
L'Europe veut rester dans la course aux semi-conducteurs. Le Parlement européen et les pays membres de l'Union ont trouvé un accord ce mardi sur un texte visant à développer l'industrie des semi-conducteurs pour réduire sa dépendance envers l'Asie dans ce secteur stratégique.
« L'Europe prend son destin en main », s'est félicité le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton, saluant cet accord sur le « Chips Act ». « En maîtrisant les semi-conducteurs les plus avancés, l'UE deviendra une puissance industrielle sur les marchés du futur », a-t-il ajouté.
Un plan déjà annoncé en février 2022
Le « Chips european Act » a pour but de rétablir « un rapport de force dans la géostratégie de la chaîne de valeur » expliquait déjà Thierry Breton le 8 février 2022, lors de la présentation du plan. Plus d'un an plus tard, le Parlement a donc voté ce projet réglementaire.
L'objectif de ce « Chips Act » est de renforcer l'industrie européenne de semi-conducteurs en multipliant par deux la part qu'elle représente dans la production mondiale de puces, pour la porter à 20% (contre 10% environ actuellement) d'ici à 2030 en mobilisant 43 milliards d'euros d'investissements publics et privés en faveur de cette industrie.
Ce plan doit permettre de s'assurer de la sécurité d'approvisionnement et d'établir des règles pour les entreprises étrangères souhaitant investir dans des installations de production de MegaFab en Europe.
Un enjeu de souveraineté industrielle
Si le Commissaire européen se réjouit du vote du Parlement, c'est parce que l'Europe est, pour le moment, à la traîne dans la course aux semi-conducteurs. L'Union européenne, à la pointe de la recherche sur les puces, a en effet vu sa part de marché chuter ces dernières décennies.
Alors que l'essentiel des puces de moins de 2 nanomètres sont produites par TSMC à Taiwan et Samsung en Corée du Sud, l'Europe veut redevenir indépendante dans le futur. « Nous avons appris de la crise des vaccins. Nous adaptons notre marché unique aux nouvelles réalités de la géopolitique des chaînes d'approvisionnement », avait fait valoir Thierry Breton en février 2022.
La pénurie de semi-conducteurs, qui a freiné l'industrie automobile, a provoqué un électrochoc. Les tensions géopolitiques autour de la Chine, ainsi que la pandémie, ont fait prendre conscience de la nécessité de produire en Europe ces composants indispensables essentiellement importés de Taïwan et de Corée, au point de convaincre la Commission d'assouplir son strict encadrement des aides d'État et d'assumer une politique industrielle interventionniste dans un continent traditionnellement très ouvert à la concurrence mondiale.
Ces composants sont incontournables dans de nombreux objets du quotidien, comme les téléphones mobiles, mais aussi dans les centres de stockage de données, au cœur de l'économie numérique en plein boom.
(Avec AFP)