Au-delà du foot, Marseille à la pointe du sport

Par Laurence Bottero, à Marseille  |   |  834  mots
Cent cinquante mille licenciés, 70.000 pratiquants libres, 1.500 clubs et 60 disciplines, voilà pour la carte d'identité sportive. Et, dans le rôle du capitaine de projet, on retrouve fort opportunément un nageur largement titré, le licencié du Cercle des nageurs, Frédérick Bousquet, conseiller municipal délégué à la « capitale européenne du sport 2017 .»
Si ici on vibre pour l'OM ou les nageurs du Cercle de Marseille, le terrain de jeu sportif est bien plus vaste. La preuve ? Marseille sera, en 2017, capitale européenne... du sport. Un bis repetita placent dont on espère le même résultat que pour la culture, en 2013. En attendant les compétitions de voile aux JO de 2024...

Si d'aucuns auraient tendance à cataloguer Marseille comme la ville de la pétanque et du football, le choix de la seconde ville de France pour accueillir les épreuves de voile dans le cadre de la candidature de Paris à l'organisation des Jeux olympiques de 2024 tend à prouver que Marseille possède des atouts plutôt bien vus depuis Paris et le siège du Comité international olympique. Une annonce faite début septembre qui a réjoui l'adjointe... au tourisme.

Et si Dominique Vlasto - qui s'occupe également des congrès, des croisières et de la promotion de Marseille - est contente, c'est qu'il faut considérer, outre la fierté d'avoir été choisie, les retombées en termes d'images et d'attractivité.

Marseille et le sport, une affaire qui roule

Car tout est là : l'événement attire forcément, les passionnés de la discipline d'abord et les touristes ensuite.

« Les grands événements sportifs de renommée internationale participent au rayonnement de la destination et sont sources de retombées économiques et médiatiques non négligeables », résume fort justement l'élue marseillaise, qui rappelle qu'ici se tiennent régulièrement régates et manifestations nautiques - dont les Mondiaux en 2002 -et que donc ce choix est tout à fait logique.

D'ailleurs, du côté de la municipalité, on n'a pas hésité, lors de l'annonce de la candidature à la capitale européenne du sport, à sortir les chiffres pour montrer à quel point Marseille et le sport sont un duo qui s'accorde fort bien.

Cent cinquante mille licenciés, 70.000 pratiquants libres, 1.500 clubs et 60 disciplines, voilà pour la carte d'identité sportive. Et, dans le rôle du capitaine de projet, on retrouve fort opportunément un nageur largement titré, le licencié du Cercle des nageurs, Frédérick Bousquet, conseiller municipal délégué à la « capitale européenne du sport 2017 ». Pour un autre élu marseillais, l'adjoint délégué au sport, tout cela ne doit rien au hasard, d'autant que « 10 à 12 millions d'euros sont investis chaque année » pour encourager la politique sportive, précise Richard Miron, et que le budget sport et jeunesse s'élève à 70 millions d'euros. Une réponse argumentée à ceux qui voient dans l'obtention de la « capitale européenne du sport » davantage un gadget qu'une opportunité économique. Il est certain que la venue de l'Euro2016 en terre marseillaise l'an prochain passionne davantage. D'autant que les matchs évolueront au sein du Vélodrome.

Un stade mythique, arborant une silhouette flambant neuve après trois années de travaux engagés pour un montant de 268 millions d'euros, et fièrement dressé dans le paysage avec sa toiture ondulée et ouverte sur le ciel. Un stade rénové après signature d'un partenariat public-privé (PPP) entre la municipalité et la société chargée de la maintenance et de l'exploitation du stade, Arema, filiale de Bouygues. Voilà donc un Vélodrome redessiné, agrandi (67.000 places dont 6.000 VIP), qui n'est pas entièrement dévolu à l'Olympique de Marseille mais qui reçoit aussi certains matchs du Rugby Club toulonnais voisin.

Entreprises et centres de recherche en synergie

Un équipement qui ne se prive pas de jouer aussi dans l'en-but des entreprises en proposant ses 8.500 m2 d'espaces réceptifs aux séminaires, conventions, soirées de gala et autres. Les entreprises, voilà bien l'autre terrain de jeu sur lequel Richard Miron entend déplacer le curseur pour montrer que Marseille a tout de la sportive accomplie. Il ne faudrait tout de même pas oublier que vivent ici des champions dans leur catégorie, tels Beuchat, le spécialiste de la combinaison Néoprène (CA 2013 : 16,4 M€), Shark, le chef de file du casque de moto (CA 2014 : 65 M€), Gymnova, le spécialiste du matériel pour la gymnastique (CA 2014 : 25 M€), Sun Valley pour le prêt-à-porter de la glisse ou encore Sécuderm, l'inventeur du pansement de plongée.

Des entreprises qui peuvent ainsi profiter des infrastructures de recherche. Car, du côté de l'Université, le sport n'est pas qu'une activité de détente, c'est aussi un sujet d'étude sérieux. En effet, c'est ici que Décathlon ou Nike viennent tester leurs produits. C'est même précisément à l'Institut des sciences du mouvement, une unité mixte de recherche associant Aix-Marseille Université et le CNRS, seule unité hexagonale en lien avec le sport à avoir une double tutelle.

« Le laboratoire a pris le virage de la recherche partenariale avec les ETI et les PME », explique le professeur Gilles Montagne qui en est chargé.

C'est dans un super-gymnase bourré de technologie que sont menés expériences et calculs. Le TechnoSport, ce sont 600 m2, des capteurs, de monitoringset d'outils de mesure pointus qui servent de champ d'expérimentation et de tests grandeur nature pour des produits de marques de sport. Treize millions d'euros d'investissement intelligemment dépensés qui valident la formidable équipe que forment les chercheurs et les industriels. La meilleure démonstration qui prouve qu'à Marseille on a la tête et les jambes.