Pour Thierry Breton, "il ne faut pas rater le train" du cloud

Par latribune.fr  |   |  540  mots
Thierry Breton a été ministre de l'Economie et des Finances sous la présidence de Jacques Chirac, il est aujourd'hui à la tête d'Atos.
Le projet de loi de programmation militaire prévoit de donner à l'armée la possibilité d'examiner toute information ou document ayant transité par Internet, sans aucun aval de la justice. Une mesure qui soulève des inquiétudes mais que l'ex-ministre de l’Économie approuve et défend.

"La souveraineté nationale doit s'exercer dans le cloud" a estimé Thierry Breton ce lundi matin sur BFM Business. L'ancien ministre de l'Économie et des Finances, aujourd'hui PDG du géant des SSII Atos, s'est montré favorable à l'accès de l'armée à l'ensemble de nos communications via les réseaux.

Depuis quelques jours, de nombreux organismes se sont inquiétés du contenu du projet de loi de programmation militaire. Mardi 10 décembre, ce projet sera discuté au Sénat. Il porte sur la période 2014 à 2019 et a déjà été adopté par les députés la semaine dernière. Si son objet principal est de définir sur le long terme les budgets et investissements des forces armées, il prévoit également de donner accès à l'ensemble des communications électroniques transitant par Internet, sans apporter de conditions précises. L'armée pourrait examiner toute information ou document conservé par un hébergeur, sans que l'aval de la justice de soit demandé. Une possibilité qui a provoqué un mouvement de protestation, largement décrit sur des sites comme ZDnet et PCinpact.

S'empresser de se doter d'infrastructures pour maîtriser le cloud

Interrogé à ce sujet ce matin, Thierry Breton a d'abord défendu le principe d'un accès libre par l'armée: "Cet espace informationnel - comme les trois autres: l'espace territorial, l'espace maritime, l'espace aérien - (...) est un espace dans lequel la souveraineté nationale doit s'exercer" avant de convenir d'une nécessaire régulation de cet accès. Il a également déclaré qu' "il y a des données nationales, confidentielles, dont il faut sans doute renforcer la propriété". Mais pour lui, l'essentiel n'est pas là.

Il considère qu'il faut s'empresser de voter cette loi afin de donner les moyens à l'armée d'investir dans le cloud:

"Les investissements, les infrastructures, dont il faut se doter aujourd'hui en cloud sont très importantes et il ne faut pas rater les trains. Il faut vraiment aujourd'hui que nos armées, nos services, fassent voter par le Parlement les moyens pour bâtir les infrastructures de demain, dans ce 4e espace informatique" a-t-il déclaré.

Concertation au niveau européen

En tant que chef de file du plan filière Cloud Computing dont une conférence se tient ce 9 décembre, il a par ailleurs évoqué des travaux déjà engagé en concertation avec des responsables en Allemagne et aux Pays-Bas. Thierry Breton estime indispensable de se doter de règle intracommunautaires à l'Europe afin que les entreprises comme les particuliers aient suffisamment confiance pour confier leurs données au cloud.

Il justifie ce penchant en faveur d'un accès aux communications par les innovations que cela devrait générer. "C'est en mettant de la cohérence, en organisant toutes ces données, que l'on va créer les innovation de demain. Il vaut mieux que cela se passe sur le territoire européen, parce-que précisément on pourra y appliquer des règles communes à tous" a soutenu l'ancien ministre.

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L'interview de Thierry Breton ce lundi 9 décembre sur BFM Business: