Pourquoi Apple travaille sur une iWatch, une montre smartphone

Par Delphine Cuny  |   |  767  mots
L'iPod nano 6e génération avec son interface cadran de montre. Copyright Reuters
Selon le « New York Times », la firme à la pomme teste un appareil en forme de montre en verre incurvé. Le marché de l'informatique-à-porter devrait exploser dans les années à venir selon les experts.

Bientôt une iWatch ? Plus besoin de poche ni de kit mains libres ou de brassard, une montre remplaçant votre smartphone ? Selon le « New York Times », Apple teste à son siège de Cupertino des appareils ressemblant à une montre-bracelet faite en verre incurvé, et qui fonctionnerait sous iOS, le système d'exploitation de la marque. Le quotidien new-yorkais a également interrogé le fournisseur d'Apple, le producteur de verre américain Corning, dont le Gorilla Glass ultra résistant équipe l'iPhone, et qui travaille sur un verre pliable, le Willow Glass (willow signifie saule en anglais).

Selon le « Wall Street Journal », qui dispose d'informations concordantes, Apple aurait discuté de ce projet avec son sous-traitant chinois Foxconn. Peu de détails sont encore disponibles à ce stade. La rumeur est apparue il y a déjà plusieurs mois. En décembre dernier, des sites spécialisés chinois rapportaient qu'Apple travaillait avec Intel sur une montre intelligente connectable en Bluetooth à d'autres appareils comme l'iPhone, rappelle le « Financial Times. » En décembre 2011, le « New York Times » écrivait déjà que Google et Apple planchaient secrètement dans leurs labos sur des appareils connectés à porter sur soi, évoquant déjà « une idée d'iPod en verre incurvé qui pourrait s'enrouler autour du poignet. »

De Sony à Toshiba en passant par Samsung : la « smart watch » fait rêver
Des bracelets fabriqués par des partenaires (Belkin, Griffin, iwatchz etc) permettaient d'ailleurs de porter comme une montre l'iPod nano 6e génération, dont l'une des interfaces était justement un cadran, jusqu'à la sortie de la version suivante du nano qui n'est plus carrée mais rectangulaire. Ce ne serait pas la première montre téléphone, un concept qui fait rêver industriels et auteurs de BD ou de films : de nombreux constructeurs, de mobiles notamment, ont déjà tenté leur chance sur ce créneau ou présenté des prototypes. Samsung avait lancé la première montre téléphone en 1999, LG avait lancé en 2009 une version 3G, le GD910 WatchPhone, un produit abandonné depuis. Même le constructeur auto Hyundai avait sorti une montre téléphone la même année. Sony commercialise depuis l'an dernier une SmartWatch sous Android, un accessoire compatible avec la plupart des smartphones sous Android, et Toshiba a présenté au CES de Las Vegas le mois dernier un prototype de montre connectée.

Le concept redevient à la mode et la start-up Pebble Technology a aussi fait la démonstration de sa montre à encre électronique Pebble compatible avec l'iPhone et les Android. Nike a aussi lancé il y a un an un bracelet connecté équipé d'un accéléromètre pour mesurer l'activité physique, le Fuel Band, compatible avec l'iPhone, et que Tim Cook, le directeur général d'Apple, porte lui-même.

Apple, déjà acteur de « l'informatique-à-porter »
De FitBit à Jawbone, il existe de nombreux fabricants de « coachs électroniques » et autres objets connectés à porter qui entrent dans cet univers de l'informatique-à-porter (wearable computing) promise à un bel avenir selon les experts. D'après le « New York Times », l'appareil que teste Apple sortirait du lot du fait de son matériau en verre, la plupart des modèles lancés jusqu'ici tenant plus de la montre sophistiquée connectée un peu gadget que du smartphone complet en forme de montre.

« Apple est déjà dans le monde du « wearable computing » à travers son écosystème de partenaires qui conçoivent des accessoires d'iPhone, ce qui en fait potentiellement l'acteur le plus important de ce marché de façon invisible. « A terme, il est inévitable qu'Apple entre sur ce marché » estime Sarah Rotman Epps, la spécialiste du domaine chez Forrester Research, qui relève que la firme à la pomme a beaucoup recruté dans ce secteur. Pour certains spécialistes, ces appareils à porter pourraient tout bonnement remplacer le smartphone dans la décennie à venir, en complément d'une tablette par exemple.

Selon Juniper Research, le marché des appareils connectés à porter devrait bondir de 800 millions de dollars en 2012 à 1,5 milliard en 2014, principalement dans le fitness et la santé. Le cabinet IMS Research estime de son côté que le marché des technologies-à-porter atteindra au moins 6 milliards de dollars en 2016. De son côté, Google mise sur les lunettes connectées, ses fameuses Google Glass en réalité augmentée : selon un dirigeant du géant de l'Internet cité par le quotidien new-yorkais, le moteur de recherche s'attendrait à ce que ces lunettes génèrent 3% de son chiffre d'affaires en 2015, sans préciser s'il s'agit de ventes de matériel ou de publicité.