Strasbourg et Mulhouse, alliées pour une ambition commune

Strasbourg et Mulhouse ont conclu une alliance inédite pour décrocher le label French Tech. Et pour regarder, ensemble, vers la Suisse et l'Allemagne.
À Mulhouse, la réhabilitation des anciens bâtiments de la Société alsacienne de constructions mécaniques donnera naissance à KM0 (ou kilomètre zéro), futur lieu totem numérique de la ville.

« On est à la recherche de nouvelles opportunités ».

Selon Jean Rottner, maire (UMP) de Mulhouse, la candidature pour le label French Tech représente « une source de nouvelles perspectives transfrontalières »
pour l'agglomération menacée par la désindustrialisation dans ses secteurs traditionnels, l'automobile et le textile. Le travail commencé cet été avec la communauté urbaine de Strasbourg, son partenaire dans le pôle métropolitain qui instruit le dossier régional French Tech, porte « au-delà d'une réflexion locale sur l'économie numérique »,
souligne Jean Rottner. Dans ce pôle, né en décembre 2011 et présidé par le strasbourgeois Robert Herrmann (PS), la collaboration économique est encore au stade des balbutiements. L'opportunité numérique arrive au bon moment, après les élections municipales de mars 2014, pour écarter le syndrome de la coquille vide.

« Nos agglomérations ont déterminé leurs points forts. Elles sont complémentaires, avec le textile connecté et la ville intelligente à Mulhouse, la santé et les technologies NFC à Strasbourg », argumente Jean Rottner.

L'outre-Rhin, terre de conquête

Mais le potentiel de l'économie numérique alsacienne est ailleurs. Rhénatic, réseau régional de 120 PME du secteur numérique, a déjà tissé des liens avec ses homologues bâlois. Ces derniers veulent s'inspirer des réussites des start-up alsaciennes connectées au pôle de compétitivité des sciences de la vie.

« Les Bâlois sont plus clairs que les Alsaciens quant aux enjeux mondiaux de l'excellence. Sachons en profiter », propose Romain Spinali, président de Rhénatic.

Regroupées sous la bannière associative Alsace Digitale, une quarantaine de start-up strasbourgeoises regardent, elles aussi, de l'autre côté du Rhin. Elles viennent d'organiser avec leurs homologues allemands du Black Forest Accelerator une rencontre consacrée à l'échange de bonnes pratiques : levées de fonds, business, animation de réseaux. Un week-end dont Stéphane Becker, l'animateur strasbourgeois, est revenu enthousiaste : il rêve de doubler la surface du plateau de travail collaboratif (300 m2) dont il assure la gestion depuis deux ans.

« Il ne faut pas oublier nos réalités territoriales. L'Allemagne et la Suisse sont nos
boosters », confirme Lilla Mérabet, vice-présidente du conseil régional d'Alsace chargée de l'innovation.

« L'Alsace n'est pas considérée comme une région forte dans les technologies de l'information », regrette Patrick Rein, fondateur à Mulhouse de la société de conseil en référencement Activis.

« On sait faire, mais on ne sait pas le dire. Il y a 80 formations supérieures dans ce secteur. Des entreprises industrielles comme Clemessy ou Hager peuvent devenir les leaders régionaux de l'économie numérique », détaille Patrick Rein, qui veut doter Mulhouse d'un lieu totem dédié au numérique, et se lance dans l'immobilier d'entreprise. Avec huit investisseurs locaux, il propose à la mairie de réhabiliter une friche industrielle, sur 15.000 m2, et d'y installer un incubateur, un centre de formation et un laboratoire de fabrication (fab lab).

Ce lieu sera baptisé KM0, ou kilomètre zéro, en référence à la première ligne de chemin de fer internationale qui partait de Mulhouse en 1841. Cet investissement privé, entre 8 et 10 millions d'euros, dotera Mulhouse d'une pépinière numérique très esthétique, dans l'esprit postindustriel de la Tate Modern londonienne, mais surproportionnée : les transactions annuelles, tous secteurs confondus, ne dépassent pas 23000 m2 à Mulhouse.

« On attend 200 entreprises et on rêve d'essaimer KM1 à Bâle et KM2 à Fribourg. KM0 sera opérationnel dès septembre », assure Patrick Rein, optimiste.

À Strasbourg, on a aussi choisi un ancien entrepôt pour aménager le lieu totem qui faisait défaut à l'économie numérique. La ZAC Danube, en plein centre ville, ne manque pas de friches à réaffecter au développement de l'économie. Mais la collectivité, qui en assure elle-même le financement, est plus modeste que les Mulhousiens. Dans six mois, le « Shadok » (2.000 m2) regroupera des porteurs de projets culturels, médicaux, des créateurs de jeux et de bandes dessinées. Une alchimie dont les créateurs de start-up ne comprennent pas vraiment l'enjeu.

« Ce qu'on attend, c'est des contrats », résume Stéphane Becker.

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>>> Pour en savoir plus sur la French Tech en métropoles

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