Droit à l'oubli : Google peut oublier mais "le web n'oubliera pas"

Par latribune.fr  |   |  317  mots
D'ici l'année prochaine, Google devrait avoir entre 500 000 et un million de demandes de "droit à l'oubli" d'utilisateurs... | REUTERS
Le moteur de recherche a déjà reçu plus de 41.000 requêtes de "droit à l'oubli". Mais selon les professionnels de la e-réputation, effacer un lien Internet n'empêchera cependant pas son contenu de réapparaître.

Les requêtes n'en finissent pas de pleuvoir. Depuis que le premier moteur de recherche au monde a créé et mis en ligne un formulaire le 30 mai dernier au nom du "droit à l'oubli" prescrit par la Cour européenne de Justice, Google croule sous les demandes.  

12.000 requêtes en une journée

Au premier jour, ils étaient 12.000 internautes à demander le retrait d'un lien vers une page indésirable générée par une recherche sur leur nom, puis 41.000 le 2 juin au soir. Et selon l'agence Reputation VIP, cela ne serait que le début. Son PDG, Bernard Girin, cité par l'AFP, prédit ainsi:

"Il y aura 500.000 à 1 million de demandes d'ici un an."

Et Stéphane Alaux, dirigeant de Net'Wash cité par l'AFP de renchérir:

"Il y aura une énorme file d'attente"

D'où la question, qui semble légitime, du traitement de ces dossiers. Cité par l'agence, Olivier Andrieu, éditeur du site spécialisé Abondance, s'interroge:

"Comment Google pourra-t-il traiter ces centaines de milliers de demandes qui chacune prendront du temps, ne serait-ce que pour vérifier l'identité du demandeur ? Cela semble impossible! Pourquoi Google a-t-il mis en place ce formulaire si vite, sans avoir fixé de procédure ?"

Effacer le lien mais pas le contenu

Pour rappel, Google a mis en place un comité pour se fixer des règles, avec un rapport prévu pour "début 2015". Albéric Guigou, co-fondateur de l'agence Reputation Squad, prévient : 

"Cela va dans le bon sens, c'est une première étape, mais ce n'est pas une révolution car l'e-réputation se joue désormais énormément sur les réseaux sociaux. En outre, des sites référençant ces informations se débrouilleront pour réapparaître"

Mais pour Olivier Andrieu, le problème est ailleurs:

"Le vrai droit à l'oubli est la suppression du contenu. Les moteurs peuvent oublier, mais le web n'oubliera pas."