelle, mais factuelle, la Grande-Bretagne comptait parmi les « 3 grands » européens avec l'Allemagne et la France. A présent qu'elle est sur le point de voguer vers des horizons inconnus, une place est donc à prendre dans le hit-parade européen. De fait, pendant que les débats intérieurs britanniques adoptent une tournure mélodramatique, les cercles de réflexion et les dirigeants de l'Union débattent à propos de l'équilibre des forces intra-européen : la (géo)politique ayant, comme la nature, horreur du vide.

Indéfectible enthousiasme pro-européen

Passons vite sur l'Italie qui n'a pas les moyens de prétendre à être dans le peloton de tête européen du fait de sa situation économique précaire et d'un gouvernement pour le moins controversé. L'inclusion de la Pologne dans ce cercle restreint des leaders européens aurait été intéressante à bien des égards, mais son exécutif semble en pleine dérive autoritaire et populiste.

Une nation mériterait assurément de recevoir ces honneurs, en l'occurrence la cinquième économie de l'Union, à savoir l'Espagne. Restée très discrète ces dernières années car occupée à régler nombre de problèmes intérieurs, l'Espagne est aujourd'hui prête à participer activement aux débats sur l'avenir de l'Europe, à la faveur d'un nouveau gouvernement dirigé par Pedro Sanchez. En effet, ce pays - dont l'adhésion et même l'enthousiasme au projet européen n'ont jamais faibli même aux heures les plus sombres de la crise économique - a beaucoup à offrir.

Exemplaire sur l'intégration des migrants

Il n'a jamais été tenté par les sirènes populistes comme bien de ses voisins. Son expérience réussie de l'intégration des migrants - qui constitue un des dossiers européens les plus délicats - est exemplaire. Ses liens commerciaux avec l'Amérique Latine et avec l'Afrique sont une valeur ajoutée certaine pour l'Union européenne. L'Espagne - à l'instar de l'Angleterre - dispose du prestige lui étant conféré par son passé impérial et par son histoire flamboyante.

Enfin, elle inaugure aujourd'hui - sous l'impulsion de son nouvel exécutif - une politique plus humaniste car de récents accords avec Podemos prévoient de très rapidement augmenter substantiellement le salaire minimum après presque dix ans d'austérité...

Un déficit budgétaire sous contrôle

En récusant le FMI seulement préoccupé par les équilibres budgétaires, l'Espagne semble poser les bases d'une nouvelle gouvernance sociale et démocratique dont devraient s'inspirer ses voisins, et qui lui permettra assurément d'éloigner à jamais le spectre populiste. Et pourquoi s'en gênerait-elle puisque son déficit budgétaire, qui était à 11% de son PIB en 2009, est de 3% en 2017 ?

Bienvenue donc à l'Espagne dans le triumvirat européen.

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(*) Michel Santi est macro économiste, spécialiste des marchés financiers et des banques centrales. Il est fondateur et directeur général d'Art Trading & Finance.
Il vient de publier «Fauteuil 37» préfacé par Edgar Morin.
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