Le président du directoire du Monde, Eric Fottorino, se dit "déçu" et "trahi" dans un courrier violent (pour le lire cliquez ici) qu'il a adressé le 7 décembre à Louis Dreyfus, conseiller du trio des nouveaux actionnaires du Monde, Bergé - Pigasse - Niel et annoncé comme futur directeur général du groupe de presse.

Un mois après le changement d'actionnaires, l'ambiance est au clash. L'arrivée récente de Michael Boukobza, proche de Xavier Niel, et ancien DG de Free, en coupeur de coûts à poigne, bouleverse des situations établies. Mais la rancoeur d'Eric Fottorino semble moins s'attacher à la perte des voitures de fonction et autres réduction de notes de frais, qu'aux méthodes et à sa mise à l'écart.

Des cadres traités comme des incompétents

Eric Fottorino dénonce le " harcèlement moral managérial ". Il s'étonne  des " instructions des actionnaires " exigeant de " déposséder le directoire de toute fonction de gestion, de négocier un budget sans son aval, de traiter les principaux cadres du groupe comme des incompétents ".

Il reproche au trio d'actionaires de renier leurs engagements de "considérer le monde comme un "bien commun", de s'appuyer sur son management et ses équipes". Engagements sur la foi desquels, rappelle-t-il, "j'ai entraîné l'ensemble de l'entreprise à faire confiance aux futurs actionnaires". 

" La dureté peut se comprendre, la brutalité jamais. Les méthodes si contestables que je suis inquiet " poursuit-il."De telles pratiques menacent gravement l'image même du Monde".

" Fotto " se pose en défenseur du personnel du Monde

Alors qu'une partie de la rédaction du quotidien souhaite son départ, Eric Fottorino se pose en défenseur de la collectivité "à laquelle il appartient depuis 25 ans".

La diffusion large de son courrier à l'ensemble des actionnaires du groupe, notamment les sociétés de personnel, en a largement assuré la publicité dans les médias. Une façon de se prémunir contre une éviction brutale pour Fottorino ? " Dois je comprendre que le but de tout cela est de dégoûter le management pour lui faire quitter l'entreprise en évitant de lui verser des indemnités de licenciements " s'interroge-t-il.

Le conseil de surveillance convoqué le 15 décembre doit nommer Pierre Bergé à sa présidence et entériner l'arrivée d'un nouveau membre au directoire. Il s'agirait de Louis Dreyfus, DG du magazine Les Inroks, propriété de Matthieu Pigasse.  Le départ de David Guiraud, vice président du directoire et Dg du groupe Le Monde, pourrait en découler.

Le 13 décembre, la Société des rédacteurs du Monde (SRM) réunit son assemblée générale et doit élire son conseil de gérance. 

La SRM appartient au pôle d'indépendance du Monde, qui regroupe plusieurs sociétés de personnel du groupe et la société des lecteurs. Ce pôle détient 14 % des droits de vote du Monde SA, société éditrice du journal.