« L'Eurométropole consacre Strasbourg comme capitale européenne »

Par Propos recueillis par Olivier Mirguet  |   |  841  mots
Robert Hermann, président (PS) de l'Eurométropole de Strasbourg
Robert Hermann, président (PS) de l' Eurométropole de Strasbourg, oeuvre depuis le 1er janvier 2015 à la transformation de la Communauté urbaine en Eurométropole. De fait, la capitale parlementaire se voit renforcée dans ses missions européennes. Ce statut exclusif doit conférer à ses élus et dirigeants un regard transfrontalier qui faisait défaut aux institutions. Mais les arbitrages financiers avec l'Etat et les autres collectivités territoriales restent indécis.

La Communauté urbaine de Strasbourg se rebaptise Eurométropole. Quels sont les liens entre cette nouvelle identité et la défense de votre statut de capitale parlementaire, en concurrence permanente avec Bruxelles ?

L'Eurométropole consacre pour la première fois dans le droit national le rôle spécifique de la ville de Strasbourg comme capitale européenne, siège de diverses institutions européennes comme le Parlement européen et le Conseil de l'Europe. Depuis 1980, les contrats triennaux nous ont permis de faire face à ces charges supplémentaires avec la participation de l'Etat et des autres collectivités. Jusqu'à présent, les contrats n'étaient pas inscrits dans la loi.

La contribution de l'Etat est tombée de 117 millions d'euros en 2009-2011 à 47 millions d'euros en 2012-2014. Aucun montant n'est inscrit dans la loi. Le conseil général du Bas-Rhin ne veut plus rien co-financer. Le contrat triennal risque de se vider de sa substance...

Il y a eu un gros effort consacré à la construction de la deuxième phase du TGV-Est et au chantier de réaménagement du palais des congrès de Strasbourg dans les deux derniers contrats triennaux. Les chiffres évoluent au fil des grands projets. Les négociations pour le prochain contrat seront arrêtées fin janvier. Les lignes aériennes vers cinq capitales européennes, sous obligation de service public, sont essentielles à notre accessibilité et devront être maintenues.

Il n'était pas seulement question de l'Eurométrople dans les décrets du 23 décembre 2014. Neuf autres métropoles sont apparues. Nice existait déjà. Quelles sont les spécificités territoriales strasbourgeoises ?

Strasbourg affirme son positionnement dans la grande région élargie qui englobera Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne. Le pôle Nancy-Metz va se renforcer. En Champagne-Ardenne, les liens entre les villes vont se muscler aussi. L'Eurométropole arrive à point nommé. Ses ambitions ne sont pas différentes de celles de la Communauté urbaine, mais elles vont s'exprimer de manière plus forte. Il y a de nouvelles compétences obligatoires, comme la participation au pilotage des pôles de compétitivité, à la gouvernance et à l'aménagement des gares, qui sont essentielles pour nous.

Le préfixe Euro va-t-il modifier le fonctionnement de l'administration strasbourgeoise et de ses 28 communes ?

Au conseil communautaire, instance de décision, se rajoutera le conseil de développement qui ne sera pas décisionnaire et se mettra en place dans le semestre à venir, avec une centaine de membres dont une quinzaine d'Allemands et de représentants des institutions européennes. Il pourra se saisir de l'évaluation des politiques publiques et pourra produire des auto-saisines sur les sujets qui l'intéressent, comme le développement économique et la transition énergétique. Dans le conseil de développement, il y aura des personnes de la société civile, universitaires, professionnels, chefs d'entreprises, représentants du monde de l'énergie, de la protection de la nature. Mais aucun élu.

Pourquoi n'avez-vous pas profité de la création de l'Eurométropole pour fusionner l'agglomération et le département, sur le modèle lyonnais ?

J'ai fait une offre de dialogue pour nous engager dans une telle expertise. Dans un premier temps, Guy-Dominique Kennel, le président UMP du conseil général, était d'accord pour rentrer dans une étude. Et puis il s'est mis à freiner des quatre fers : tant que la loi de nouvelle organisation territoriale de la République n'était pas votée, il ne serait pas question d'ouvrir le débat. Je le regrette. Nous aurions pu faire en sorte que nos directions générales se rencontrent et produisent une expertise financière analytique du nombre de postes sur chacune de nos missions. L'idée, c'était le transfert de l'ensemble des compétences exercées par le conseil général sur le territoire de l'agglomération, avec la fiscalité et le personnel y afférant. Je souhaite vivement que les citoyens interrogent les candidats pendant la campagne pour les élections départementales, qui se tiennent en mars.

Vous n'êtes pas candidat pour un nouveau mandat dans cette assemblée, où vous siégez depuis 2001 ?

Je vais consacrer tout mon temps à l'Eurométropole. Je serai plus à l'aise pour discuter avec le département plutôt que d'être un élu minoritaire dans cette assemblée. En Alsace, le secteur rural n'existe pas. C'est un tissu rurbain, très conservateur sur le plan politique.

L'Eurométropole aura-t-elle une stratégie de marketing territorial distincte des opérations passées, menées de façon décousue par les collectivités alsaciennes ?

On doit simplifier le millefeuille dans le marketing territorial et la promotion économique. L'Eurométropole ne mettra pas en place une nouvelle agence de développement économique. Dans sa promotion, elle continuera à s'appuyer sur la campagne existante, qui s'appelle « Europtimist ». Je souhaite cependant trouver des voies de rapprochement avec Marque Alsace du Conseil régional. Nous devons nous renforcer mutuellement en organisant des actions communes à l'occasion de salons, de déplacements, en chassant en meute.