Greyball, le logiciel secret d'Uber pour éviter la police

Par latribune.fr  |   |  612  mots
Selon le New York Times, le logiciel est utilisé dans plusieurs pays. Accepté par le service juridique d'Uber, il soulève cependant des questions éthiques.
Uber, déjà montré du doigt dans plusieurs affaires ces derniers jours, a avoué vendredi l'existence d'un logiciel secret destiné notamment à éviter que ses chauffeurs ne soient contrôlés par les autorités.

Voilà qui ne devrait pas arranger l'image abîmée d'Uber suite à la grogne de ses chauffeurs et aux frasques de son Pdg, Travis Kalanick. D'après le New York Times, la startup californienne a avoué qu'elle utilisait un logiciel secret, surnommé "Greyball", qui a pu lui permettre de contourner les réglementations que la société de services Voiture de transport avec chauffeur (VTC) jugeait hostiles à ses activités.

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Repérer les policiers dans les villes où Uber était interdit

Premier à avoir révélé l'information, le New York Times rapporte qu'Uber a utilisé, entre autres, des informations recueillies via son application pour identifier les représentants de la loi chargés prendre ses conducteurs en flagrant délit dans des villes où ses activités étaient interdites ou bridées.

Les courses commandées à proximité d'un bâtiment public pouvaient ainsi être ignorées par l'application Uber, voire même annulées, explique le quotidien new-yorkais. Le dispositif caché permettait à l'application de faire apparaître des véhicules fantômes ou de n'en faire apparaître aucun afin d'empêcher les policiers d'embarquer à bord des VTC.

Une porte-parole d'Uber a déclaré que le dispositif, baptisé Greyball, était encore utilisé, quoiqu'à moindre grande échelle.

Pour Uber, il s'agit de se protéger contre les concurrents malintentionnés

Selon un communiqué de service de réservation de voitures avec chauffeur, cet outil était utilisé dans les villes où il n'était pas interdit, et son objectif principal était de protéger les chauffeurs contre des concurrents malintentionnés utilisant leur smartphone pour les gêner, plutôt que pour réserver des courses réelles.

"Ce programme empêche les demandes d'utilisateurs frauduleux qui violent les termes de service, que ce soit des gens qui veulent s'en prendre physiquement aux chauffeurs, des concurrents voulant perturber nos opérations, ou des opposants qui s'allient aux autorités pour des opérations secrètes visant à piéger nos conducteurs", a indiqué un porte-parole d'Uber dans un courriel à l'AFP.

Uber a souligné que le logiciel était surtout utilisé dans des endroits où les chauffeurs craignaient pour leur sécurité, mais seulement "rarement" pour éviter d'avoir affaire aux forces de l'ordre.

Cartes et voitures fantômes pour les personnes indésirables

Selon le New York Times, le logiciel est utilisé dans plusieurs pays. Accepté par le service juridique d'Uber, il soulève cependant des questions éthiques.

Il fonctionne grâce aux données des utilisateurs: les personnes travaillant pour les autorités de régulation sont par exemple ciblées et voient leurs courses annulées. Le logiciel montre à ces personnes une fausse application sur leur smartphone, avec carte et fausses voitures fantômes en mouvement, selon le quotidien new-yorkais. Le logiciel met aussi hors limites certains bâtiments du gouvernement.

Une autre manière d'évincer les contrôleurs consiste aussi à vérifier que le numéro de carte bleue accolé à un client est bien lié à une carte personnelle, et non à un compte gouvernemental ou de la police, précise encore le New York Times.

Cette annonce intervient alors que Uber peine à contrôler les dégâts après des révélations sur la culture sexiste et violente qui régnerait au sein de l'entreprise. Et le patron fondateur du service Travis Kalanick a lui aussi été impliqué dans des polémiques. Il s'est excusé en début de semaine après avoir eu une altercation avec un chauffeur Uber, allant même jusqu'à avouer qu'il devait "devenir adulte" et qu'il avait besoin d'aide dans la gestion de son entreprise.

(Avec AFP et Reuters)