Régionales/Sondage : en Normandie, Hervé Morin devance le RN de cinq points

Par Nathalie Jourdan  |   |  649  mots
Déjà en tête au premier tour, avec 31% des suffrages, Hervé Morin l'emporterait au deuxième tour avec 35% des suffrages dans l'hypothèse d'une quadrangulaire (contre 28% à Nicolas Bay (RN), 25% à une liste de gauche réunissant la liste PS-EELV de Mélanie Boulanger et celle de Sébastien Jumel (PCF), Laurent Bonnaterre, soutenue par la LREM ne récoltant que 12%). (Crédits : DR)
Selon un sondage Ifop pour La Tribune et Europe 1, Hervé Morin est bien placé pour se succéder à lui-même à la présidence de la Normandie. Il arriverait assez nettement en tête du premier tour des élections régionales devant le Rassemblement national. Les deux principales listes de gauche et les Marcheurs semblent en mesure de se maintenir au second tour mais, même dans le cas d’une quadrangulaire, la victoire irait au sortant.

Elu en 2015 au terme d'une triangulaire, avec moins de cinq mille  voix d'avance sur le candidat socialiste Nicolas Mayer Rossignol, l'actuel président de la Normandie devrait être en capacité de s'imposer plus facilement lors du scrutin de juin: le second depuis la fusion des deux régions « haute et basse ».
Hervé Morin, qui avait obtenu 28% des voix au premier tour il y a sept ans à quasi égalité avec l'eurodéputé RN Nicolas Bay, récolterait cette fois 31% des suffrages contre 26% à ce même proche de Marine Le Pen. Soit une solide avance de cinq points qui devrait le conforter dans son intention d'entrer en campagne « le plus tard possible ».

Morin, l'attrape tout

Bien qu'il trouve la majorité de ses soutiens au sein de l'électorat retraité et des catégories supérieures, l'ancien ministre de la Défense peut se vanter de ratisser large. Selon notre enquête*, il s'arrogerait un quart des bulletins des macronistes et même un cinquième des votes des partisans de Jean-Luc Mélenchon et 10% de ceux de Benoît Hamon. « Il y a un côté attrape tout  chez Hervé Morin qui est parvenu à dépolitiser son image », analyse Frédéric Dabi, directeur adjoint de l'Ifop.

Un bémol toutefois pour le centriste. S'il caracole en pole position sur le territoire de l'ex-Basse Normandie, il peine davantage à convaincre dans l'ancien bastion fabiusien de la Haute Normandie où les sondés donnent une courte avance au Rassemblement National (30% vs 29%). « Ce résultat vient corroborer celui du premier volet de notre sondage qui montre que les bas Normands ont une plus grande confiance dans leur avenir que leurs voisins », commente Frédéric Dabi.

La gauche cherche son souffle

A la gauche de l'échiquier politique où l'on cherche encore la voie du rassemblement, deux listes pourraient se maintenir au second tour sans toutefois être en capacité de jouer les trouble fêtes. Celle emmenée par la socialiste Mélanie Boulanger associée aux écologistes qui obtiendrait 16% des suffrages, le 20 juin. Et celle conduite par le député communiste, Sébastien Jumel, crédité de 11% des intentions de vote. Une surprise. Arrivé en tête des partis de gauche lors d'un précédent sondage de l'Ifop, le Dieppois semble perdre de son avance malgré sa notoriété nationale.
Ces résultats pousseront-ils à une dynamique unitaire au profit de la candidature rose-verte ? Difficile de l'affirmer. A ce stade, les (intenses) tractations n'ont pas abouti malgré les mains tendues de part et d'autre et l'appel de Jumel à "arrêter de déconner".

LREM à petite vitesse

Quant aux Marcheurs, ils semblent voués à jouer les utilités comme dans la plupart des régions. Parti en campagne début avril avec l'appui d'Edouard Philippe et du ministre des Outre Mers Sébastien Lecornu, le candidat LREM Laurent Bonnaterre ne paraît en mesure de capitaliser ni sur l'aura de ses soutiens, ni sur la bonne opinion qu'ont les Normands de l'action du gouvernement (voir le premier volet de notre enquête). Bien que possiblement présent au second tour, l'ancien directeur de cabinet de Laurent Fabius récolterait 13% des voix à l'issue de la première étape du scrutin. Pas de quoi se dresser en travers de la route d'Hervé Morin.

Les projections de l'Ifop montrent en effet que l'intéressé l'emporterait avec 35% des suffrages (contre 28% au RN, 25% à la gauche et 12% à LREM) dans l'hypothèse d'une quadrangulaire. Un schéma identique se dessine dans le cas d'une triangulaire qui le verrait s'associer avec le parti d'Emmanuel Macron. Le patron du micro parti Les centristes engrangerait alors plus de 40% des bulletins face aux listes de gauche d'extrême droite, à égalité à 29%. En définitive, il y a fort à parier que le millésime 2021 des régionales ressemblera à celui de 2015.

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*sondage réalisé du 8 au 14 avril auprès d'un échantillon de 905 personnes inscrites sur les listes électorales