Finis les e-mails : le pari fou d'une grande entreprise française

Par latribune.fr  |   |  640  mots
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Découvrez quelle grande entreprise française a fait le pari de réussir à supprimer les mails d'ici trois ans. Il est vrai que son PDG est lui aussi atypique.

Peut-on être une grande entreprise française cotée en Bourse avec plus de cinq milliards d'euros de chiffre d'affaires et une importante présence à l'international et se passer d'e-mails ? C'est pourtant le pari fou que veut tenter dans les trois ans le PDG de la SSII (société de services informatiques) Atos Origin, Thierry Breton, l'atypique puisqu'il a été auparavant PDG de France Télécom, de Bull et ministre de l'Economie.

S'exprimant au cours d'une série de conférences de presse consacrées à l'innovation, il a exprimé son ambition de voir les collaborateurs d'Atos Origin abandonner l'envoi d'emails entre eux et utilisent à la place les applications dédiées permettant une meilleure communication ainsi que les nouveaux outils de collaboration et les réseaux sociaux.

Thierry Breton a déclaré: «Nous produisons massivement des données qui polluent notre environnement de travail et de plus empiètent sur nos vies privées. Chez Atos Origin, nous engageons des actions destinées à renverser cette tendance, de la même manière que les organisations ont pris des mesures pour réduire la pollution de l'environnement après la révolution industrielle.

Le volume d'e-mails que nous envoyons et recevons n'est pas soutenable dans le domaine professionnel. Les managers passent de 5 à 20 heures par semaine à lire et écrire des e-mails. Ils utilisent déjà les réseaux sociaux plus que les moteurs de recherche, et passent 25% de leur temps à rechercher de l'information. Chez Atos Origin, nous avons mis en place des outils collaboratifs et des plateformes communautaires pour partager et garder trace des idées qui naissent sur des sujets allant de l'innovation au Lean Management en passant par les ventes. Les entreprises doivent aller plus loin dans cette voie : l'e-mail, ne sera bientôt plus considérée comme la meilleure manière de travailler et d'échanger.»

Atos Origin souligne que son objectif "est d'adopter des solutions novatrices dans le domaine des réseaux sociaux (Social Business Solutions) sur le lieu de travail afin de mettre en place un véritable 'social business'. Basées sur des technologies collaboratives, ces solutions offrent des moyens de gérer et partager l'information plus personnalisés, plus immédiats, plus efficients en termes de coûts, adaptés aux méthodes de travail du XXIe Siècle et permettant de mettre en place une «Organisation Intelligente» (Smart Organization)."

La grande SSII française a lancé en 2009 un programme de "bien-être au travail" avec le but de devenir un des meilleurs endroits où travailler (« best place to work »). Il a notamment pour but d'améliorer la communication et le partage d'information au sein de l'organisation avec des outils comme Office Communicator ou des plateformes communautaires pour partager et garder trace des idées qui naissent sur des sujets allant de l'innovation au Lean Management en passant par les ventes.

Selon la direction, "les premiers résultats indiquent que ce type d'outils réduit immédiatement le volume des e-mails de 10 à 20%." C'est à ses yeux une nécessité car elle a calculé que "d'ici 2013, la moitié des nouveaux contenus digitaux sera le résultat de mises à jour et de modification d'informations existantes. Les réseaux sociaux en ligne sont d'ores et déjà plus populaires que l'e-mail et les moteurs de recherche. Les cadres passent plus de 25% de leur temps à chercher de l'information. En 2010 : les usagers au sein des entreprises reçoivent en moyenne 200 mails par jour, dont 18% sont des spams."

Alors, l'entreprise zéro e-mails, réaliste ou non ? Et cela représente-t-il un plus pour les salariés avec plus de confort, de partage d'informations et moins de perte de temps ou au contraire une contrainte et un manque d'échanges personnalisés voire privatifs ? A vous de répondre, salariés d'Atos ou non en profitant de l'espace "commentaires" ci-dessous.