Cailabs multiplie par 400 les débits des réseaux de fibre optique

Par Pascale Paoli-Lebailly, à Rennes  |   |  716  mots
Après une deuxième levée de fonds de 450.000 euros en 2015, Cailabs soutient la commercialisation du boîtier Aroona par une nouvelle collecte de 1,05 million d'euros.
Les boîtiers de Cailabs permettent de multiplier par 400 le débit des réseaux de fibre optique. Grâce au débit record de 2 petabits/seconde obtenu par l'opérateur japonais KDDI, la jeune entreprise rennaise a gagné en visibilité. En 2016, elle compte déployer sa technologie auprès des réseaux professionnels publics et privés, et tripler son chiffre d'affaires.

Dans le monde des télécoms et des réseaux d'entreprise, la découverte de Cailabs est jugée très prometteuse, et c'est même chez Alcatel Lucent que la preuve de concept s'est transformée en projet légitime.

L'installation à Rennes de cette jeune entreprise fondée en 2013 n'est donc pas anodine. Sur cette terre historique des télécoms et des réseaux, Cailabs a trouvé un écosystème favorable pour grandir. Sa technologie, qui permet de multiplier par 400 le débit des réseaux de la fibre optique, lui ouvre d'intéressantes perspectives de développement en France et à l'international. Sa trouvaille ? Amplifier, grâce à un bloc de verre, les faisceaux lumineux qui sortent des lasers. Testés l'an passé en Asie, les composants Cailabs ont même permis à l'opérateur japonais KDDI de battre un record mondial atteignant un débit de 2 petabits/seconde. Cela équivaut à faire transiter 250 disques durs d'un Tera Octet (To) par seconde !

Campus universitaires et hospitaliers

L'opérateur nippon est notamment intéressé pour booster son réseau villes à villes, mais d'autres champs d'applications existent. La problématique du débit de la fibre est très importante dans les milieux hospitaliers, notamment pour l'imagerie médicale, et universitaires.

Sachant que le débit en fibre optique pour les réseaux professionnels est limité à 100 Mbits/seconde, Cailabs leur propose de passer de 100 Mbits/sec à 40 Gbits/sec.

La jeune pousse, qui a réalisé sa première levée de fonds de 1,1 million d'euros en novembre 2013 auprès d'Innovacom, de Kima Ventures et de business angels, entre aujourd'hui en phase de commercialisation de son produit. Avec ses boîtiers, Proteus pour les cœurs de réseaux et Aroona pour les réseaux d'entreprise, Cailabs porte d'abord ses efforts sur les débouchés en France et dans les pays francophones avant d'attaquer l'international et notamment les Etats-Unis.

« Cailabs est une émanation d'un laboratoire parisien. J'ai fait cette découverte lors de mon doctorat au sein de Kastler Brossel, spécialisé en physique fondamentale et dans le cadre d'une collaboration dans une université australienne. Cette expérimentation de R&D est ensuite devenue un projet d'entreprise mené avec deux associés, Nicolas Treps, professeur d'université et Guillaume Labroille, le directeur technique de Cailabs. Après deux ans sur le territoire rennais, notre société emploie quinze personnes. En 2016, nous visons un chiffre d'affaires de 1 million d'euros, soit plus de trois fois celui de 2015 », ambitionne Jean-François Morizur, jeune ingénieur de 30 ans et président de l'entreprise.

De Ouest France à la CUB d'Alençon

La priorité pour 2016, c'est le marché des réseaux locaux d'entreprises, de sites industriels et des collectivités. En partenariat avec des intégrateurs réseaux comme AZNetwork ou C2C Réseaux,  Cailabs a déjà signé une dizaine de déploiements pilotes : au siège rennais du quotidien Ouest-France, dans des universités comme Pierre et Marie Curie, au CHU de Nanterre et à la CUB d'Alençon. Grâce à la technologie de Cailabs, l'université Rennes 1 a multiplié par 300 le débit de son réseau. Au-delà des campus et des CHU, la jeune pousse vise aussi les industriels de l'agroalimentaire et les laboratoires.

Après une deuxième levée de fonds de 450.000 euors en 2015, Cailabs soutient la commercialisation du boîtier Aroona par une nouvelle collecte de 1,05 millions d'euros. Conclue auprès de ses premiers investisseurs dont d'Innovacom Gestion et des business angels, elle va permettre de renforcer les équipes commerciales et la production.

« On donne une nouvelle jeunesse à de vieux réseaux. C'est une solution moins coûteuse que de refaire un réseau enterré, ajoute Jean-François Morizur. Un débit de 40 gigabits par seconde est déjà nettement plus confortable pour un réseau local. La problématique des débits face à une activité gourmande en bande passante affecte la productivité des entreprises. Pour l'instant, nous n'avons pas prévu d'application pour le grand public. Notre deuxième marché concerne les data centers et les opérateurs télécoms. »

Les réseaux télécoms de demain sont l'avenir de Cailabs, mais dans les cinq ans qui viennent, la pépite rennaise compte développer d'autres produits afin d'adresser de nouvelles typologies de problématiques.