Situation tendue chez Bosch Solar à Vénissieux

Par Marie-Annick Depagneux, à Lyon, Acteurs de l’économie  |   |  478  mots
Le breton Sillia Energie (groupe normand Elvia), associé à la PME montpelliéraine UrbaSolar, est le seul candidat en lice pour la reprise de l’usine de Vénissieux.
A l’appel de la CGT, des salariés bloquent depuis le début de la semaine l’entrée principale de l’usine dédiée à la fabrication de modules solaires. La direction de Bosch France a décidé d’annuler le CCE au cours duquel Sillia Energie devait présenter son offre de reprise.

A l'heure où la France essaie de redorer son image auprès des industriels étrangers afin de d'arrêter l'érosion de son attractivité, l'action menée par certains salariés de l'usine de Bosch Solar peut apparaître comme peu opportune, voire contre-productive. A l'appel de la CGT, quelques dizaines de mécontents ont commencé, lundi 17 février, à bloquer l'entrée principale de ce site à Vénissieux (Rhône) dont l'équipementier allemand va se séparer après sa décision de sortir du solaire, entérinée fin 2012. Les mécontents réclament à Bosch une prime de reprise de 30.000 euros par salarié devant être réévaluée en fonction de l'ancienneté.

Sillia devait présenter son projet

Estimant que les conditions n'étaient pas réunies pour tenir le Comité central d'entreprise prévu ce mardi 18 février, Guy Maugis le président de Bosch France, l'a annulé tout comme l'assemblée générale du personnel. Un CCE au cours duquel Bruno Cassin, le PDG du breton Sillia Energie - lié au groupe normand Elvia Pcb - unique candidat à la reprise de cette usine devait présenter son projet. Compte tenu des circonstances, « nous lui avons demandé de ne pas se déplacer, précise un porte-parole de Bosch France. Ce mardi devait pourtant être une étape importante dans le processus d'analyse du dossier », qui est donc reporté.

Interrogé par La Tribune et Acteurs de l'Economie, Marc Soubitez, délégué CFDT, se déclare inquiet de l'impact, sur le groupe allemand, de l'attitude de la CGT. « Cela me semble dangereux », confie-t-il. Pour sa part, Michèle Picard, maire communiste de Vénissieux a apporté « son soutien aux salariés en lutte » et exprimant « leur inquiétude pour leurs emplois ».

Des solutions pour tout le monde

Sur les 240 salariés employés dans cette usine, Sillia en conserve 128. Un plan de départ en préretraite, à partir de 55 ans voire moins pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, pourrait concerner entre 50 et 60 personnes. Tandis qu'une vingtaine se verrait proposer un reclassement dans l'usine Bosch Rexroth, voisine, produisant des éléments pour les travaux publics. « Pour tous les autres salariés nous trouverons des solutions », assure le porte-parole de la direction.

Une offre renforcée

La fragilité financière de Sillia Energie avait, au départ, été considérée comme un obstacle par le groupe germanique. Mais en s'associant à UrbaSolar, PME de Montpellier, qui prendra une participation de 15 % dans Sillia Energie, l'offre est considérée comme viable. Ce que doit confirmer un administrateur judiciaire du tribunal de commerce sollicité par Bosch. Depuis mi-novembre, les équipes qui jusque-là montaient les panneaux à Vénissieux sont payées à rester chez elles, faute de commandes pour alimenter les deux chaînes d'assemblage ; les donneurs d'ordre voulant attendre que l'avenir du site soit scellé. L'attente se prolonge.