Un nouvel énarque au cabinet d'Aurélie Filippetti

Par Jamal Henni  |   |  601  mots
Copyright Reuters
La nouvelle ministre a recruté Kim Pham, ancien du CNC et de France Télévisions, qui avait participé à des cabinets ministériels sous le gouvernement Jospin.

Pas à pas, la nouvelle ministre de la culture Aurélie Filippetti constitue son équipe. Il y a dix jours, elle a choisi comme directrice de cabinet Laurence Engel, à la ville épouse d'Aquilino Morelle, la plume de François Hollande. Elle vient de décider de nommer Kim Pham comme conseiller chargé de l'audiovisuel et du cinéma. Né en 1965, cet énarque a déjà fait partie de cabinets ministériels sous le gouvernement Jospin, ceux de Christian Pierret, Dominique Strauss-Kahn, Christian Sautter et Laurent Fabius. Il a ensuite passé 3 ans et demi au Centre national du cinéma (CNC), puis a rejoint France Télévisions en 2004. Rémy Pflimlin l'avait conservé et nommé directeur général adjoint en charge de la gestion. « C'est un homme plus que consensuel et d'une rare patience », assure un de ses anciens collègues.
En outre, le cabinet d'Aurélie Filippetti devrait être complété par un conseiller technique chargé du cinéma. Pour ce poste, circule notamment le nom de Marc-Olivier Sebbag, qui est depuis 2007 délégué général de la FNCF (Fédération nationale des cinémas français), le lobby des exploitants de salles. Auparavant, il avait passé six ans au SPI (syndicat des producteurs indépendants).

Double surprise

Ces noms sont inattendus car ni Kim Pham ni Marc-Olivier Sebbag ne sont des proches d'Aurélie Filippetti, et ne faisaient pas non plus partie de son équipe de campagne. De même pour Laurence Engel ou pour Pierre Lescure, pressenti pour mener une mission sur l'après-Hadopi. En revanche, Laurence Engel connait bien David Kessler, le nouveau conseiller culturel de l'Elysée : tous deux ont travaillé ensemble à la mairie de Paris, où la première était directrice des affaires culturelles et le second conseiller chargé de la culture. Pareillement, Pierre Lescure est un vieil ami de François Hollande et avait participé à quelques meetings durant la campagne. Inversement, la ministre n'a pas conservé au sein de son équipe Juan Branco, qui était son directeur de cabinet durant la campagne et un militant anti-Hadopi revendiqué.
L'autre surprise vient du fait que les positions du PS étaient souvent opposées à celles défendues par Marc-Olivier Sebbag à la tête de la FNCF, organisation plutôt conservatrice au sein des professionnels du 7ème Art. Bien sûr, la FNCF était pro-Hadopi quand le PS était contre. Mais, concernant les délais de diffusion de films sur les différents supports (salles, DVD, télévision..), Aurélie Filippetti a promis durant la campagne de « raccourcir » cette chronologie des médias. Inversement, la FNCF a toujours été opposée à un raccourcissement, craignant que cela nuise à la carrière des films en salles. En particulier, le lobby des exploitants avait en 2009 vivement combattu une sortie plus rapide des films en DVD et vidéo-à-la-demande, au point d'exaspérer le député Jean Dionis du Séjour (Nouveau centre): "Être plus bloqué que la FNCF, ce n?est pas possible ! Leur discours a consisté en substance : « Il y a Internet, mais ce n?est pas grave. Pour nous, la vie continue. » Vous avez en face de vous des gens complètement arc-boutés sur leurs privilèges. Et j?ose les désigner : il s?agit de la FNCF. Leur audition [par les députés] s?est très mal passée, et elle a vraiment failli, on peut le dire, s?achever par un affrontement physique". 

Interrogé, le ministère a confirmé la nomination de Kim Pham, mais ajouté que le choix du conseiller cinéma n'était pas encore finalisé.