L'abandon de Google Maps, une erreur stratégique d'Apple ?

Par Delphine Cuny  |   |  599  mots
Apple Maps, l'application qui fâche. Copyright Reuters.
Dans le nouvel iPhone 5 et la mise à jour logicielle des plus anciens modèles, Apple impose son application de cartographie maison, très critiquée pour ses imprécisions. En particulier par rapport à Google Maps, qui pourrait devenir un sérieux avantage compétitif pour Android.

A trop vouloir couper les ponts avec Google, est-ce qu'Apple ne risque pas d'aller dans le mur? Le choix stratégique d'abandonner l'application Google Maps, préinstallée sur l'iPhone depuis le lancement de la première version de son smartphone en 2007, vaut aujourd'hui à Apple des commentaires furieux d'utilisateurs, même parmi ses fidèles. En juin dernier, lorsque la firme à la pomme a présenté aux développeurs la nouvelle mouture de son système d'exploitation pour iPhone et iPad, iOS 6, elle a levé le voile sur son application maison de cartographie, en partenariat avec le géant européen des GPS TomTom, vouée à remplacer l'historique Google Maps. Et deux jours après la sortie d'iOS 6, la mise à jour logicielle pour les propriétaires actuels d'iPhone, les critiques et les moqueries fusent de par le monde sur les imprécisions d'un service à peine digne d'une version test, sidérant au regard de l'habituel perfectionnisme d'Apple. « Je veux récupérer mon Google Maps ! » réagissaient de nombreux utilisateurs furieux sur Twitter. Car une fois la mise à jour effectuée, ou sur le nouvel iPhone 5 sorti ce vendredi, exit Google Maps : il n'est même pas possible de télécharger l'application sur l'App Store, le magasin en ligne d'Apple. On peut toutefois lancer la recherche de plans sur Google dans le navigateur si besoin, mais en perdant la fluidité de l'application.

Un avantage concurrentiel pour Android
«Apple Maps a intérêt à s'améliorer sérieusement pour éviter que des utilisateurs potentiels ne se tournent vers Android. Google Maps est extrêmement populaire et ne devrait pas être sous-estimé», considère Francisco Jeronimo du cabinet IDC. «Nous commençons juste avec Apple Maps. Plus de gens l'utiliseront, meilleur le service deviendra», assure Apple, qui ajoute «nous apprécions toutes les remarques des clients et travaillons dur pour fournir une expérience utilisateur encore meilleure.» Le site américain AllthingsD ironise sur le fameux «champ de distorsion de la réalité» de Steve Jobs qui prend une autre dimension appliqué à la cartographie... On imagine les équipes de Google se régalant de ce déferlement critique sur son rival. Certains le suspectent de ne pas vouloir sortir d'application spécifique afin de préserver l'avantage concurrentiel que représente Google Maps pour les appareils sous Android, son propre système d'exploitation, qui équipe la majorité des smartphones vendus dans le monde (64,1% de part de marché au deuxième trimestre selon le cabinet Gartner contre 18,8% pour l'iPhone).

Une bonne nouvelle pour Nokia
Selon TechCrunch, Google travaillerait d'arrache-pied à une application Maps pour les appareils d'Apple et espérerait la lancer «avant Noël». Un autre site spécialisé, 9to5Mac croit savoir que l'appli est déjà prête mais en attente de validation d'Apple. Google a ainsi déjà sorti une application de son site de vidéos YouTube à télécharger sur l'App Store d'Apple. Car la firme à la pomme a aussi supprimé sur iOS 6 l'application préinstallée de YouTube, qui figurait également sur l'écran d'accueil depuis le lancement de l'iPhone en 2007: Apple avait alors besoin de ces locomotives de l'Internet pour rendre son smartphone sexy. Le fabricant de l'iPhone prend cependant un gros risque commercial en supprimant des services populaires auprès des utilisateurs. Pour la concurrence, c'est une bonne nouvelle, y compris pour Nokia, dont les smartphones, notamment sa gamme Lumia, sont équipés des cartes issues de son acquisition de Navteq: le finlandais ne se prive pas d'un petit comparatif à son avantage. La bataille de la cartographie sur smartphone ne fait que commencer.