Semi-conducteurs : la Chine interdit de travailler avec l’Américain Micron

Par latribune.fr  |   |  444  mots
La société américaine spécialisée dans les puces, Micron Technology, réalise 11 % de son chiffre d'affaires en Chine. (Crédits : Reuters)
Après avoir lancé une enquête il y un mois, le régulateur chinois estime que les produits de la société américaine Micron Technology présentent des failles de sécurité et dissuade ainsi toutes les entreprises chinoises travaillant sur des données sensibles d’acheter ses produits.

La guerre des nerfs entre la Chine et les Etats-Unis sur les semi-conducteurs reprend de plus belle. L'organisme chinois en charge de la cybersécurité a annoncé dimanche l'ouverture d'une enquête sur de supposées défaillances de sécurité au sein du fabricant américain Micron Technology et conseillé les entreprises chinoises travaillant sur des données sensibles à arrêter d'acheter les produits de la firme américaine.

Cette enquête s'inscrit dans la bataille que mènent les Etats-Unis pour tenter de restreindre l'accès de la Chine aux puces les plus avancées. Elle intervient également sur fond de durcissement des lois chinoises relatives à la sécurité nationale. La Chine avait annoncé début avril une procédure contre Micron, afin de « passer en revue » les produits du fabricant de composants électroniques et de prévenir d'éventuels « risques » pour sa « sécurité nationale ». La Chine a tenté de relativiser la décision en la présentant comme une simple « mesure réglementaire ».

Guerre froide des semi-conducteurs

Toujours au nom de la sécurité nationale, le gouvernement américain avait annoncé en octobre 2022 de nouveaux contrôles à l'exportation pour limiter l'achat et la fabrication par Pékin de puces haut de gamme « utilisées dans des applications militaires ». En pratique, les fondeurs chinois ne peuvent plus importer auprès de fournisseurs américains de composants performants, ni de machine permettant de les fabriquer.

L'Union européenne a de son côté trouvé le mois dernier un accord sur un plan visant à développer l'industrie des semi-conducteurs sur son propre territoire pour réduire sa dépendance envers l'Asie. Et après les Etats-Unis et les Pays-Bas, où se situe le siège d'ASML, le leader incontesté des machines permettant de fabriquer des puces, le Japon avait annoncé fin mars son intention de restreindre ses exportations d'équipements de fabrication de semi-conducteurs, s'attirant les foudres de la Chine.

De son côté, Pékin a déjà dépensé ces dix dernières années des milliards de dollars pour sa propre industrie de semi-conducteurs, afin de ne plus dépendre des importations étrangères pour ses puces électroniques. Déjà, de grands groupes chinois comme CMXT ou YMTC commencent à émerger, en concurrence frontale avec des groupes comme Micron. En 2021, la Chine a importé pour plus de 430 milliards de dollars de semi-conducteurs, plus que ce que le pays dépense pour le pétrole.

Micron Technology, très présent en Chine (environ 10% de son chiffre d'affaires), fait donc les frais de ces rivalités, d'autant qu'il doit déjà faire face à une baisse historique du prix des puces mémoires.