Le retour au bureau, un enjeu d'engagement et de fidélisation des talents dans le "monde d'après"

Par Latifa Hakkou (*)  |   |  731  mots
(Crédits : DR)
OPINION. De confinements en dé-confinements successifs, la crise sanitaire a obligé les entreprises à repenser dans l'urgence leur organisation sur les lieux de travail, pour respecter les recommandations gouvernementales et protéger leurs salariés. (*) Par Latifa Hakkou, Présidente de l'Arseg (Association des directeurs de l'environnement de travail).

Tout en assurant au maximum leur continuité opérationnelle, dans un contexte tout aussi inédit, qu'incertain, elles ont géré les mesures de confinement, de suspension des activités, de télétravail et des moyens logistiques ou matériels.

Les Directions de l'Environnement de Travail* (DET) ont endossé une large part de cette responsabilité en faisant preuve de résilience pour s'adapter à ces nouvelles donnes sur les lieux de travail.

À l'heure du troisième déconfinement, annoncé pour le 9 juin, elles doivent prendre en compte dès à présent toutes les dimensions que cette crise a imposées : la sécurité sanitaire, le confort des salariés, le réaménagement des espaces de travail mais aussi la productivité donc la performance de l'entreprise.

Le casse-tête du travail hybride

Avec l'expérimentation des nouveaux modes de travail imposés, les salariés sont nombreux à souhaiter conserver les bénéfices du travail hybride : gain de temps de transport, autonomie, équilibre vie privée/vie professionnelle, efficacité... tout en exprimant leur souhait de retrouver collègues et vie professionnelle plus normale. Ces derniers mois ont suscité chez les salariés des envies de changement et de renouveau mais également de nouvelles exigences « expériencielles » ou morales. De nombreuses études le démontrent, les salariés français auront à cœur, dans le monde d'après, de travailler pour des entreprises qui correspondent à leur valeurs tout autant que pour des entreprises qui leurs offrent une nouvelle expérience en tant que collaborateur : 58% des Français affirment ainsi être prêts à quitter leur entreprise si le décalage est trop important entre leurs propres valeurs et celles de l'entreprise et 1/3 des salariés déclare qu'il cherchera un travail qui a plus de sens après la crise **.

Dès lors, a réouverture des bureaux ne peut pas être pensée comme un « retour à la vie d'avant », les modalités du travail sont devenues flexible et les salariés n'envisagent plus le bureau comme avant. Les entreprises de la Silicon Valley reviennent du 100% télétravail et plébiscitent désormais le mode de travail hybride, ce n'est pas le fruit du hasard.

Cette nouvelle donne impose aux entreprises de revoir l'usage des bureaux au-delà de la seule optimisation des surfaces, souvent vue comme une simple réduction des surfaces. Repenser les espaces communs, les lieux de rassemblement comme les restaurants d'entreprises est d'ores et déjà acquis. Anticiper une potentielle fuite des talents au moment de la reprise passe aussi par l'expérience « bureau » proposée aux salariés.

Vers un bureau, espace de vie et de socialisation

Les directions de l'environnement de travail en étroite collaboration avec les DRH, les services HSE et les directions générales vont devoir faire preuve d'imagination et de créativité pour concilier optimisation de leur empreinte immobilière et expérience collaborateurs dans des bureaux repensés, afin de continuer à fidéliser et attirer les talents.

Le flexoffice qui s'impose progressivement permet de favoriser les espaces collaboratifs et de développer de nouveaux services pour les collaborateurs. Cette optimisation de surfaces doit s'accompagner d'une redéfinition des espaces de travail calculée sur le taux de présence des salariés au bureau et le nombre de jours des nouveaux accords de télétravail : de 2 ou 3 jours par semaine pour la majorité des entreprises.

Pour faire vivre ces nouveaux espaces et donner envie aux salariés de (re)venir au bureau, les services de l'environnement de travail doivent revoir et proposer de nouvelles expériences aux collaborateurs, en axant les propositions sur la personnalisation. Offres de restauration renouvelées (plus variée, plus créative avec des produits sains et frais, la valorisation de circuits courts), création de services bien-être in situ (spa, salle de méditation, salle de sieste, salle de massage), mise en place de services de santé (salle de consultation télémédecine, kinésithérapeute, nutritionniste, ...), la créativité et le redéploiement des moyens de l'entreprise, permettent d'entrer dans une nouvelle ère des bureaux pensés comme « hospitality ».

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* Directions environnement de travail ou direction des services généraux ou Facility Management

** «Baromètre de la santé psychologique des salariés en période de crise » Opinionway pour Empreinte Humaine / Etude « Les Français et les changements de vie » Opinionway pour ING