La voiture personnelle aura disparu en 2050

Par Cédric Brochier  |   |  714  mots
La mutualisation des usages va s'accélérer, et le moyen de transport star de ces dernières années se tarir. Par Cédric Brochier, DG de Vivastreet.com

La voiture est devenue l'ennemi numéro un des écologistes. Cependant, les transformations de son usage ne sont pas uniquement dues à l'évolution des consciences en matière de climat. Il y a quelques semaines, le gouvernement annonçait notamment la fin de l'avantage économique sur le diesel. La transition est déjà en marche. La commission Européenne estimait en 2013 que seul 17 % des parisiens utilisaient leurs voitures pour se déplacer.1 Le phénomène peut s'observer dans la
plupart des grandes villes françaises. Et si nous allions vers la fin de l'automobile personnelle ?

Le « tout voiture » n'est déjà plus d'actualité

Aujourd'hui, le « tout voiture » n'est déjà plus d'actualité, notamment dans les grandes villes. Nombreux sont ceux qui ne possèdent pas de véhicule personnel. On compte 4 franciliens sur 10 et le chiffre grimpe pour les parisiens qui sont 6 sur 10 à être piétons. Les chiffres varient selon le lieu de résidence. De même, nous roulons de moins en moins. Une tendance visible depuis 2013 puisque le nombre de kilomètres parcourus par les français chaque année diminue alors qu'il était en constante augmentation depuis la seconde guerre mondiale.

Si un coût de plus en plus dissuasif explique cette évolution, il n'en est pas le seul facteur. Le vieillissement de la population, l'urbanisation ainsi que les primes pour l'utilisation des transports en commun tendent à favoriser les alternatives.
Les années à venir verront sans doute la généralisation d'un nouvel usage de la voiture. Jusque là « personnelle », elle n'appartenait qu'à une seule personne. Achetée neuve ou d'occasion, son propriétaire l'utilisait avant de la revendre ou de la déposer à la casse.

Une rentabilisation optimale des véhicules

Dorénavant, la voiture n'appartiendra plus à une seule personne. Ce nouveau véhicule s'appelle « voiture autonome ». Contrairement à une automobile individuelle, celle-ci sera utilisable à tout moment, par une ou plusieurs personnes, sans jamais appartenir à aucun d'entre eux. Elle pourra être en libre service avec les Autolib par exemple, ou bien louée à la demande pour transporter des objets volumineux ou effectuer des trajets plus longs.

Une auto pourra également être achetée à plusieurs afin d'alléger le coût initial et de rentabiliser une utilisation plus raisonnée. Le succès du covoiturage a également changé la donne. Cette tendance vise à une rentabilisation optimale des véhicules. La Californie réserve même des voies spécialement pour les co-voitureurs sur ses autoroutes. Si ce phénomène n'est pas nouveau, il tend néanmoins à s'étendre en dehors des villes, et c'est là même que tient tout l'enjeu du véhicule autonome.

Un usage modéré

D'un point de vue idéologique, l'attachement à ce mode de déplacement sera plus nostalgique. Tout comme certains regrettent les déplacements à cheval, les voitures pourraient bien devenir des objets de collection. Exposées dans un garage, elles nesortiraient que le week-end pour le plaisir de leurs utilisateurs occasionnels.
D'ici 2030, le marché de la voiture autonome est estimé à 87 millions de dollars. Si les voyages en dehors des agglomérations s'effectueront sans doute plutôt en train, le véhicule autonome restera prévalant des villes.

La tendance est à un usage modéré. Ainsi, les automobiles seront moins nombreuses sur les routes mais transporteront plus de voyageurs à la fois. De même, le nombre de véhicules immobilisés sera plus restreint.
« Rien n'est permanent, sauf le changement » disait Héraclite d'Ephèse. En constante mutation, la société entière évolue dans ses pratiques et ses usages. Le domaine de l'automobile n'échappe pas à cette logique. Face aux constructeurs, les alternatives plus économiques et écologiques se multiplient : location, transport en commun ou encore autopartage.

(1) Transport research, rapport « innovation urban mobility » pour la commission européenne, 2013 Pour autant, cette transition vers d'autres modes de déplacement ne doit pas inquiéter mais s'intégrer petit à petit aux usages quotidiens. Fredrik Gertten, réalisateur du documentaire danois « Bikes vs Cars » qui se penche sur le retour en force du vélo dans les grandes villes, compare cette mutation à l'interdiction de la cigarette dans les lieux publics : « Personne ne voulait changer et pourtant
personne ne veut revenir à l'époque où l'on fumait dans les restaurants2. »

2 « Vélos contre voitures : un choix politique », blog transport du monde, 13/09/2015