Free : 20 gigas de surf... Mais pour quoi faire ?

Par Delphine Cuny  |   |  459  mots
Xavier Niel, le trublion de la téléphonie mobile / DR
"Vingt gigaoctets ? Je n'en demandais pas tant !", réagissait sur Twitter un client de Free Mobile, néanmoins ravi du geste de son opérateur. En effet, même les « gros » consommateurs d'Internet mobile, fans de vidéo en streaming, n'ont pas vraiment besoin d'une telle enveloppe de données et le pourcentage des clients atteignant le plafond de 3 Go, devenu le nouveau standard depuis deux ans, est faible, de l'ordre de 5 à 10% maximum, selon les opérateurs.

La consommation moyenne des Français est très en deçà : 800 Mo par mois en 3G, d'après les statistiques des opérateurs. L'Arcep publie même une moyenne encore plus basse (171 Mo par mois), qui inclut en fait tous les abonnés à la téléphonie mobile, même ceux qui ne surfent pas. Les consommateurs ont-ils besoin de 100 Mo, comme le propose Free dans son forfait à 2 euros, ou de 20 Go ?

Proposer beaucoup comme effet d'annonce

Les premiers clients 4G, estimés entre 1 et 2 millions sur un nombre d'abonnés approchant les 70 millions, consommeraient en moyenne entre 1 Go et 2 Go. Bouygues Telecom avait été le premier à dégainer en septembre un forfait très garni en données, 16 Go à 60 euros. SFR s'arrête à 9 Go pour son forfait très haut de gamme International Premium à 140 euros, Orange à 6 Go pour son forfait VIP Origami Jet International à 80 euros...

Les offres d'abondance ne sont pas une nouveauté dans la téléphonie mobile, elles en sont même une des recettes du succès commercial : proposer beaucoup pour donner l'impression de faire une bonne affaire, d'en avoir pour son argent, sans garder les yeux rivés sur le compteur, même si l'on n'en consomme réellement qu'une infime partie, qu'il s'agisse des appels, des SMS ou désormais de la « data. » À la différence près que celle-ci coûte plus cher, car il faut des tuyaux dimensionnés, suffisamment de bande passante pour transporter les « paquets » d'images, de sons, etc. Les mails sans pièce jointe consomment peu de données, le surf non plus.

En revanche, une heure de streaming audio brûle 60 Mo, une heure de vidéo en streaming en 4G au moins 350 Mo, compter le double pour un seul film. SFR met d'ailleurs en avant ses services, comme la vidéo à la demande de Canal+ pour inciter ses clients à consommer plus.

Et aux Etat-Unis...

Grâce à la vitesse et à la fluidité, les clients utilisent plus de données en 4G, c'est avéré dans les pays les plus avancés. L'américain Verizon Wireless propose entre 1 Go et 10 Go « seulement » pour les forfaits les plus répandus, car 10 Go cela représente déjà 10.000 mails, 30 heures de musique et 20 heures de vidéo par mois. Verizon commercialise aussi des abonnements de 40 Go et 50 Go (à plus de 300 dollars par mois !), pour les clients utilisant plusieurs appareils connectés, smartphones, tablettes, PC, avec le même abonnement au sein d'un même foyer. Verizon ne raisonne plus en revenu moyen par abonné (ARPU), mais en revenu moyen par connexion. C'est la tendance de fond observée dans les pays déjà multi-équipés en écrans et qui ont pris goût au très haut débit.