Midem : Un internaute français sur deux pirate

Par Isabelle Repiton à Cannes  |   |  980  mots
Copyright Reuters
49 % des internautes français ont eu recours au moins une fois à un usage illicite de biens culturels sur Internet. La musique arrive en tête La Hadopi a présenté dimanche un premier baromètre des pratiques des internautes français en matière de biens culturels. Selon un autre sondage de la Sacem, la musique est la 3e activité culturelle favorite des Français.

49 % des internautes français ont eu recours au moins une fois à un usage illicite de biens culturels sur Internet dont 13 % régulièrement et 36 % occasionnellement. Le taux monte à 70 % chez les 15-24 ans.

C'est l'enseignement d'une étude présentée dimanche au Midem par la Haute autorité pour la diffusion et la protection des oeuvres sur Internet (Hadopi) et destinée à devenir un baromètre régulier des pratiques des internautes.

Un quart des usagers "illicites" pratique cette consommation illégale de musique, vidéo, séries TV, photos, livres ou logiciel, depuis plus de cinq ans. 29 % en revanche sont devenus pirates depuis moins de 6 mois, soit après le vote des lois contre le piratage et la mise en place de la Hadopi. Ces nouveaux venus sont plus nombreux chez les 15-24 ans, et les inactifs. 

37 % se justifient par le prix des offres légales jugé trop élevé, et 21 % par le choix proposé par ces offres jugé insuffisant,  mais seuls 2 % ignorent l'existence de sites payants et légaux.

Le streaming, légal ou pas, dépasse le peer-to-peer

Pour plus d'un internaute sur 2 (54%),  la consommation culturelle gratuite passe par des plateformes de streaming (YouTube, Deezer, Spotify, webradios) ou pour 25 %, par des sites de téléchargement direct qui diffusele plus souvent des contenus sans autorisation (Megaupload ou RapidShare). Un quart utilise des systèmes de partage en peer-to-peer, les seuls qui permettent à la Hadopi d'envoyer des messages d'avertissement personnels.

Pour ceux qui consomment de façon payante, 47 % utilisent des sites d'achat comme iTunes, Amazon, Virgin Mega, Fnac et 28 % un abonnement payant à des sites de streaming (Deezer ou Spotify). Mais 23 % payent pour aller sur des sites de téléchargement direct, dont les contenus sont néanmoins souvent illicites comme Megauload Premium, et 7 % sur des newsgroup. Et pour 59 % des internautes qui pensent ne pas recourir à des usages illicites, le payant = le légal. 

La musique et les clips sont les biens culturels les plus consommés (46 % des sondés), devant la photo et la vidéo.

Alors que les débats autour de la Hadopi ont porté sur le risque d'un usage par d'autres de sa connection Internet, l'étude montre que les Français sont informés des questions de sécurisation de leur accès Internet. 70 % de ceux qui déclarent ces usages illicites disposent d'un accès Internet WiFi sécurisé et 72 % sont équipés d'un parefeu.

75 % des internautes dépensent en moyenne 36 euros par mois en biens culturels (commande de biens physiques ou achats et services numériques) sur Internet. 37 euros pour ceux qui déclarent des usages illicites.

La Hadopi est connue

Quant à la perception de l'Hadopi, sa notoriété est bien établie. Elle est citée spontanément par 32 % des sondés, comme un organisme qui régule Internet. Loin devant la CNIL (8 %). Et en notoriété assistée, 68 % des internautes disent la connaître et même 70 % chez ceux qui déclarent  un usage illicite. 

La perception de la Hadopi est très partagée entre opinions positives, négatives et sans opinion.

48 % des internautes estiment qu'elle "permettra de développer l'offre légale" , 43 % qu'elle "permettra une juste rémunération des artistes".

51 % estiment au contraire qu'"elle ne sert que les intérêts particuliers de quelques uns" , 41 % qu'elle "porte atteinte aux ibertés individuelles" et  43 % à celle "de la protection des données personnelles". 

Enfin 46 % croient qu'elle "n'aura pas de véritable effet sur la consommation illégale d'oeuvres culturelles". 

Mais sur toutes ces affirmations, positives ou négatives, proposées aux sondés, un tiers des internautes ne se prononcent pas. "Ils attendent de voir" conclut Eric Walter, le directeur de la Hadopi : "le paysage devant nous est ouvert, serein. Cela va nous permettre de conduire nos missions dans de bonnes conditions".

Les Français écoutent en moyenne 1h10 de musique par jour

Le sondage Opinionway sur les Français et la musique, réalisé pour la Sacem montre que la musique est la 3e activité culturelle préférée des Français, derrière la télévision et la lecture. Ils en écoutent 1h10 par jour., à 90 % à la maison, et sont 51 % à préférer la chanson française. 

Mais il existe un vrai clivage de comportement entre les 15-24 ans et les autres générations. 

# Les 15-24 ans sont de loin les plus amateurs de musique puisqu'elle est leur activité culturelle favorite avec 73% des réponses.

# 76% des jeunes disent écouter occasionnellement de la musique sur Internet, pour seulement 41% du total des personnes interrogées.
# Le support favori d'écoute des 15-24 ans est le baladeur (27% Contre 6 % pour l'ensemble de la population, qui préfère à 36 % la radio). Si on l'additionne au téléphone portable (13%), cela signifie que 40% des 15-24 ans utilisent des supports nomades pour écouter de la musique. La radio vient cependant ensuite avec 20% des réponses.


# Pour la découverte de nouveauté, Internet a pris en quelques années un rôle essentiel auprès des jeunes. Quand on additionne les divers usages (radios en ligne 12% + sites de partage de vidéos 38% + sites communautaires 28% + blogs 4%), 82% des personnes interrogées dans cette catégorie d'âge ont recours à Internet pour découvrir de nouveaux talents. Le taux n'est que de 23 % dans l'ensemble de la population. 
# Néanmoins, il ne faut pas enterrer les médias traditionnels trop vite : 57% des 15-24 ans citent la radio traditionnelle pour la découverte de nouveauté, et 47% la télévision.

Enfin en écho à l'enquête Hadopi, qui  elle n'a interogé que des internautes, le sondage Opinionway montre que 54 % des sondés ont entendu parler de la Hadopi et 40 % savent de quoi il s'agit.

71 % des répondants estiment "normal" que le secteur culturel essaye de freiner la piraterie, 70 % chez les 15-24 ans. Et plus de 80 % disent qu'ils s'arrêteraient de télécharger illégalement s'ils recevaient un avertissement de la Hadopi.