Hidalgo veut drastiquement réduire la place de la voiture au cœur de Paris dès 2022

Par latribune.fr  |   |  737  mots
Le prospectus de la consultation disponible sur le site de la mairie de Paris, précise que, "le trafic de transit, c’est-à-dire les véhicules traversant la zone sans s’y arrêter, [sera] généralement interdit". Photo d'illustration : embouteillage à Paris dans le secteur des grands boulevards au centre de Paris. (Crédits : Reuters)
Alors qu'il existe quelque 238 "zones à trafic limité" dans huit pays européens (dont 228 pour la seule Italie qui a lancé le mouvement dès les années 1970), Paris se lance à son tour dans la transformation de son espace public, qui devrait aboutir à la création de la troisième "zone à trafic limité" (ZTL) française (après Nantes en 2012 et Grenoble en 2017). Le maire adjoint David Belliard (EELV) a détaillé le périmètre concerné et comment s'organisera la consultation pour mener à bien ce projet de "piétonnisation du centre de Paris", promesse de campagne de la maire sortante (PS).

La mairie de Paris veut faire plus de place aux piétons, vélos et transports en commun dès 2022 dans le centre de la capitale en "réduisant drastiquement" le trafic des véhicules traversant la zone sans s'y arrêter, explique l'adjoint à la voirie David Belliard au lancement d'une concertation sur le sujet.

Un vaste périmètre concerné

La "Zone apaisée Paris Centre et Saint-Germain" concernera l'ensemble du secteur de Paris Centre, qui regroupe depuis 2020 les 4 premiers arrondissements de la capitale, et la partie de la rive gauche située au nord du boulevard Saint-Germain dans les Ve, VIe et VIIe arrondissements.

Cette "zone à trafic limité" (ZTL) a "pour ambition de réduire drastiquement le trafic de transit pour faire la part belle aux piétons, aux vélos et aux transports en commun", a expliqué sur Twitter David Belliard, adjoint (EELV) de la maire PS Anne Hidalgo chargé de la transformation de l'espace public.

Ce dispositif, déjà en vigueur dans plusieurs villes de France (Nantes depuis 2012, à Grenoble depuis 2017) ou d'Europe (à Milan depuis de très nombreuses années, à Rome, Madrid...), vise aussi à "protéger la santé des parisiens en diminuant la pollution atmosphérique, de réduire l'ambiance sonore de plus de 2 décibels", explique aussi le communiqué de la ville de Paris

L'Ademe a publié en juin 2019 un document fort intéressant intitulé "Les Zones à trafic limité en Europe" (voir lien en pied d'article) où l'organisme rappelle en préambule qu'il a recensé quelque 238 zones à trafic limité (ZTL) en fonctionnement à la date de janvier 2019 dans 8 pays européens. L'Ademe, qui met en exergue la performance de l'Italie qui concentre à elle seule 228 ZTL, parce que la mesure a été adoptée dès les années 1970, affirme :

"Aucun dispositif similaire n'a été trouvé ailleurs dans le monde."

La consultation a débuté mercredi, le projet doit être bouclé en octobre

À Paris, la consultation lancée mercredi 14 mai 2021, et qui est censée aboutir en octobre au bouclage du projet avant une mise en place de la ZTL au cours du premier semestre 2022, doit notamment permettre de "préciser les catégories de véhicules autorisés à entrer dans le centre", explique la mairie sur son site. La question des deux-roues y sera posée.

Assistaient à cette réunion publique tenue ce mercredi 12 mai par David Belliard, adjoint à la maire de Paris: Ariel Weil, maire de Paris Centre, Florence Berthout, maire du 5e arrondissement, Jean-Pierre Lecoq, maire de 6e arrondissement de Paris et Rachida Dati, Maire du 7e de Paris.

"Il n'est pas question de supprimer tout le trafic"

"Si Paris souhaite réduire le trafic de transit, pour autant il n'est pas question de supprimer tout le trafic", prévient David Belliard. "Les riverains, les personnes à mobilité réduite, les taxis, les artisans et commerçants du quartier, etc., pourront continuer à y accéder."

Des modifications des plans de circulation locale à venir

La concertation doit aussi permettre de déterminer les modalités d'accès à la ZTL. Outre une adaptation de la signalétique, "nous souhaitons limiter le nombre d'accès possibles" via "des modifications des plans de circulation locale pour réduire les voies de passage", explique David Belliard à l'AFP.

"Évidemment, cela nécessitera des agents de la mairie sur le terrain."

Le transit représente jusqu'à 40% et 60% du trafic dans ce secteur

Le trafic de transit représente entre 40% et 60%, suivant les heures, de l'ensemble du trafic automobile dans ce secteur, souligne l'adjoint pour lequel 180.000 voitures passent chaque jour dans cette zone, soit "10 fois plus que le nombre de voitures de celles et ceux qui y habitent".

Dans son programme pour sa campagne de réélection en 2020, Anne Hidalgo, candidate potentielle à la présidentielle de 2022, avait promis "la création d'aires piétonnes dans tous les quartiers" et "la piétonnisation du centre de Paris".

Son premier mandat avait été marqué par un long bras de fer politique et juridique pour fermer à la circulation une partie des voies sur berges de la Seine, désormais réservées aux piétons.

(avec AFP)

___

ANNEXE

Les zones à trafic limité (ZTL) en Europe, ADEME, juin 2019