Vélib' : sous la pression du Grand Paris, Smovengo propose une sortie de crise

Par César Armand  |   |  840  mots
Le déploiement du dispositif Smovengo, prestataire retenu pour le marché des Vélib’ à Paris, a pris du retard. (Crédits : GONZALO FUENTES)
Le prestataire en charge du Vélib' métropolitain, Smovengo, pressé par la mairie de Paris et la métropole du Grand Paris, a présenté, ce 3 mai 2018, un plan de sortie de crise. Depuis son déploiement en janvier, l'opérateur accumule en effet les ratés et les retards dans les travaux de réhabilitation des anciennes stations jadis exploitées par JCDecaux et dans la livraison des nouvelles infrastructures.

[article mis en ligne à 10h22 le 3 mai 2018, actualisé à 16h30]

Retard à l'allumage, bugs informatiques et depuis dix jours, mouvement social. Les dirigeants de Smovengo, consortium emmené par l'Héraultais Smoove qui exploite depuis le 1er janvier les Vélib' parisiens, ont été convoqués, mercredi 2 mai à l'Hôtel de Ville de Paris, par la maire Anne Hidalgo, le président de la métropole (MGP) Patrick Ollier et la présidente du syndicat Autolib' Vélib' Métropole Catherine Baratti-Elbaz.

L'objectif : trouver une sortie de crise après les multiples ratés accumulés par le prestataire depuis le début de son déploiement en janvier 2018.

"La transition se passe mal"

Patrick Ollier a pris la parole dès début de la réunion :

« Nous sommes profondément insatisfaits du résultat actuel. Nous attendons de l'opérateur qu'il prenne des engagements concrets et publics. Et ces engagements devront être respectés », rappelant que le Vélib' métropolitain couvre 68 communes.

Sa première vice-présidente à la MGP, Anne Hidalgo, a ajouté que « la transition vers le nouveau Vélib' se pass[ait] mal ».

« Nous sommes confrontés depuis le début de l'année à une série de déconvenues inacceptables. Les Parisiens, très attachés à ces vélos en libre-service considèrent que le système qu'ils aimaient a été abîmé. Nous devons avoir un service qui fonctionne au plus vite, afin de retrouver la confiance des usagers ».

L'élue Catherine Baratti-Elbaz, présidente du syndicat Autolib' Vélib' Métropole, souligne quant à elle qu'« une nouvelle méthode de travail a été mise en place et que les nombreuses entreprises concernées sont enfin toutes mobilisées et coordonnées ». Par ailleurs, elle a insisté sur les conséquences pour les usagers.

« Il faut à présent que cette méthode conduise à des résultats. Cela implique de communiquer en toute transparence. »

"Des dysfonctionnements en chaîne"

Ce 3 mai 2018, Smovengo est sorti de son silence, reconnaissant des défauts techniques :

« Ce système sur batteries, choisi pour pallier temporairement aux difficultés d'électrification et permettre l'ouverture plus rapide des stations, n'avait jamais été imaginé pour tenir sur la durée ni sur un grand nombre de stations. Il génère des dysfonctionnements en chaîne qui provoque une embolie du système technique et d'exploitation. »

L'opérateur, qui assure que des actions sont menées depuis le 25 avril dernier pour parvenir à un résultat le 8 mai prochain au plus tard, propose ainsi de remplacer 3.000 vélos bloqués en station (dont 2.000 ont déjà été retirés) et de changer 400 stations sous batterie.

Smovengo dit également avoir arrêté, toujours le 25 avril, l'ouverture de stations sur batteries, promettant, « pour stabiliser le système », des infrastructures électrifiées. Aussi le consortium héraultais, qui s'apprête à retirer temporairement ses vélos à assistance électrique, affirme qu'Enedis accélère déjà le raccordement au réseau électrique, avec 42 % des stations couvertes à ce jour.

Déclarant 805 stations installées sur l'ensemble du territoire métropolitain au 2 mai 2018, l'opérateur promet de doubler les effectifs de son centre d'appel, de débloquer le compte des abonnés, de multiplier les mails d'information, et enfin d'augmenter le nombre d'"ambassadeurs" sur le terrain. Enfin, Smovengo s'engage à mettre en oeuvre un "plan de redéploiement" défini avec le syndicat Autolib' Vélib' Métropole, la mairie et la MGP.

3 millions d'euros d'amende

Déjà, début avril, le consortium héraultais s'était vu infliger, par le syndicat Autolib' Vélib' Métropole, une amende d'un million d'euros en raison de ses retards pris dans le déploiement des stations. Ce n'était pas la première, et peut-être que ce ne sera pas la dernière, puisque Smovengo avait été imposé du même montant pour les mois de janvier et de février.

Lors d'une conférence de presse sur ses résultats annuels, Jean-Charles Decaux, codirecteur général de l'entreprise éponyme, avait alors ironisé sur ses successeurs :

« Ce que je vois, c'est qu'ils ne sont pas à la hauteur des enjeux. Et en plus, ils ratent le plus facile (...) C'est le reste qui est compliqué. C'est de gérer les vélos, c'est de gérer les abonnés. C'est de répondre aux abonnés qui ne sont pas contents. »

Loin des objectifs initiaux de 700 stations au 1er janvier 2018 et de 1.400 au 31 mars pour la capitale et les communes de la métropole du Grand Paris, 345 seulement étaient en service début mars. Or, en janvier dernier, Smovengo, par la voix d'un de ses porte-paroles, avait promis de respecter le calendrier originel : « nous démarrons avec un niveau réduit, mais les délais seront tenus ».

Près de treize mois après l'attribution de ce marché public pour une durée de quinze ans et pour 600 millions d'euros toutes taxes comprises, le consortium héraultais a donc trouvé dans l'urgence une solution pour ses salariés et pour les 220.000 abonnés actuels.