Le Monde : Bergé, Pigasse, Niel et... Prisa ?

La recapitalisation du journal "Le Monde" a été bouclée mardi soir entérinant ainsi la prise de contrôle par le trio formé par Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel. Mais un quatrième acteur, l'espagnol Prisa, pourrait s'inviter au capital à hauteur de 20%.

Dans son édition datée du 4 novembre, le quotidien "Le Monde" détaille les conditions du bouclage de sa recapitalisation intervenue la veille. Celle-ci entérine non seulement la prise de contrôle du journal par le trio formé par Pierre Bergé, Xavier Niel et  Matthieu Pigasse, (BNP) mais aussi son renflouement à hauteur de 110 millions d'euros. Via leur holding, "Le Monde Libre", les trois hommes contrôlent aujourd'hui 64,5% du célèbre quotidien. Ce pourcentage sera ramené à environ 60% après que la participation du "Pôle d'Indépendance" (qui regroupe principalement les sociétés de personnel et société des lecteurs) aura été portée à 33,4%, conformément à l'engagement pris par Le Monde Libre de donner à ce pôle une minorité de blocage.

Lagardère, qui détenait un peu plus de 17% du Monde SA, a cédé ses parts pour 3,8 millions d'euros mais il reste actionnaire du Monde Interactif à hauteur de 34%. Le Nouvel Observateur et le groupe italien La Stampa comptent également céder leurs participations respectives de 1,75% et de 2,90%.

Vers un quatuor?

Mais il semblerait que le trio ait également à composer avec un autre actionnaire de poids, l'espagnol Prisa, dont l'offre commune avec France Télécom et Claude Perdriel, le PDG du "Nouvel Obs" avait été rejetée in fine. Détenant  jusque-là 15% dans Le Monde SA (LMSA), le groupe espagnol de médias a obtenu une option lui permettant de détenir jusqu'à 20% du Monde Libre après un transfert de ses parts de LMSA dans la holding. Pour le moment, la participation de Prisa a été diluée à 5 % au terme de l'opération de recapitalisation, part pouvant passer à 20% en contrepartie de l'apport de huit millions d'euros, précise Le Monde.

Jusqu'au dernier moment, Prisa avait faili faire capoter l'opération de recapitalisation en demandant notamment un droit de veto sur plusieurs actes de gestion du journal, demandes qui ont été jugées "exorbitantes" par la Société des rédacteurs du Monde (SRM). "Cependant, Prisa était en position de force puisqu'il pouvait faire échouer la recapitalisation en refusant de résilier le pacte d'actionnaires signé avec le groupe Le Monde en 2005, condition nécessaire pour modifier l'actionnariat du groupe", explique le groupe. Et l'échec signifiait le placement du journal en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce.

Une lettre d'intention finalement signée entre les différentes parties n'accordait non pas de droit de veto au groupe espagnol mais lui permettait "d'exprimer des droits sur le vote du budget et sur la nomination du président du directoire".

Un vrai changement

La recapitalisation du Monde marque un tournant dans l'histoire du journal dont les salariés ne sont désormais plus les premiers actionnaires. "Un bouleversement, un arrachement", écrit le conseil de gérance de la SRM dans une déclaration reproduite dans les pages du Monde, ajoutant que "dix exercices déficitaires consécutifs, des pertes cumulées de 200 millions d'euros et un mode de gestion déficient" avaient rendu cette issue "inéluctable".

Rappelons que sur les 110 millions d'euros apportés par le trio de repreneurs, 35 millions ont été utilisés pour rembourser les quelque 69 millions d'euros d'ORA (obligations remboursables en actions) émises par le journal. Le reste des fonds a été consacré à l'augmentation de capital (30 millions d'euros) et à la trésorerie (32 millions).

Une "Charte d'éthique et de déontologie"

Le Monde publie la "Charte d'éthique et de déontologie" mise en place à la demande des sociétés de journalistes pour définir les droits et devoirs des journalistes, des actionnaires et des dirigeants du journal. Elle prévoit la création d'un comité d'éthique et de déontologique auquel sera soumis l'examen de questions relatives à l'indépendance éditoriale du journal.

Dans une tribune intitulée "Monde nouveau, nouveau "Monde", le trio de repreneurs s'engage à promouvoir l'indépendance du journal tout en énonçant d'ores et déjà plusieurs pistes de réflexion : rythmes de parution, modalités d'organisation et complémentarités.

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