A Roubaix, OVH veut son campus... et vite !

Par Geneviève Hermann  |   |  727  mots
OVH investit chaque année 130 millions d'euros dans le monde.
Le leader européen de l’hébergement est prêt à lancer son campus sur une partie d’une friche industrielle attenante à son siège roubaisien. Il en a rapidement besoin pour continuer à exister face à ses gros concurrents que sont Amazon et Google. Mais le projet doit encore attendre l’aval des services publics.

Invité ce mercredi 28 janvier à parler de son projet de campus à la mairie de Roubaix devant un parterre d'une centaine d'entreprises et d'artisans présents à un déjeuner économique organisé par le maire Guillaume Delbar, le président d'OVH, Henryk Klaba, a une nouvelle fois fustigé l'administration française.

« J'ai le projet de construire à  Roubaix près de notre siège un campus très moderne qui accueillera plus de 1500 personnes de très haut niveau. Il y aura sur ce campus de la recherche, des laboratoires d'essai et même un incubateur. De notre côté, tout est prêt. Mais rien n'avance. Les lourdeurs administratives nous empêchent de démarrer. Je m'en fous des procédures. Mes concurrents sont de très grosses entreprises internationales comme Amazon et Google. Je ne peux pas prendre mon temps. Il me faut aller très vite », se plaint le président d'OVH.

 Le plus grand centre de données d'Europe

Il faut dire que l'histoire remonte à plus de cinq ans. A l'époque, le leader européen de sites web envisageait d'implanter un nouveau datacenter à Roubaix sur la friche Socochim qui jouxte son siège. L'occasion d'étendre son implantation dans la ville qui a vu naitre son entreprise. Mais face à la pollution du terrain et aux lourdeurs administratives, il abandonne son projet et part construire son équipement à Gravelines. D'une capacité de plus de 350 000 serveurs, c'est le plus gros centre de données d'Europe.

« Nous avions pourtant payé à l'époque une société spécialisée dans la dépollution pour qu'elle analyse les sols. La dépollution avait alors été estimé à 1 million d'euros. Nous étions prêts. Mais il a fallu attendre et maintenant les normes ont changé. Il faut tout recommencer » s'indigne Henryk Klaba.

Un dialogue difficile avec les collectivités

Depuis la mairie de Roubaix a changé de main. Guillaume Delbar s'est arrangé pour réduire le circuit administratif en permettant à OVH de traiter en direct avec l'Etablissement Public Foncier du Nord-Pas-de-Calais sans avoir à passer par la communauté urbaine de Lille. Que le nouveau maire de Roubaix soit troisième vice président à la MEL (Métropole Européene de Lille) a sans doute aidé.

« Je vous comprends. J'ai fait ce qui était en mon pouvoir pour lever les verrous. C'est le premier dossier dont je me suis occupé dès ma prise de fonction à la métropole. J'ai aussi proposé qu'on puisse tenir des réunions de crise si nécessaire », a tenu à préciser Guillaume Delbar.

 Pour Henrik Klaba, cela ne suffit pas. Son projet est très ambitieux :

« Il faudrait aller plus loin et organiser aussi des réunions avec les maires de communes autour de Roubaix. Car pour attirer les meilleurs talents sur notre campus nous avons besoin d'un environnement capable de les accueillir. Il faut créer un quartier autour du campus avec des logements, des commerces, des coiffeurs et un hôtel »

Un campus et des millions d'investissements

A Roubaix, OVH exploite déjà cinq datacenters. En août 2014, l'entreprise a ouvert son Training Center, un centre de formation dédié à la transmission en interne des savoirs sur des technologies en perpétuelle évolution. Ce centre de formation accueille déjà 25 personnes toutes les 3 semaines. Entre 400 et 800 serveurs sont fabriqués chaque jour sur le site de Roubaix. OVH est le plus grand client de Cisco en France.

Pour son campus, l'entreprise est prête à investir près de 40 millions d'euros.

 « Nous investissons 130 millions d'euros par an. Cela peut paraître beaucoup mais Amazon investit quant à lui 40 millions d'euros par mois. Il nous manque juste un zéro », ajoute Henryk Klaba.

C'est dire qu'OVH joue dans la cour des grands. Ses concurrents n'ont pas tous à faire face aux mêmes exigences administratives.

Pour le président d'OVH, pas question de prendre de risque en attendant trop longtemps :

« Si le projet traine trop à Roubaix nous irons implanter notre campus à l'étranger. Au Québec, la commune de Montréal a dépensé 100 millions de dollars pour dépolluer un ancien site de Rio Tinto Aluminium. Ils nous l'ont ensuite vendu à 1 dollar symbolique. Nous y avons construit un des plus gros datacenter du monde. Aujourd'hui, la commune nous remercie car nous sommes leur plus gros payeur d'impôts ».

Un argument qui devrait convaincre mais qui pourrait aussi passer pour du chantage.