Crise du logement : les agences immobilière en ligne résistent tant bien que mal aux turbulences du marché

La jeune pousse de l'immobilier Zefir, historiquement spécialisée dans la vente garantie, vient d'annoncer une levée de fonds de 11 millions d'euros. Son rival italien Casavo propose-t-il toujours cette offre de services ? Dans le même temps, l'achat instantané prôné par Homeloop fonctionne-t-il toujours en France ? Hosman séduit-il toujours les investisseurs et les vendeurs ? Eléments de réponse.
César Armand
Début avril, les réseaux traditionnels ressentaient, eux, un début de reprise au premier trimestre lié à une réduction des taux d'intérêt.
Début avril, les réseaux traditionnels ressentaient, eux, un début de reprise au premier trimestre lié à une réduction des taux d'intérêt. (Crédits : iStock)

La nouvelle a pris de court les professionnels de l'immobilier : en pleine crise de financement des jeunes pousses, et a fortiori en pleine crise du logement, la proptech Zefir a annoncé, le 22 avril dernier, une levée de fonds de 11 millions d'euros en série B, c'est-à-dire à la suite d'un deuxième tour de table. En février 2022, avant la remontée des taux d'intérêt, la startup s'était déjà fait remarquer de l'écosystème en annonçant une collecte de 20 millions d'euros.

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Pourquoi Zefir a changé de modèle ?

A l'époque, son co-fondateur et patron Rémy Fabre se positionnait sur le créneau du e-buying ou de la vente garantie, à savoir assurer l'achat d'appartements et de maisons pour propriétaires soucieux de vendre au prix le plus juste et dans les meilleurs délais.

A la différence de la concurrence qui achetait les biens dès le premier jour et payait les frais de notaire, Zefir préférait parapher des compromis d'une durée d'un an et s'acquitter des intérêts des crédits-relais de ses vendeurs avant de débloquer les liquidités.

Deux ans plus tard, la jeune pousse a changé de modèle d'affaires en réponse à la conjoncture. Depuis janvier 2023, elle propose non plus une vente garantie, mais une vente collective. La proptech gère la publication de l'annonce sur les sites Internet spécialisés et signe un mandat avec le vendeur avant de le déléguer à des agents immobiliers physiques.

Qui est gagnant ?

La startup sélectionne un agent référent qui gère les visites, en parallèle de quoi d'autres agences immobilières font des propositions d'acheteurs et s'échangent les contacts sur une seule et unique plateforme de ressources.

Avec un tel dispositif, les ventes sont conclues en 58 jours contre 110 jours chez les réseaux traditionnels, assure le PDG de Zefir à La Tribune. Toutes les parties prenantes sont gagnantes si le logement est vendu: sur un bien à 100.000 euros, le vendeur s'acquitte de 4 à 4,75% de frais de services selon la région.

Sur ce pourcentage, celui qui amène le vendeur gagne 50%, l'agent référent 30% et celui qui a recommandé un acheteur 20%. En un an, la jeune pousse revendique avoir réalisé 200 millions d'euros de transactions, dont la moitié en Île-de-France.

Casavo propose-t-il toujours cette offre de services ?

Une vente garantie qui ne fait plus recette non plus chez son rival historique Casavo. En juillet 2022, la proptech italienne avait communiqué sur une méga-levée de 100 millions d'euros en série D - 4ème tour de table - et l'obtention de 300 millions d'euros de dette.

Sa promesse hier: donner une estimation en ligne entre 95% et 105% du prix réel. Restait ensuite au vendeur à choisir entre deux options : soit vendre à 95% à la plateforme, soit vendre à 105% au marché.

Aujourd'hui, « nous avons mis en pause l'offre de vente garantie en raison de la volatilité du marché immobilier et des taux d'emprunt élevés, tout comme nous l'avons fait avec l'achat instantané en Italie. Nous croyons toujours en ces services, mais nous devons également garantir leur viabilité financière dans ce contexte économique », confie une porte-parole de Casavo à La Tribune.

En octobre 2022, la proptech avait par ailleurs fait savoir qu'elle achetait la française Proprioo, une agence immobilière en ligne française alors implantée à Lyon, Marseille, Nantes, Nice et Paris. « Cette opération stratégique nous a permis d'accéder au marché français avec un modèle économique existant et opérationnel », poursuit cette même source interne, qui assure être en bonne voie pour la rentabilité dans les douze mois.

L'achat instantané prôné par Homeloop fonctionne-t-il en France ?

Si l'achat instantané est sur pause en Italie, il fonctionne très bien en France. La nouvelle dirigeante de la jeune pousse Homeloop, Vanessa Benedic, a claironné, en janvier dernier, sa collecte de 4 millions d'euros auprès de partenaires bancaires. Et ce dix-huit mois après avoir repris la jeune pousse au Tribunal de commerce.

« Nous achetons de manière prudente et en gardant bien à l'esprit, à chaque achat, une potentielle baisse de prix. Cela nous permet donc de faire de belles transactions et de voir les stocks tourner de manière efficace. En parallèle, nous développons bien notre service d'accompagnement à la vente, qui correspond également à un besoin des clients vendeurs de maximiser le plus possible leur prix de vente », déclare, à La Tribune, une porte-parole de la startup.

Autre acteur emblématique de l'écosystème : Hosman qui affirme automatiser l'ensemble des tâches à faible valeur ajoutée du processus d'achat ou de vente, afin de laisser ses équipes prendre le temps d'accompagner leurs clients. La jeune pousse se distingue également des agences traditionnelles en fixant un prix à 4.900 euros.

Hosman séduit-il toujours les investisseurs et les vendeurs ?

Un modèle qui séduit les investisseurs puisqu'elle a réalisé une nouvelle levée de 3,5 millions d'euros en juillet 2023, après avoir collecté 1,5 million en 2018 et 6 millions en 2021.

« Hosman est la meilleure solution pour des vendeurs et acheteurs en temps de crise immobilière (moins chère, plus efficace), permettant de préserver son net vendeur », martèle ainsi auprès de La Tribune son co-fondateur Stanislas de Dinechin.

Le startuppeur revendique ainsi plus de 1.400 transactions, « malgré le retournement du marché de l'immobilier et la crise du financement des jeunes pousses ». Aussi assure-t-il encore que la proptech est rentable et « autonome vis-à-vis des investisseurs ».

Début avril, les réseaux traditionnels ressentaient, eux, un début de reprise au premier trimestre lié à une réduction des taux d'intérêt. Sauf que si les prix ont commencé à baisser, le nombre de transaction a encore reculé par rapport aux trois premiers mois de 2023.

César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 01/05/2024 à 8:51
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Un super article sorti par géo parle de la plus grande imprimante 3d construite au monde, dans le Maine aux États Unis donc, afin de répondre au besoin vital du logement et du manque général de main d’œuvre dans cette activité, parce que les travaill...

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