CES 2017 : KTrack, la montre connectée révolutionnaire qui "goûte" la peau

Par Sylvain Rolland, à Las Vegas  |   |  856  mots
La montre connectée KTrack fonctionne avec un capteur utilisant des micro-aiguilles (<0.5mm) pour collecter et analyser la composition chimique de la peau.
La startup française PKVitality, filiale de PKParis, révèle au CES de Las Vegas une montre connectée dotée d’une technologie unique au monde, capable de tester la composition chimique de la peau. De quoi indiquer précisément le taux de glucose des diabétiques, sans piqûre ni douleur, ou encore le taux d’acide lactique -la substance qui révèle la fatigue musculaire-, des sportifs. La startup a gagné trois prix, dont un prestigieux Best of Innovation Award.

Les diabétiques vont-ils enfin pouvoir se débarrasser de leur attirail à piqûres ? Les sportifs de haut niveau vont-ils enfin pouvoir mieux contrôler leurs efforts pour éviter les blessures musculaires ? C'est la promesse de la startup française PKVitality, filiale du spécialiste de la mini-clé USB pour smartphones PKParis. Cette pépite de la French Tech vient de révéler à Las Vegas, lors du CES 2017, sa nouvelle innovation, baptisée KTrack. Qui fait son petit effet dans la capitale du divertissement.

Plus qu'une énième montre connectée à l'utilité discutable, celle-ci fonctionne « comme une machine à café Nespresso », indique Luc Piérart, le Pdg de la startup. Au dos de la montre se "clipse" une capsule dotée de la technologie brevetée SkinTaste, ou "goûteur de peau". Sa particularité ? Il s'agit d'un capteur utilisant des micro-aiguilles (<0.5mm) pour collecter et analyser la composition chimique du liquide interstitiel qui se trouve juste en dessous de la surface de la peau. Il fonctionne "comme une langue", d'après Luc Piérart, dans le sens où il permet de "goûter" la peau et d'analyser certains marqueurs biocorporels. Prenez une capsule orange, et votre montre vous dira quel est votre taux de glucose. Prenez une bleue, et vous aurez votre taux d'acide lactique. Le premier modèle s'appelle KTrack Glucose, le deuxième KTrack Athlète. Et d'autres devraient venir...

La promesse d'un changement de vie « radical » pour les diabétiques

Cette technologie unique au monde est le fruit de deux ans de recherche et développement avec des scientifiques. Présenté pour la première fois au CES, le produit a impressionné au point de gagner trois Innovation Awards : un pour le design de la montre dans la catégorie Wearables (qui peut aussi compter les pas et mesurer le rythme cardiaque), un autre pour le détecteur de lactose dans la catégorie Fitness, et un très prestigieux Best of Innovation Awards dans la catégorie « Tech for a better world » (la technologie pour un monde meilleur) pour le détecteur de glucose.

Luc Piérart est persuadé que sa montre, qui sera disponible en 2018, va changer drastiquement la vie des diabétiques.

« Il existe 415 millions de diabétiques dans le monde, soit une personne sur onze, et certains doivent se piquer jusqu'à 8-10 fois par jour, ce qui est un cauchemar ».

Désormais, seul le contact avec la peau suffit à KTrack pour évaluer, sans douleur ni piqûre, le taux de glucose contenu dans le sang. Avec une fiabilité « équivalente voire plus importante que les meilleurs glucomètres du marché », revendique la startup.

Améliorer de manière inédite l'entraînement des sportifs

La performance est tout aussi impressionnante pour l'autre capsule, destinée aux sportifs de haut niveau. Car mesurer le taux d'acide lactique offre aux athlètes de haut niveau une nouvelle donnée pour optimiser leurs entraînements et éviter les blessures musculaires. La startup précise:

"Le seuil lactique est le point à partir duquel le lactate commence à s'accumuler dans le sang à un taux plus rapide qu'il ne s'élimine, ce qui cause des blessures. Mais ce seuil est différent selon chaque activité d'endurance et il varie aussi selon les individus. C'est un indicateur utile autant pour les sports d'endurance que les sports explosifs : course longue distance, aviron, cyclisme, natation, triathlon ou courses d'obstacles, ainsi que tous les sports pratiqués à un niveau professionnel"

Or, il n'existait jusqu'à présent aucun outil permettant de mesurer le taux de lactate sans recourir à une analyse de sang aussi contraignante que douloureuse.

"Je ne trouve pas d'investisseurs en France !"

Contrairement à certains entrepreneurs, Luc Piérart n'est pas venu au CES pour parader devant les caméras mais pour trouver des investisseurs et des partenaires afin d'industrialiser la production de sa montre. Et pour cause : paradoxalement, l'innovation considérée par le CES comme la meilleure au monde dans son domaine n'arrive pas à séduire les investisseurs français:

« Le CES est le seul moyen de me faire entendre, car je ne trouve pas d'investisseurs en France ! Personne ne croit qu'une startup peut créer une technologie aussi pointue. Tout simplement car Apple a abandonné l'idée en 2013 et Google aussi en 2014. Mais Apple avait tenté de mesurer le taux de glucose avec des lentilles, Google avec la sueur, personne n'avait essayé de "goûter" la peau ».

La startup recherche entre trois et cinq millions d'euros. Fort heureusement, le « Best of Innovation Award » va certainement déclencher beaucoup de curiosités chez les nombreux investisseurs qui arpentent le salon à la recherche des pépites de demain.

Créé en 2013, PKParis a parcouru un long chemin. La startup s'est d'abord fait connaître avec ses clés-USB miniatures pour smartphones -qui rencontrent un joli succès-, puis pour ses écouteurs sans fil, sortis six mois avant les Airpods d'Apple. En mai 2016, l'entreprise a levé 1 million d'euros, dont 700.000 en equity crowdfunding sur le site SmartAngels, et 300.000 euros auprès de Bpifrance. Elle emploie une dizaine d'employés en France et deux à Taïwan, un pays réputé pour ses composants électroniques.