Sécurité des données privées : Snowden a-t-il changé les habitudes des internautes ?

Par latribune.fr avec AFP  |   |  584  mots
En France, les trois-quarts de la population "trouvent « normal » que des gouvernements puissent surveiller les communications en ligne pour éviter d'éventuelles attaques". (Crédits : Jerlaure)
Si elles ont marqué les esprits, les informations divulguées par Edward Snowden, sur l'existence de programmes étatiques de surveillance, n'ont pas beaucoup changé les usages des internautes. Aux États-Unis comme en France, une majorité de citoyens estime même ces programmes acceptables.

La découverte par le grand public des programmes américains de surveillance de masse a-t-elle eu un impact sur les habitudes de consommation ? Pas si sûr. Certes, une grande majorité des internautes américains ont désormais conscience de la traçabilité de leurs données. Mais seul un tiers d'entre eux ont décidé de les protéger, révèle une étude du Pew Research Center publiée lundi.

30% des Américains disent protéger leurs données

Selon le centre de recherche, qui a interrogé 475 adultes entre décembre 2014 et janvier 2015, 30% des Américains disent avoir pris des mesures pour mieux protéger leurs informations personnelles. Et 22% affirment avoir changé la façon dont ils utilisent la technologie et les réseaux sociaux depuis les révélations de l'ex-prestataire de l'Agence nationale de sécurité (NSA), Edward Snowden, en juin 2013.

Les Américains "ajustent une partie de leurs activités, au moins avec des choses simples comme modifier leurs paramètres de confidentialité, ou être un peu plus discrets dans ce qu'ils disent ou recherchent sur Internet", explique Lee Rainie, chargé des études sur Internet chez Pew.

Mots de passe plus complexes, mais peu de cryptage de données

Si la grande majorité dit n'avoir rien changé, environ 1 Américain sur 6 indique avoir modifié son utilisation des messageries, moteurs de recherche et réseaux sociaux. "Par exemple, 25% de ceux qui sont au courant des programmes de surveillance utilisent des mots de passe plus complexes", observe Lee Rainie.

Mais le recours à des techniques plus sophistiquées, comme le chiffrement (cryptage) ou l'utilisation de moteurs de recherche anonymes, reste toujours réservé à une poignée d'experts.

C'est le même constat dans l'Hexagone. Suite aux différentes révélations de l'été 2013 sur les affaires de cyber-espionnage étatique notamment, 72% des Français "ne pensaient pas modifier leur façon de communiquer sur les outils numériques", révélait un sondage BVA en septembre 2013. À noter que, parmi les citoyens envisageant de corriger leurs habitudes, les personnes de plus de 50 ans étaient les plus nombreuses.

Des systèmes de surveillance acceptés

Surtout, les programmes de contrôle des télécommunications n'alarment pas systématiquement les citoyens. Aux États-Unis, 46% des sondés ne s'estiment pas inquiets de leur existence - surtout, quand ce sont les citoyens d'autres nationalités qui y sont soumis...

En revanche, quand il s'agit de leur propres communications, 57% des internautes américains jugent la surveillance inacceptable.

La plupart des Américains jugent les programmes de surveillance acceptables, sauf quand ils visent les citoyens américains. Source : étude de 475 adultes du 26 novembre 2014 au 3 janvier 2015. Crédit : Pew research center.

En France, et cela pourrait surprendre, les internautes sont encore plus nombreux à accepter le contrôle de leurs communications. Ainsi, pas moins des trois-quarts de la population trouvent en effet « normal » que des gouvernements puissent surveiller les communications en ligne pour éviter d'éventuelles attaques", relève le sondage BVA.

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>> Pour aller plus loin sur la protection des données:

Piratage de ses comptes sociaux : prévenir, repérer et réagir ! (les avertissements et conseil de la Cnil, 18 février 2015)

Comment protéger ses sources ? Par Jean-Marc Manach, journaliste (sur Ina-expert.com, oct 2012)

Réseau Tor: une animation pour tout comprendre. Tor est un réseau informatique mondial permettant de rendre théoriquement anonymes les échanges sur Internet. (sur lidd.fr, le site des "Liens Idiots Du Dimanche" de Next INpact)