Mapstr, l’appli française qui va ringardiser Foursquare et Citymaps ?

Par Sylvain Rolland  |   |  1034  mots
Mapstr est un mariage improbable mais heureux entre le service de géolocalisation Google Maps, un bloc-note et un répertoire numérique.
Son fondateur, Sébastien Caron, a su identifier les faiblesses de Google Maps, Foursquare et Citymaps pour proposer une appli qui permet de géolocaliser ses lieux préférés de manière simple et intuitive sur une carte interactive. Mapstr a séduit 50.000 utilisateurs en un mois et vient de lever 800.000 dollars (690.000 euros) auprès de business angels.

Et si un petit poucet français nommé Mapstr détrônait les applications reines de la géolocalisation comme Foursquare et Citymaps? C'est encore un doux rêve pour la startup parisienne dirigée par un polytechnicien de 35 ans, Sébastien Caron. D'autant plus qu'avec la démocratisation des smartphones, on ne compte plus les services qui fonctionnent grâce à la géolocalisation. Pourtant, Mapstr, lancée le 16 juillet dernier, a tout de la bonne idée que tout le monde attendait sans le savoir.

L'application est un mariage improbable mais heureux entre le service de géolocalisation Google Maps, un bloc-note et un répertoire numérique. Elle permet d'enregistrer ses lieux favoris sur une carte interactive, puis de les organiser avec des mots-clés. D'un touché de doigt, chacun peut inscrire ses restaurants fétiches, ses boutiques préférées, des musées à visiter, les adresses de ses amis ou ses futurs points de chute lors d'un week-end à l'étranger, et les retrouver à tout moment.

« Aujourd'hui, on croule sous les adresses et les bons plans que nous donnent les magazines ou nos amis, mais on se noie dans la masse et on finit par toujours aller aux mêmes endroits, explique Sébastien Caron, le fondateur. Désormais, si quelqu'un me parle d'un endroit à visiter, je l'ajoute immédiatement sur ma carte en quelques secondes plutôt que de noter l'adresse sur un bout de papier que je vais perdre. Plus besoin également de s'encombrer de cartes de visites dont on ne sait que faire. »

L'appli se veut avant tout pratique. Lorsqu'on appuie sur l'adresse d'une boutique par exemple, une fiche s'ouvre avec les horaires d'ouverture, l'itinéraire pour y accéder, le numéro de téléphone et des photos du magasin.

Pour davantage de fluidité, l'utilisateur est invité à caractériser chaque adresse par des mots-clés personnalisables comme "restaurants", "à visiter" ou "vêtements". Ce qui permet d'afficher des cartes pertinentes selon l'envie du moment, mais aussi de les partager avec des proches. Pratique pour récupérer la liste des bons restaurants thaïlandais ou des cinémas d'art et d'essai compilés par un ami...

L'appli que Google Maps aurait dû inventer ?

Grâce à son nom accrocheur et à son interface simple et en anglais, Mapstr a directement séduit dans toute l'Europe et même à l'international. En un mois, l'appli gratuite a été téléchargée plus de 50.000 fois sur l'Apple Store, pour plus de 400.000 adresses enregistrées partout dans le monde. 40% des utilisateurs sont Français, 30% sont Européens et les 30% restants s'éparpillent dans le monde entier, notamment aux Etats-Unis, selon le fondateur.

Les critiques sont dithyrambiques. Blogueurs et twittos ne cessent de chanter les louanges du concept, car il répond à une carence des services comme Google Maps, Foursquare ou Citymaps. "L'idée part d'un sentiment de frustration au sein de mon groupe d'amis, car il existe des agenda pour réunir ses rendez-vous, des répertoires pour les numéros de téléphone, mais rien pour gérer ses adresses", ajoute le Polytechnicien.

Effectivement, Google Maps permet bien d'enregistrer ses lieux préférés, mais il demeure difficile de trouver un endroit précis de manière intuitive. Un paradoxe quand on connaît la capacité d'innovation de Google...

De leur côté, Foursquare et Citymaps sont avant tout des réseaux sociaux qui proposent des recommandations d'inconnus, alors que Mapstr se veut plus personnelle. Les cartes sont privées, l'utilisateur ne partage que ce qu'il choisit. Chacun peut ainsi inscrire les lieux de résidence de ses amis ou de sa famille avec les codes d'entrée dans l'immeuble, par exemple.

800.000 dollars levés via des business angels privés

Reste maintenant à séduire le grand public. La startup parisienne vient de finaliser sa première levée de fonds de 800.000 dollars en pré-amorçage, auprès d'une dizaine d'investisseurs privés. "Certains nous ont contactés eux-mêmes car ils sont de fervents utilisateurs du service", précise Sébastien Caron. Le startuppeur indique même avoir refusé 300.000 euros de la part d'un business angel connu en France car "il voulait développer Mapstr trop vite avec des idées pour le monétiser qui ne me convenaient pas".

Excès de prudence ou preuve de maturité, la startup veut "prendre son temps, fidéliser ses utilisateurs" et réfléchit encore au moyen de monétiser son service. Seules certitudes: Mapstr restera gratuite et sans aucune publicité. "Nous ne voulons pas être intrusifs et nous refusons de vendre les données privées des utilisateurs", affirme Sébastien Caron.

Un business model encore à définir

L'argent de la levée de fonds va permettre de financer le lancement d'une version pour PC à l'automne et d'une version compatible avec le système d'exploitation Android d'ici à la fin de l'année. Il vise aussi à renforcer l'équipe en recrutant au moins un développeur et un spécialiste des données.

Enfin, il s'agit d'améliorer l'appli en créant de nouveaux services, comme l'ajout de photos personnelles sur les lieux préférés ou encore la mise en place d'une alerte lorsque l'utilisateur passe à côté d'un endroit qu'il a identifié comme "à essayer".

Pour dégager des revenus, un service premium pourrait également proposer l'achat de cartes thématiques préparées par des médias spécialisés dans les sorties et l'art de vivre, comme le Figaroscope ou Glamour. Un abonnement comprenant des cartes et une newsletter hebdomadaire sur "les 5 endroits à découvrir" est également à l'étude. Tout comme des partenariats avec des sites comme La Fourchette pour permettre aux utilisateurs de réserver dans leurs restaurants préférés.

"Les possibilités de développement sont énormes", estime Sébastien Caron. Qui rêverait de se faire racheter, dans quelques années, par Google. "Notre objectif est clairement de nous développer à l'international. Mapstr serait encore plus efficace s'il était intégré à un service comme Google Maps". L'application a clairement un grand potentiel. Reste à faire les bons choix de développement pour la valoriser et développer son audience. A suivre...