JO Paris 2024 : ce sera dans le 93 !

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  899  mots
Toutes les nouvelles implantations seront à proximité du Stade de France
La Seine-Saint-Denis, entre le Stade de France, le Bourget et Aubervilliers, est, de loin, le meilleur territoire pour construire les infrastructures olympiques pour 2024. C’est ce que montre Bernard Lapasset, patron de la candidature de Paris aux JO, dans un rapport confidentiel dont nous dévoilons le contenu. Un territoire compatible avec le cahier des charges du CIO et la montée en puissance du Grand Paris.

Bernard Lapasset, copatron avec Tony Estanguet, de la candidature de Paris aux JO 2024 a étudié et fait étudier pendant des mois, plusieurs sites autour de Paris. Le but : trouver la meilleure implantation des infrastructures manquantes pour gagner contre Boston, Berlin ou Istanbul.

Il a rendu 5 rapports (toujours confidentiels) à Anne  Hidalgo, Jean-Paul Huchon, Claude Bartolone, Patrick Kanner et Thierry Braillard. François Hollande n'ayant pas souhaité en avoir un pour pouvoir rester au-dessus de la mêlée.

Ce qu'il y a dedans? Deux scénarios d'implantation: l'un au nord de Paris, l'autre au sud. Les critères sur lesquels il a travaillé : une disponibilité foncière suffisante pour construire (essentiellement: le parc olympique, le centre des médias et le centre nautique), des lieux facilement et rapidement accessibles aux visiteurs comme aux athlètes, des lieux compacts avec une faible distance entre les sites, et enfin, des lieux à forte capacité d'hébergement.

Certains sites ont été écartés d'entrée de jeu, dont celui dit du Grand Sud, du côté d'Evry, là où la Fédération française de rugby va édifier son grand stade. Serge Blanco et Manuel Valls vont devoir se faire à l'idée : le futur stade a été jugé trop mal desservi pour être retenu pour les JO.

Idem pour Gennevilliers, trop difficile d'accès pour rejoindre le Stade de France. D'autres sites sont en suspens, comme celui des Groues: un terrain sur la commune de Nanterre et contigu à l'Arena 92 que construit Jacky Lorenzetti pour le Racing où un village olympique serait possible. Reste à savoir si l'aménageur privé Unibail Rodamco accélèrera ou non le timing de construction.

Trop d'incertitudes foncières et mauvaises connexions au sud de Paris

Mais, en fait, tout le rapport se résume à un affrontement Nord-Sud. Au sud, l'implantation olympique pourrait se faire sur un pôle regroupant les Ardoines (un projet majeur du Grand Paris où pourrait se construire le centre nautique et trois grands pavillons), la porte de Choisy (pour le hockey, le water polo et le tir), l'ensemble Orly-Thiais-Rungis (village olympique et centre médias y seraient installés) jusqu'au Parc des expositions de la Porte de Versailles.

Verdict, après des mois d'études : trop éclaté, pas très bien desservi, beaucoup trop loin du Stade de France, truffé d'inconnues (EDF n'a toujours pas donné de dates précises pour libérer les terrains des Ardoines occupés par une centrale électrique), "le scénario sud n'apporte pas les mêmes certitudes que celles développées par le scénario nord", indique le rapport. "La faisabilité technique n'est pas totalement avérée pour le village olympique et le centre des médias". Aucune solution idéale pour le village, une connectivité compliquée... exit le sud, le nord a gagné !

Stade de France-Courneuve-Aubervilliers, territoire de rêve pour le CIO

L'implantation en Seine-Saint-Denis semble en effet idéale: elle est compatible aussi bien avec le cahier des charges du CIO qu'avec le timing du Grand Paris.

Le scénario nord s'articule autour du Stade de France, du centre aquatique d'Aubervilliers et d'un parc olympique qui englobe le sud de l'aéroport du Bourget, le parc Georges-Valbon et le parc interdépartemental des sports de Marville. Il est "compact et fonctionnel". Le village olympique pourrait ainsi être, à Saint-Denis Pleyel où le futur Quartier universitaire international (QUI) du Grand Paris couvre les besoins du village olympique, sur le site PSA d'Aulnay où 35 hectares sont constructibles pour des logements, ou enfin, c'est la préférence de la commission, dans le Parc de La Courneuve, si les accès sont faits à temps, en liaison avec le Central Park de Roland Castro.

Le hockey sur gazon irait aussi dans le Parc (le stade de Marville) ainsi que le water polo (la piscine de Marville) et le tir. Le centre des médias serait lui dans le Parc des Expositions de Villepinte et la natation à Aubervilliers, où un centre nautique y est prévu depuis longtemps et son financement presque bouclé.

Ce scénario a toutes les qualités aux yeux de Bernard Lapasset : plus de 80% des athlètes y seront à moins de 30 minutes des stades ou des lieux des épreuves (Stade de France, Champ de Mars, Grand Palais, etc.) et dans certains cas, à moins de 20 minutes, et les transports sont suffisamment performants pour les 151.000 personnes attendues chaque jour au Stade de France, les 106.000 au Bourget-La Courneuve et les 38.000 à Marville.

L'assurance d'un budget low cost

L'implantation idéale est donc dans ce territoire Stade de France-La Courneuve- Villepinte- Aubervilliers. C'est celui qui présente le plus fort potentiel aux moindres coûts : l'État a déjà décidé les infrastructures de transports, le privé est en voie de mobilisation, l'existant sportif est très fort sur le Central Park et l'ensemble ne devrait pas excéder le budget prévu.

Sur les 3 milliard d'euros annoncés par Bernard Lapasset, 1,9 milliard va aller à la construction du village olympique majoritairement financé, comme le centre des médias, par le privé.

"C'est la ville qui va présenter la candidature la plus authentique en matière d'héritage et de développement durable qui va gagner", a dit Thomas Bach le patron du CIO.

Avec des épreuves dans le cœur historique de Paris et un village olympique dans un parc, Bernard Lapasset pense tenir le bon bout.