"Le dossier French Tech pour l'Alsace sera déposé en décembre"

Strasbourg n'a pas obtenu le Label French Tech, mais Thiébaut Zeller, vice-président de la commission Economie numérique à la CCI de la région Alsace, qui met tout en œuvre pour dynamiser le territoire. Entretien.
Thiébaut Zeller, vice-président de la commission Economie numérique à la CCI de la région Alsace.

La Tribune. L'Alsace ne figure pas parmi les premières collectivités labellisées French Tech. Allez-vous rattraper le retard ?

Thiébaut Zeller. Le dossier French Tech va être déposé en décembre. La candidature alsacienne est originale mais compliquée : elle implique les deux villes de Strasbourg et Mulhouse, regroupées au sein d'un pôle métropolitain dont cette candidature constitue le premier projet de développement économique. Chaque ville veut avoir son lieu totem. Le Shadok, à dominante publique, se construit à Strasbourg. Le km0, à dominante privée, émerge sur une friche industrielle à Mulhouse.

N'y a-t-il pas un problème de taille critique dans cette petite région ?

La masse critique d'entreprises existe en Alsace. La grappe Rhénatic, qui représente 2.500 emplois, a fait un gros travail pour massifier l'économie numérique dans la région. Il faut mettre en lumière cette masse critique d'entreprises pour faire en sorte que les politiques comprennent que ce sont d'abord les entreprises qui sont en jeu.

La Tribune - L'absence de leader est-elle préjudiciable au développement de la filière ?

Le secteur numérique alsacien totalise plus de 12.000 salariés dans les métiers qui relèvent purement du numérique : commerce, conseils, édition, infogérance, fabrication et télécommunications. Ce sont essentiellement des TPE. 88 % des entreprise du secteur emploient moins de 10 salariés. Pour la CCI, il est donc essentiel que l'économie numérique regarde au-delà des recensements qui ont été faits.

La Tribune - Comment entendez-vous consolider la filière ?

Ce ne sont pas les acteurs du web, mais ceux qui intègrent le numérique dans leurs process qui nous intéressent. On cherche ceux qui s'impliquent dans les usages numériques à travers leurs process et leurs produits. Dans la mécanique ou l'équipement électrique, des entreprises de taille intermédiaire comme SEW Usocome, Hager ou Socomec doivent donc contribuer à la masse critique du secteur numérique. Les dirigeants de ces ETI sont conscients de l'importance de la candidature French Tech. Le travail de la CCI consiste à les aider à intégrer le numérique dans la gouvernance de l'entreprise. Le problème, c'est de savoir si ces dirigeants vont vouloir être acteurs du projet French Tech.

La Tribune - L'Alsace perd chaque année des emplois industriels. N'est-ce pas le moment de renforcer des filières de services ou d'attirer de nouveaux investisseurs ?

Notre vision est claire. Elle tient autour du développement endogène. Pendant des décennies, on a voulu faire venir des entreprises étrangères en Alsace. Il y a eu des succès dans tous les secteurs de l'industrie. La crise nous a durement touchés. Nous avons atteint le fond du trou, et nous sommes déjà dans le rebond. Aujourd'hui, nous savons que c'est le développement endogène qui doit compter.

La Tribune - Ces pôles existent déjà, dans les technologies médicales ou dans la construction écologiqiue. Comment entendez-vous les développer ?

La région va continuer d'attirer des compétences. A Mulhouse, le km0 répond fondamentalement à notre idée. Ce lieu d'échanges, opérationnel cet hiver, comprendra un centre de prototypage rapide et donnera accès à la R&D aux PME. L'entreprise qui tiendra la route, c'est celle qui créera de la valeur ajoutée différentielle. En créant de la compétence endogène, nous allons susciter de l'intérêt et stimuler la croissance. La désindustrialisation ne fait que renforcer notre volonté de mettre en oeuvre cette stratégie.

La Tribune - Certains usages numériques, comme le big data, sont encore absents en Alsace. Y a-t-il des freins ?

Le big data va intégrer notre stratégie. Mais c'est encore compliqué. Les collectivités territoriales ne jouent pas le jeu. C'est simplement lié à la sensibilité des élus. Les entrepreneurs ne doivent pas attendre que les autres fassent le travail. C'est à la société civile de bouger.

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