Polémique sur le filtrage de la pub sur Internet par Free

Par Delphine Cuny  |   |  556  mots
La Freebox Révolution. DR
Le fournisseur d'accès à Internet vient d'introduire un dispositif de filtrage par défaut de la publicité sur le Web dans la mise à jour logicielle de sa Freebox. Suscitant de vives réactions contre cette mesure perçue comme une atteinte à la neutralité du Net.

 #AdGate. En quelques heures, sur Twitter, ce mot-clé a fait florès à mesure qu'enflait une polémique sur le blocage de la publicité sur Internet proposé par le fournisseur d'accès Free. Dans la mise à jour logicielle de sa Freebox Révolution, le numéro deux français de l'ADSL, ex-aequo avec SFR avec plus de 5 millions d'abonnés, a introduit ce jeudi en mode « bêta » un nouveau dispositif de « blocage de publicité », comme l'a révélé le site PC InPact. Ce dispositif activé par défaut semble s'appliquer à tout type de navigateur mais ne toucherait pas tous les sites, faisant parfois disparaître les bandeaux publicitaires et certains liens commerciaux de Google, opérant une sorte de filtrage aux règles non précisées et non paramétrables (pas de liste blanche).

Neutralité du Net bafouée ?
Free veut-il asphyxier les sites dépendant de la pub en ligne, en particulier ceux proposant des services ou des contenus gratuits financés par la publicité ? Un comble pour un opérateur au nom évoquant la liberté et la gratuité. Car cette mesure semble bien bafouer la fameuse neutralité du Net, qui pose comme principe l'accès sans discrimination à tous les services et contenus du Web. Certes les sites ne sont pas bloqués mais on leur coupe leur source de revenus. L'opérateur, déjà au coeur d'une polémique sur le ralentissement de YouTube (filiale de Google) sur son réseau, tente de minimiser l'importance de cette mesure, faisant valoir à nos confrères de ZDnet que « les adblockers (dispositifs de blocage des publicités, NDLR) sont légaux et sont même mis en avant par des navigateurs comme Chrome. » Pour autant, la différence est grande entre un filtrage que l'on paramètre sur son navigateur et un autre imposé d'office par son opérateur télécoms. La ministre déléguée à l'Economie numérique, Fleur Pellerin, a réagi sur son compte Twitter dans la soirée se déclarant "peu fan de la pub intrusive, mais favorable à une solution du type "no opt out" (option de retrait NDLR) par défaut. A discuter avec les éditeurs (de sites) et Free. #FreeAdGate."  

Une provocation dans son bras de fer contre Google ?
L'idée de la ministre serait que cette option ne soit pas activée par défaut. Son entourage confie qu'elle souhaite réunir au plus vite, lundi au plus tard, les acteurs concernés pour comprendre la nature du problème, et si par exemple seul Google serait visé par la man?uvre. La décision de Free de configurer cette option par défaut est-elle un acte de provocation, un cran de plus dans son bras de fer qui l'oppose à Google sur les frais d'interconnexion ? « Du pur Xavier (Niel) » s'amuse un bon connaisseur du groupe. Le fournisseur d'accès a troublé nombre de ses supporters : le site Freenews entièrement dédié à l'actualité du FAI qualifie de « dangereux et irresponsable » le choix de Free : « sans publicité nous n'existerons plus » prévient-il. Mais, ironie de l'histoire, Free s'est aussi offert une campagne de pub gratuite au retentissement dépassant les frontières, plusieurs sites anglo-saxons s'étant fait l'écho de l'affaire comme The Verge. Attention toutefois que cet énorme buzz ne vire au bad buzz.