Pologne : le ralentissement économique se traduira-t-il dans les urnes ?

Par Deniz Unal  |   |  373  mots
(Crédits : CORINNA KERN)
OPINION- Le pays d'Europe de l'Est, qui s'est fortement inséré dans les échanges européens depuis trente ans, subit aujourd'hui les difficultés de son partenaire allemand. Par Deniz Unal, CEPII

L'Europe est au centre des scrutins du 15 octobre en Pologne : d'une part les élections parlementaires, d'autre part un référendum tactique, organisé le même jour par le gouvernement ultraconservateur PiS et portant sur quatre questions a priori impopulaires dont celui-ci espère le rejet ; ce qui le conforterait aux élections parlementaires. Parmi ces questions, figure celle de l'acceptation ou non du dispositif européen en faveur de l'accueil des migrants.

L'insertion de la Pologne dans l'économie européenne constitue aujourd'hui un enjeu important pour ce pays (voir graphiques 1 et 2), qui pourrait peser sur le résultat des urnes : 83 % de ses exportations y sont destinées et 68 % de ses importations en proviennent (respectivement 28 et 24 % avec le seul partenaire allemand). Amorcée à partir de l'entrée en vigueur de l'accord d'association signé en 1992, cette insertion s'est approfondie après l'adhésion, en 2004, de la Pologne à l'Union européenne (UE).

Le degré d'ouverture de l'économie polonaise, mesuré par la moyenne de ses exportations et de ses importations en pourcentage du PIB, se situait à 20 % au début des années 1990 ; elle frôle désormais les 60 % (graphique 3), dépassant la moyenne européenne (49 %). Ses principaux excédents se concentrent sur les services de transport, les meubles, les services juridiques et de comptabilité et les pièces de véhicules automobiles. Son insertion dans les réseaux européens est étroitement liée à sa division de travail avec l'Allemagne dans les filières des véhicules, du matériel électrique et de l'électronique.

Depuis l'intégration à l'Europe, le revenu des Polonais a significativement augmenté : le PIB par tête réel du pays en parités de pouvoir d'achat s'élevait à moins de 40 % de la moyenne européenne en 2004 ; il atteint désormais 80 % de celle-ci.

Mais les temps sont durs pour l'économie polonaise aussi. Les difficultés actuelles du « moteur allemand » semblent l'affecter de plein fouet. Le ralentissement économique se traduira-t-il dans les urnes ? Réponse ce dimanche.

Par Deniz Unal, Économiste, rédactrice en chef du Panorama et coordinatrice des Profils du CEPII - Recherche et expertise sur l'économie mondiale, CEPII

Pour approfondir la question de l'insertion internationale de l'économie polonaise, voir les pages interactives Les Profils du CEPII.