"Fausse fibre" : Numericable-SFR attaqué par ses concurrents

Par latribune.fr  |   |  543  mots
Ces derniers mois, Free et Orange ont appelé Bercy, l'Arcep, l'Autorité de la concurrence et la répression des fraudes à se prononcer sur l'utilisation du mot "fibre" par Numericable-SFR.
Orange et Free ne cessent de hausser le ton contre l’opérateur de Patrick Drahi. Ils l’accusent de communiquer de manière trompeuse sur des offres « fibre ».

Depuis le rachat de SFR par Numericable l'an dernier, le ton monte sur l'utilisation du mot « fibre » dans les offres commerciales du nouvel ensemble. D'après L'Express, Free a porté plainte cet été contre l'opérateur de Patrick Drahi pour concurrence déloyale.

"L'objet du litige, dont est saisi le tribunal de commerce, porte sur la publicité jugée 'trompeuse' vantant l'accès au très haut débit via la fibre optique du câblo-opérateur Numericable-SFR", précise l'hebdomadaire.

En clair, Free considère que son concurrent communique de manière trompeuse sur des offres estampillées « fibre », alors qu'il utilise beaucoup de FTTB, pour "Fiber to the building". Dans ce type d'installation, la fibre optique s'arrête au pied de l'immeuble (traduction littérale de "Fiber to the building"), et c'est le réseau de câble coaxial (hérité de Numericable) qui permet d'acheminer la connexion Internet fixe jusque chez l'abonné.

Pour l'opérateur de Xavier Niel, il est donc faux de considérer cette technologie comme de la "vraie fibre". A ses yeux, la "vraie fibre" ne concerne que la configuration en FTTH ("Fiber to the home", "la fibre jusqu'à la maison") - où il investit -, et qui amène la fibre optique directement chez l'abonné. Plus coûteuse à installer - il faut, par exemple, avoir l'aval du syndic pour déployer la fibre à ses frais dans l'immeuble -, celle-ci s'avère plus performante que le FTTB, notamment en upload (émission). Même si, dans les deux cas, il s'agit bien de très haut débit (supérieur à 30 Mb/s).

Fort lobbying de Free et Orange

Dans cette bataille, Free mène un gros lobbying auprès des autorités pour faire entendre sa voix. Ces derniers mois, d'après ZDNet.fr, l'opérateur « aurait saisi l'Autorité de la concurrence, Bercy, l'Arcep [le gendarme des télécoms, Ndlr], exigeant une réaction de leur part ».

A ce sujet, il peut compter sur le soutien d'Orange, qui investit fortement dans le FTTH. Au début de l'année, selon Le Parisien, l'opérateur historique s'est fendu d'une note à la DGCCRF (la répression des fraudes) pour dénoncer l'usage du mot « fibre » dans une campagne publicitaire de SFR.

« La communication ainsi réalisée pourrait relever d'une pratique commerciale trompeuse », écrit Orange.

Contacté par La Tribune, la DGCCRF affirme qu'elle continue de mener son enquête:

« L'objectif étant de déterminer si oui ou non il y a tromperie au niveau du consommateur », nous dit-on.

Un astérisque suffira-t-il pour "l'information préalable du consommateur"?

Reste que ces offensives semblent pour l'heure porter leurs fruits. Le gouvernement a ainsi annoncé une mise en concertation de l'extension à la fibre et au câble de l'arrêté débit. Celui-ci date de 2013, et fixe les règles du jeu liée à « l'information préalable du consommateur sur les caractéristiques techniques des offres d'accès à Internet en situation fixe filaire », c'est-à-dire la publicité des opérateurs.

Selon Les Echos, un astérisque accolée à côté du mot « fibre », devra renvoyer à une mention « raccordement final en... », suivie de la technologie utilisée. Le bras de fer pour l'utilisation du mot « fibre » est donc loin d'être achevé.

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